lundi 29 avril 2013 *** AMANOHASHIDATE
La dune (L 3,6 km, l 40 à 100 m) est couverte d’environ 7 000 « pins divins » qu’on peut traverser à pied. Pour voir le « pont qui traverse le ciel », il faut monter en téléphérique sur la cime de la montagne, lui tourner le dos, se plier en avant et regarder entre les jambes. Vous aurez l’impression que le pont flotte. Pas une seule personne ne se détourne de cette coutume !
Au Japon, dans la religion shinto, la nature a une âme et les arbres sont habités par les kamis, esprits de la nature déifiés. Les Japonais respectent et craignent la nature. Ils portent entre autres un amour particulier aux arbres au point qu’avant d’en abattre, le bûcheron fait toujours une prière pour demander la permission de le faire et à la fois demander le pardon. Pour comprendre leur intérêt et admiration pour la nature, prenons ici l’exemple du pin. Ils étudient tout ce que manifeste la simplicité et l’équilibre naturel du pin : ils admirent la manière dont une touffe d’aiguilles est fixée sur sur une branche, le rapport de cette branche aux proportions de l’arbre, la façon dont ses racines l’ancrent dans le sol… Ils portent un regard aiguisé et profond, et non pas superficiel.
Le pin vit mille an
Le petit liseron du matin une journée seulement
Mais tous deux jouent leur rôle
Poème zen anonyme
J’ai dormi dans le Ryokan Kawajiri, situé sur la baie opposée à la gare. On peut s’y rendre en bateau ou en bus. Il est mignon, bien calme et les propriétaires adorables. Par contre ici, on parle uniquement le japonais. J’ai été impatiente de retrouver le minimalisme et la douceur d’une chambre traditionnelle japonaise, ainsi que le bain japonais, ofuro. Celui-ci donnait sur un petit jardin intérieur. Une fois dans l’eau, une paix intérieure m’a subitement envahi.
L’écrivain Saul Bellow, la première fois qu’il a dormi dans un ryokan, le prestigieux Tawaraya à Kyoto, il a écrit dans le livre des hôtes : « Je trouvais ici ce que j’avais espéré du Japon : l’équilibre, la paix et l’harmonie de l’homme. »
A peine bagages déposés, je suis vite ressortie pour tout explorer. J’ai commencé par le temple bouddhiste Chionji.
Ma déception fut grande lorsque le temps d’arriver sur le haut de la montagne en téléphérique, le soleil a disparu. Mais ma désolation s’est vite dissipée car j’ai pu découvrir une lumière étonnante, du jamais vu ailleurs :« laiteuse » (mi brumeuse, mi nuageuse). Effectivement, la vue sur la baie est impressionnante.
Une fois redescendue j’ai fait des courses pour mon pique-nique en bord de mer où je suis restée jusqu’à la tombée de la nuit à contempler les paysages et les bateaux au loin. Moments de pur bonheur inoubliables.
La nuit, le sommeil a été léger à cause du décalage horaire (jisaboke). Vers 5h du matin, j’ai été réveillée par une tempête violente et le bruit moteur des bateaux de pêche.
Ma fenêtre avec vue sur la mer : lumière à 5h du matin |
Avant de quitter Amanohashidate, j’ai pris le ferry pour faire une ballade sur la dune. Une promenade plus qu’agréable sous les pins époustouflants de beauté. J’ai voulu tout capter avec mon appareil photo. J’ai pris beaucoup de clichés genre carte postale, tellement le paysage est parfait. Aussi, impossible d’oublier leur odeur entêtante qui me poursuit encore.