du 3 au 6 janvier 2014
même à Kyoto
je me languis de Kyoyo
quand j’entends le coucou
Bashô
Si heureuse de quitter Osaka pour la douce Kyoto, mon havre de paix où je rêve de vivre. J’ai appris cette fois-ci qu’elle est jumelée avec Florence, une autre capitale de l’art que j’affectionne. Tandis que Florence sculpte le marbre, Kyoto « sculpte » les jardins !
Toujours aussi resplendissante avec ses montagnes boisées qui l’entourent, sa « rivière aux canards » Kamo, ses jardins secs ou végétales, ses temples, ses objets d’art omniprésents… D’ailleurs ses derniers prennent comme sujet les saisons, les oiseaux, les arbres, les feuilles, les fleurs, les sentiers dans la mousse, les vagues, la brume, … Bref, la nature dans toute sa splendeur mais rarement l’homme.
« Il y a sur notre planète certains lieux choisis par le ciel pour qu’au long des siècles y coulent les sources de la beauté, de l’art, de l’esprit. La magie et la géomancie assuraient cela, il y a très longtemps, au Japon et ailleurs. Kyoto fait partie de ces lieux. »
extrait d’Aventure Japon de Robert Guillain
Je suis retournée à l’hôtel Palace Side situé en face du Palais Impérial. J’ai été surprise que l’on se soit rappelé de moi après 2 ans d’absence !
http://www.palacesidehotel.co.jp/english/fr-top-en.html
La chambre n’étant pas prête, j’ai fait des courses et j’ai pique-niqué sur un banc au soleil dans le parc Kyoto Gyoen qui entoure le Palais Impérial. J’ai été envahie par la sérénité rien qu’à la vue de la luxuriante végétation : arbres, camélias en fleurs,… J’ai été surprise de voir si tôt fleuri un jeune et frêle cerisier.
encore froid au nez
boutons de cerisiers
Buson
fut balayé de frais
tombèrent des fleurs de camélia
Yaha
teinte violet pâle
des pensées en fleurs
Shiki
une feuille
d’on ne sait quel arbre
Bashô
les jeunes feuilles, les feuilles vertes
dans la lumière du soleil
Aventure Japon par Robert Guillain
Un héron insouciant |
Une maison de ville idéale |
« …les geishas, femmes cultivées, musiciennes et danseuses, fleurissaient les soirées d’un sommet de féminité. Il fallait de nombreuses qualités pour exercer ce métier et certains dames le pratiquaient jusqu’à un âge avancé. L’art de la répartie, de la parure, la grâce du geste, l’intuition de la mélodie se moquent des rides. » extrait du livre « Kyoto, avant-goût » d’Eve Calingaert, édition Tandem.
Le lendemain matin, pris le bus pour le Mont Takao, impatiente de visiter le temple Kozan-ji qui a été érigé par le moine Myoe (1173-1232) dans une forêt dense de cèdres droits et majestueux. Elle abrite la plus vieille plantation du thé du Japon.
Maisons perchées sur la montagne dans des paysages mystérieux et singuliers, voici quelques « bribes » de la traversée du village jusqu’au site du temple.
« Sous les ronciers bas, la blette joue de la flûte, le singe danse sans grâce, le criquet bas la mesure. Le doux son du grillon qui joue du tambour et de la cymbales. » Go-Shirakawa
La place idéale pour méditer |
Tokonoma |
Dans la forêt profonde et infinie, la lumière et la végétation séculaire rendaient l’ambiance étrange. J’ai fini par croire aux kamis (esprits semi-divins présents dans toutes les formes et forces de la nature). Je sentais leur présence, comme s’ils épiaient le moindre de mes pas. Bienheureuse et.. confiante, je leur faisais du charme en gardant mon sourire aux lèvres !
Après les quelques heures de marche, retour en bus à Kyoto direction marché Nishiki, pour le plaisir des yeux et le bonheur des papilles. Lieu idéal pour découvrir la culture gastronomie de Kyoto. J’ai fait plein d’énergie !
Une anecdote !
Je garderai en mémoire comme incident, une vendeuse du grand magasin Daimaru qui a refusé de me vendre la dernière boîte à bijoux. Pourquoi ? Parce qu’elle avait un défaut insignifiant : un minuscule point qu’elle a tenu me montrer à la loupe ! J’ai essayé de traiter même avec la directrice de rayon, mais impossible de les convaincre de me la vendre, ni en japonais ni en anglais ni en pleurnichant ! D’après leurs règles, aucun produit « endommagé » ne doit sortir du magasin, qu’il soit soldé ou pas !
Aussi, Je n’oublierai jamais les rayons épiceries du rez-de-chaussée du magasin ! Que des exclamations : Sugoi ! Mot que les Japonais emploie pour dire que c’est magnifique.
Moments gourmands ineffaçables !
Le plus vieux salon à thé de Kyoto, Ippodo. On y trouve les meilleurs qualités de ce breuvage sacré.
Un restaurant où un ami venu de Tokyo m’a invitée : www.sakontaro.co.jp/ouka/
J’ai été charmée par ce lieu qui comporte des petites pièces privées à la japonaise, avec tatamis et table basse, pour ceux qui souhaitent avoir le calme ou l’intimité. La serveuse, en kimono, s’agenouille pour ouvrir les fusamas, portes coulissantes opaques. J’avais l’impression de me trouver dans une scène d’un film d’Ozu.
L’entrée du restaurant |
Un des 7 plats |
Puis, un autre restaurant kaiseki hautement gastronomiques proche de l’hôtel. EN, situé en retrait sur Karasuma oike au n° 589. Il est discret et petit (que 6 places), tenu par le grand chef Suzuki san. Tout a été d’un raffinement extrême : l’intérieur et ses meubles, la vaisselle artisanale de Kyoto… Ici, on vous présente un plateau avec des sublimes coupelles de saké et on vous invite à choisir celle dans laquelle vous souhaitez être servi. Choix difficile à faire ! Le menu s’est composé de limaces, oeufs de poissons, diverses soupes dont la spécialité de Kyoto aux mochis, poissons, boeuf, riz,…Et comme dessert un kaki fourré aux azukis.
Le grand Chef, SUZUKI san |
Coupelles pour saké |
Kaki fourré aux azukis |
Insolite !
L’esthétique s’impose même aux plaques d’égouts ! Une plus originale que l’autre !