Lundi 2 avril 2012
Après, ma 1ère nuit complète de sommeil, je suis descendue dès 7h prendre un brunch (mets occidentaux et japonais… à volonté). Ma première journée à Kyoto a été ensoleillée et bien remplie :
Visite du Palais Impérial, composé de plusieurs bâtiments et jardins. Kyoto a été la capitale du Japon entre 794-1869. L’empereur y a résidé entouré de sa cour, de la noblesse, des familles de samouraïs, du clergé et des religieux shinto et bouddhistes, d’artisans et de commerçants.
Dans un des jardins, j’ai aperçu pour la première fois un prunier japonais. Il s’est démarqué par ses grandes fleurs fuchia semblables aux rosiers sauvages.
L’amour que les Japonais portent aux arbres en général dont ceux à fleurs ne se limite pas à une simple culture, c’est un culte. Par exemple, l’impératrice, les concubines impériales et les dames de la cour résidaient dans la « Retraite interdite » en des appartements désignés par le nom des arbres qui les entouraient : salle du Poirier, de la Glycine, de la Prune. Puis, prenons rien que le terrain d’un jeu de balle le kemari, prisé à l’époque Heian et originaire de Chine. Il était délimité par des arbres en pot : cerisier au N-E, saule pleureur au S-E, pin au N-O et érable au S-O (les joueurs élégamment habillés se passaient la balle en peau de cerf en la frappant avec le pied et en évitant le plus longtemps possible qu’elle ne touche le sol).
Concernant les jardins japonais, l’orientaliste Fosco Maraini a tout compris : « Le jardin en Extrême-Orient est en effet une œuvre d’art aussi belle qu’un tableau, une statue ou un poème. Nous considérons le jardin comme une simple décoration, au moyen de pièces d’eau et de fleurs, de l’habitation : villa, institut ou palais ; et la nature offensée d’être si peu sollicitée nous accorde peu ; le jardin sert de cadre à la vie mondaine de l’homme. Sage et docile, il garnit la maison, comme la salade, le bifteck. L’artiste oriental crée le jardin en musicien comme un chant, une symphonie dont les notes sont les herbes, les pierres, les eaux, les fleurs. Il vise très haut et dans ses moments heureux il parvient très haut. »
Sanctuaire Shimogamo (UNESCO), où a lieu tous les 15 mai le festival dit Aoi Matsuri, connu pour sa procession de centaines de personnes vêtues de kimono des nobles de l’époque Heian. C’est mon premier sanctuaire shintoïste, vite reconnaissables grâce aux torri, littéralement « là où sont les oiseaux ». Ce sont des portails de couleur rouge orangé érigés à l’entrée pour séparer symboliquement l’enceinte sacrée du temple du monde profane. Aussi, j’ai aperçu des miko, souvent filles de prêtres, qui gèrent le fonctionnement quotidien des sanctuaires shinto : boutiques de souvenirs, mariages, baptêmes, etc. Elles sont toujours vêtues d’un court kimono blanc et de très larges pantalons de la même couleur éclatante que les torri. Les cheveux longs sont attachés à l’ancienne, en bas de la nuque puis enroulés avec des bandelettes de tissus blanc.
Jardin des Beaux-Arts de Kyoto conçu par Tadao Ando, y expose des copies de céramique de 8 grands chefs-d’œuvre dont « Les Nénuphars » de Monet, « Le Jugement dernier » de Michel-Ange, « Le dernier souper » de Leonardo Da Vinci… Un jardin de construction asymétrique complexe (lignes et courbes, chutes d’eau…).
Sanctuaire Kamigamo (UNESCO) sur 664 000 m2 comprenant 34 bâtiments. Ici, j’ai eu la chance de voir un jardinier travailler son jardin zen de pierres.
Temple Daitokuji, un des plus importants temples Zen du Japon, fut construit en 1319 et remplis de biens offerts par de nombreux seigneurs féodaux. Il ressemble à un minuscule village où l’on peut s’égarer dans le labyrinthe des rues aux murs tapissées d’herbes folles, de mousse et de fleurs de champs.
Temple Kinkakuji – Pavillon d’Or (UNESCO) construit en 1397 par le shogoun Yoshimitsu Ashikaga comme villa de repos. Les jardins et les étangs sont sublimes. La maison de thé Sekka-tei située dans le jardin est connue pour son pilier de renforcement nanten et pour ses étagères échelonnées faites à partir d’arbrisseaux. Le célèbre Yukio Mishima a écrit un roman « Le Pavillon d’or » inspiré par le fait divers qui s’est produit juste après la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’un jeune bonze shintoïste de Kyoto a incendié celui-ci par dépit. Le roman oscille entre respect de la tradition, révolte et nihilisme.
Anecdotes du jour :
Sons particuliers pour les feux piétons, semblables aux chants d’oiseaux !
Dans les bus, l’entrée se fait à l’arrière et on règle en descendant un montant en fonction de la distance parcourue si on ne possède pas un pass. Les chauffeurs de bus sont très distingués avec leurs gants blancs et leurs casquettes. Ils annoncent au micro l’arrêt et remercie chaque personne lors du paiement avec une grande patience.
Pour monter dans le taxi, toujours derrière à gauche, la porte s’ouvre et se referme automatiquement. La file est en sens inverse, il faut prendre le dernier et non pas le 1er car les taxis se rangent en marche arrière.
Le Japon n’a pas été une colonie anglaise et pourtant les voitures ont le volant à droite. C’est parce qu’à la fin du 19ème (Meiji), les Anglais ont eu le 1er rôle à jouer dans la modernisation des transport.