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Komaki – Tajimi – Magome – Tsumago – Inuyama

Après Miyoshi, j’ai été hébergée chez les parents de mon amie à Komaki, préfecture de Gifu, qui m’a permis de visiter le temple Kokeizan Eihoji à Tajimi, puis les villages Magome et Tsumago.

le jardin en hiver
la lune telle un fil 
et quelques bruissements d’insectes
Bashô
 
Vue du salon sur le jardin – maison de Komaki

 

Chambre à tatamis dans la maison de Komaki

 

L’autel des ancêtres à Komaki

La maison de Miyoshi est contemporaine tout en restant de type japonais avec ses teintes blanches et beiges, sol en bois, portes coulissantes, grande terrasse à l’étage et son petit jardin au rez-de-chaussée. Sans oublier sa salle de bain à la japonaise avec douche et grande baignoire ultra-moderne  qui chauffe automatiquement l’eau de bain à 43°C et qui s’autonnetoie une fois vidée, son lave-linge dont le temps de lavage et la quantité d’eau utilisée dépend de la quantité de vêtements introduits (étonnant, lavage possible uniquement à l’eau froide !)

Celle de Komaki par contre, garde encore plus un côté traditionnel car les sols sont couverts de tatamis, les chambres n’ont pas de meubles, uniquement de « murs-armoires » fermés par des portes coulissantes, dans le salon : un canapé et une kotatsu (table basse, équipée de chauffage électrique placé en-dessous et recouverte d’une couette pour se réchauffer les jambes). Une baignoire profonde et courte où on s’accroupit, l’eau arrivant jusqu’au cou.

Dans les deux, j’ai dormi sur des futons. La nuit on arrête de chauffer les maisons. Celles-ci étant mal isolées au Japon, le chauffage central quasi-inexistants et le chauffage électrique trop cher, la nuit le froid pénètre tout. Néanmoins, le tapis de la chambre, le futon et la couverture sont électriques et à température réglable.

 

un dîner famille à Komaki sur la kotatsu
J’ai visité beaucoup de temples lors de mes voyages au Japon mais Kokeizan Eihoji, est un de ceux qui m’ont le plus marquée. Edifié en 1313, il appartient encore à Nanzen-ji, une branche du bouddhisme zen Rinzai et il se compte ce jour parmi les Trésors Nationaux. 
En descendant la montagne à travers une forêt de bambous et autres spécimens, 

 

la bise d’hiver
se réfugie dans les bambous
et se calme
Bashô
on tombe presque à genoux devant cette merveille qui nous paraît irréelle. On rentre brutalement dans une estampe et on se laisse capturer avec le désir de ne plus devoir ressortir. Dommage que les photos n’arrivent pas reproduire les émotions ressenties dans ce paysage de rêve. Des moines vivent sur place. Comment ne pas les jalouser ?!
 
La cuisine des moines
tombe 
en reversant son eau
une fleur de camélia
Bashô
Logements des moines
 
Le père de mon amie m’avait offert un Daruma, une figurine en bois modelée d’après Bodhidharma. Cela m’a obligé de faire un voeu et peindre un oeil en noir. Une fois le voeu réalisé, on peint le deuxième oeil et on écrit dessus la façon dont le vœu a été réalisé. Une manière d’apporter une réflexion sur la façon d’accomplir ce qui est désiré ! Si le voeu ne se réalise pas, on le renvoie au temple pour le brûler avant la fin de l’année. Le rituel de destruction indique aux kami que « l’on n’a pas renoncé à son souhait mais que l’on cherchera d’autres moyens pour qu’il se réalise. » J’aurais dû le laisser au temple car « prétentieuse » j’ai fait deux voeux au lieu d’un, à moins que je puisse éventuellement lui rajouter un 3ème oeil… au milieu du front !
 
 

Tsumago et Magome, deux villages situées dans la vallée de Kiso et datant de l’époque Edo  (ancienne Tokyo), sont les plus préservés du Japon. Ils se situent sur l’ancienne route Nakasendo, composés de 69 stations qui reliait la capitale Edo à Kyoto. Le sankin-kotai, système de résidence alternative exigeait que chaque daimyo envoie sa famille en représentation et partageait son temps entre le han et sa présence à Edo six mois par an. L’énorme dépense générée par le sankin-kotai permettait au pouvoir central des nobles de renforcer les alliances et au shogun de s’assurer de la loyauté des provinces, dont chaque famille pouvait devenir un otage.

Aujourd’hui, l’activité de ses villages est restée la même : artisanat, auberges et salons de thé. Les maisons sont étroites et profondes car à l’époque Edo, les impôts sur les maisons étaient calculés sur la longueur de la façade. Les forêts de cyprès de la vallée de Kiso servaient à la construction de châteaux, temples et sanctuaires. De ce fait, il était interdit aux habitants d’abattre le moindre arbre. Celui qui ne désobéissait à cette loi, était condamné à mort !

cimes des nuages
les voiles blanches au sud
formant un cortège
Issa
alentour
dans tout ce que le regard croise
fraîcheur !
Bashô
A Tsumago, j’ai visité une auberge secondaire de cette station étape, Waki-honjin Okuya transformée en musée. Celle-ci était reliée à une auberge principale honni. Les honni accueillaient uniquement les envoyés officiels du gouvernement. La particularité de cette auberge-ci est l’honneur qu’elle a eu d’héberger à l’époque l’empereur Meiji et la la princesse Kazunomiya qui étaient de passage.

 

« … de ma chambre à l’entrée du passage couvert, je regarde le jardin, à l’heure où, dans le brouillard léger du petit matin, la rosée tarde à s’égoutter,.. » 
extrait du Journal de Murasaki-shikibu
 
Bruit des branches
qui sous la neige craquent
la nuit s’épaissit
Buson
 

La neige tombée à Tsumago et Magome car situées en altitude, elle nous a empêché d’arriver à temps à Inuyama pour visiter un des plus vieux château de Japon, classé Trésor National. Il fut bâti en 1537 par l’oncle d’Ode Nobunaga (le premier unificateur du Japon). Il trône majestueusement sur une butte d’où on peut admirer la rivière Kiso, le mont Ena et la plaine de Nobi. J’ai dû me contenter d’une photo prise de nuit sans lune, sur la route de retour à Komaki.
Château d’Inuyama
« La nuit est profonde encore, la lune disparaît dans les nuages et les ténèbres se répandent sous les arbres,… »  extrait du Journal de Murasaki-shikibu
Château d’Inuyama
les nuages de temps à autre
accordent une pause 
à ceux qui contemplent la lune
Bashô

Autres vues, avant la tombée de la nuit, sur les sentiers de la colline qui mènent au château.

Vue sur la ville Inuyama

Moments gourmands inoubliables !
Un restaurant à Magome où j’ai mangé des soba froides au sarrasins pour la 1ère fois. 
http://www.magomekan.co.jp/taste/26.html
J’y ai découvert les hana-mame, des gigantesques haricots rouges rares, au goût sucré d’azukis (voir photos sur le site : http://www.mori-farm.com/1ingen.htm)
 
Restaurant à Magome
A Komaki, j’ai goûté la spécialité de la région, hitsumabushi, de l’anguille grillée sur des braises, dans un restaurant typique japonais très chaleureux, tout en bois.
http://honmaru.tamuro-gr.com/index.php?FrontPage
Saveur exquise ! La chair tendre du poisson grillé fondait dans la bouche. Autre découverte, le poivre japonais sanshyo, goût unique… dont j’en ai un peu abusé !
Hitsumabushi
 

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