LE CULTE DES SAISONS I SHIKI
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Chaque année, le 4 mai, le Japon fête MIDORI NO HI le jour vert où l’on communique avec la nature et on la remercie… tout en oubliant ses violences.
L’âme japonaise vénère également les saisons shiki, respectivement associées au bois, au feu, au métal et à l’eau (les 18 derniers jours de chacune doyo sont associés à la terre). Elles se distinguent au niveau du climat et des catastrophes naturelles, de la flore, mais aussi des évènements sociaux, des coutumes, de la gastronomie, etc…
LA FLORE
Les Japonais communient avec le végétal qui d’ailleurs règne dans la vie quotidienne et dans toutes les formes d’art.
Selon la croyance shinto, la nature a une âme et les arbres sont habités pas les kami, esprits de la nature déifiés. Chaque mois de l’année possède sa fleur ou son arbre favori, les saisons de floraison variant selon la région (calendrier des floraisons).
seshi yo ya
kami no aki
L’amour des fleurs se retrouve dans l’art du bouquet ikebana, codifié depuis le XVIe siècle : proscrire la symétrie, mettre les fleurs dans leurs position naturelle, connaître les symboles (pin matsu longue vie, bambou take prospérité, fleur de prunier ume no hana sagesse…), tenir compte de la forme du vase…
Puis, on a établit un répertoire national du Beau comprenant des sites meisho nés d’une émotion littéraire, d’un épisode historique ou légendaire dont la célébration est essentiellement collective.
FÊTES ET RITES SAISONNIERS
LITTÉRATURE ET POÉSIE
Murasaki Shikibu dans Genji monogatari Le Dit du Genji était obnubilée pas les transformations annuelles de la nature et les effets qu’elle pouvait avoir sur les hommes. Une multitude de phénomènes naturels sont devenus métaphores des émotions humaines.
– Écoutez le bruit des gouttes de pluie qui tombent.
Les Japonais semblent s’être abstenus de toute spéculation métaphysique sur le rapport homme-nature pour privilégier l’expérience plus que l’abstraction : leur langue est d’ailleurs plus riche à rendre l’émotion que le constat. Philippe Pons, Japon
ART
L’expression kachofugetsu (fleurs, oiseaux, vent, lune) qui fait référence à la beauté de la nature du Japon, est le signe d’un esprit raffiné amoureux de celle-ci.
La peinture shiki-e sur paravent, de style yamato-e de l’époque Heian, et le tsukinami-e qui représente les 12 mois de l’année par des événements et des paysages, sont devenus des thèmes prédominants.
furusa yo
fuyu-gomori
Dès l’époque Heian (794-1185), le paysage avait envahi la peinture religieuse. Par la suite, et jusqu’à l’ère Edo (1603-1868), la nature dominât avec ses formes et ses modèles indépendamment des thèmes religieux.
utsushi keri
Saga no take
Les peintres les plus connus en Occident sont Sesshu (1420-1506) prêtre-zen et grand maître du lavis monochrome pour ses peintures de paysages, de fleurs et d’oiseaux, Hiroshige (1797-1858) pour 53 stations du Tokaido et les Vues d’Edo. Hokusai (1760-1849) pour ses grades cascades et vues du mont Fuji…
L’expression des saisons dans la peinture yamato-e a aussi influencé l’artisanat : laque maki-e, céramique tôgei...
shiki-e : peinture de saison
yamato-e : A l’époque Heian, les peintures de saisons sont l’une des catégories principales de la peinture de style japonais, Elles sont représentées sur paravent ou sur paroi coulissante. Succède au Karae (ce terme désigne la peinture de style chinois, par opposition à la peinture de style japonais yamato-e. Cette dernière supplante le karae à partir du milieu de l’époque de Heian) source www.dictionnaire-japonais.com
tsukinami-e : littéralement, «images de mois en séquence», illustre les activités et festivals typiques qui ont lieu tout au long de l’année.
maki-e : littéralement: « peinture parsemée », ou « image saupoudrée », est une forme de l’art du laque pratiqué au Japon. La surface laquée est parsemée de poudre d’or ou d’argent, à l’aide d’un makizutsu ou d’un pinceau kebo. La technique a été développée principalement à l’époque de Heian (794–1185) et s’est épanouie à l’époque d’Edo (1603–1868). Les objets maki-e ont été initialement conçus comme articles d’intérieur pour les nobles de la cour. Ils gagnèrent rapidement en popularité et furent adoptés par les familles royales et les chefs militaires comme un symbole du pouvoir.
VIE QUOTIDIENNE
La relation et l’harmonie avec la nature est l’une des caractéristique de la vie quotidienne et de l’esthétique traditionnelle du Japon.
- Architecture et paysagisme
Les Japonais font le maximum pour amener la nature dans leurs maisons et dans les villes grâce aux plantes en pot hachiue, jardins, temples et sanctuaires.…
- Vêtement
Durant la période Heian (794-1185) on pratiquait le koromogae changement de vêtements en fonction de la saison. Une femme devait savoir choisir les vêtements et en composer les couleurs. L’habillement consistait en l’art de la superposition juni-hitoe : un lourd vêtement de dessus et une douzaine de jupons de soie de différentes couleurs destinés à produire un ensemble original et séduisant…pesant environ 20 kg.
Encore aujourd’hui, les kimonos comportent des motifs représentant les fleurs de saison et leurs couleurs (couleur cerisier sakura iro, couleur pêche momo iro, couleur corête (jaune d’or) yamabuki iro, couleur raisin budô iro…).
- Saisons et marketing
Pour attirer les visiteurs, des temples et sanctuaires se sont spécialisés dans la floraison hanadera ou hana no tera ou autres phénomène naturels.
Les marchands, de leur côté, accompagnent les gens dans l’attente exaltée d’une saison en commercialisant des produits qui font allusion à celle-ci : emballage, arômes, formes, noms…
momiji gâteau en forme de feuille d’érable
- Art de la table
Les ouvrages en céramique tôgei, considérés comme le sommet de l’énergie créatrice artistique, ont les couleurs qui s’harmonisent avec celles de la nature et des saisons.
- Washoku, la cuisine japonaise au patrimoine culturel de l’humanité
Le washoku, inscrit à l’UNESCO depuis fin 2013, est un moyen d’expression de l’esprit japonais de respect envers la nature et une coutume traditionnelle qui transcende les générations.
Le changement des saisons est marqué par les fruits et les légumes de saison, par des mets spéciaux…
Je dédierai des articles à part au washoku et à la gastronomie japonaise bishoku.