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MATSUYAMA – UCHIKO

samedi 4 mai 2013 *** MATSUYAMA et UCHIKO

C’est la deuxième fois que j’ai ressenti un coup de foudre pour une ville, après Kyoto. En général, je fuis les grandes agglomérations pour la tranquillité de la campagne avec sa faune et flore, qui seule m’offre la possibilité de vivre au plus près du Japon traditionnel que j’affectionne particulièrement.

Matsuyama (« la montagne aux pins ») est la plus grande ville de l’île de Shikoku. Masaoka Shiki, le père du haiku moderne, et le célèbre romancier Natsume Sôseki y ont résidé. Ce dernier y a d’ailleurs placé l’histoire de l’un de ses romans les plus célèbres, Botchan. En son hommage, Matsuyama a mis en place un tramway à l’ancienne, appelé le train de Botchan et ouvert une chambre souvenir et lieu de recueillement dans le Dogo Onsen.

 
Cette source thermale, Dogo Onsen, existant depuis 3000 ans est l’une des plus anciennes du Japon. Le bâtiment actuel du bain public, classé comme Bien culturel important, est un bâtiment en bois sur trois niveaux construit en 1894. J’ai visité d’ailleurs, le bain spécialement réservé à la famille impériale, appelé Yushinden, qui de nos jours n’est plus utilisé. Mon hôtel Dogo Patio était situé juste en face.
 
Un autre monument qui attire la foule est le château de Matsuyama, achevé en 1627 sur une colline de 132 mètres de haut. C’est l’un des rares château au Japon a avoir été préservé dans son état d’origine bien que certaines parties aient été reconstruites au milieu du 19e siècle. Du donjon, on jouit d’une vue panoramique mémorable sur la ville entourée des montagnes et les îles de la mer Intérieure Seto.
 
 
Abris de glycines
la fête des garçons : Kodomo no hi
La fête du 5 mai, Kodomo no hi (la fête des garçons), célèbre la croissance des enfants et leur bonne santé. « Dans les familles où il y a des garçons, on dispose une réplique d’un casque ou une poupée de samouraï dans la maison et on accroche à l’extérieur des koinobori (carpes en tissu, flottant au vent). La carpe est un poisson porte-bonheur, symbole du succès dans la vie. »
le moine boit son thé du matin
dans la quiétude
des chrysanthèmes en fleurs
Basho
deviser auprès des iris
du voyage
l’un des plaisirs

Basho
Dans le temps, il y a eu comme coutume le 5 mai de mettre sur les toits des iris fleuris en vue de chasser les mauvais esprits.
 J’ai visité également le temple Ishite que j’ai surnommé, le temple des chats car des dizaines y ont élu domicile. Ishite est le temple n°51 dans le pèlerinage des 88 temples de l’école Shingon du Shikoku fondée par Kukai, pratiqué par des fidèles reconnaissables à leur tenue blanche, chapeau de paille et un long bâton de marche. Certains bâtiments sont classés Trésors nationaux et Biens culturels importants. 
 
dans la brume de l’aube
tournoie
le son de la cloche
Basho
Promenade dans le grand parc de la ville :
Lors de mon séjour j’ai profité de visiter UCHIKO « la petite Kyoto d’Ehime » à seulement 25 mn en train.
 
Dans le passé, les rues d’Uchiko étaient bordées de boutiques qui prospéraient grâce au commerce du haze (ingrédient de base de la cire de sumac, également appelée cire du Japon). On peut encore voir le paysage urbain de l’époque Edo en arpentant la rue Yokaichi où 90 bâtiments y ont survécu. On y trouve aussi l’Uchizoka, le théâtre de kabuki actuellement utilisé pour des représentations de marionnettes traditionnelles japonaises, appelées ningyo joruri.
La maison de l’influente et riche famille Kamihaga a été transformée en musée. J’ai été subjuguée et profondément émue par la beauté architecturale, les matériaux, le jardin intérieur, la cuisine avec ses ustensiles et sa vaisselle spécifique à chaque saison… tout ce que pour moi représente la maison typique japonaise : sublime et fonctionnelle, qui vit avec la nature.
 
toilettes conçues avec support pour les kimonos !
assiettes et bols 
indistincts dans l’obscurité
soirée fraîche
Basho  
les montagnes et le jardin
aussi s’invitent
dans le salon d’été
Basho
Parlant d’architecture, comme nous l’explique Junichiro Tanizaki dans son livre « Eloge de l’ombre », c’est l’obscurité qui crée l’espace au Japon, pays dont le nom en kanji signifie « l’origine du jour », l’opposé donc.

Dans la revue Architecture à vivre j’ai trouvé ce paragraphe qui explique parfaitement  ce qui nous sépare. Là où « nous voyons un vide, les Japonais voient un plein de rien qui relie les éléments entre eux ; nous recherchons une harmonisation des matières, ils juxtaposent les matériaux et les objets de qualités contraires pour les mettre en valeur ; nous isolons nos habitats du froid, ils préfèrent des maisons perméables pour ressentir les saisons. »  

À proximité d’Uchiko il y a des fermes touristiques pour la cueillette des fruits selon la saison et le marché « Fresh Park KaRaRi » où les producteurs vendent directement les fruits et légumes qu’ils ont cultivés aux restaurants. On peut y faire l’expérience de l’agriculture locale grâce au développement du tourisme vert.

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