Accueil » KYOTO_3

KYOTO_3

Mardi 3 avril 2012

Dès 8h30, je pars sous la pluie vers le Temple Ryoanji, qui doit sa célébrité au plus abouti jardin zen, jardin des Rochers (UNESCO) construit en 1450 par Soami. Ce jardin abstrait est « le plus singulier, le pus hardi, une étendue de sable blanc, ratissé avec un soin exacte en multiples lignes parallèles, et quinze pierres de toutes les tailles. »F.M. Il change d’aspect au fur et à mesure que l’on s’en approche. Il est impossible de voir ses 15 pierres à la fois, quel que soit l’endroit où l’on se place. Le jardin explique à sa manière que l’on ne peut jamais appréhender la Vérité complète. Lors de la méditation et selon l’état d’esprit de la personne, les rochers sur le sable blanc évoquent des montagnes sortant des nuages ou des îles au milieu de la mer. C’est recréer le monde par la pensée au lieu de le contempler simplement avec les yeux.

 

 

 

 

Temple Ginkakuji – Pavillon d’Argent (UNESCO). Pour se rendre au temple, on monte une route jalonnée de maisonnettes et de jardins. Construit en 1489, il a d’abord servi de villa de repos pour le shogoun Yoshimasa Ashigaka qui élabora en compagnie des plus grands artistes de son temps, les idéaux d’une beauté rigoureuse purifiée de tout superflu. Les idées mûries à cette époque ont fait sentir leur influence et ont imprégné la vie japonaise jusqu’à nos jours : l’architecture, l’ameublement, le style de vie…

Le jardin a pour fond la foret verte et luxuriante du Mont du Levant. J’ai pris le petit chemin qui mène vers le haut de cette montagne, à travers une végétation luxuriante composée de fleurs et divers arbres. La vue du sommet était sublime même sous la pluie car une brume enveloppait les cimes lointaines.  

Les détails du lieu : le gravier, les bois, les arbres taillés, les tâches de mousse éparpillées, les plaques d’égout et les rampes en bambous, révèlent un soin attentif et tendre mis au service d’un goût exquis, épris de perfection. Les vagues de sable blancs et les deux uniques montagnes de sable, le Kogetsudai (monticule lunaire) et le Ginshadan (mer de sable blanc), ont été créés pour refléter la lumière de la lune et pour mettre le jardin même en valeur lors des nuits de pleine lune. 

 

 

 

 

 

 

Sur l’étang mort
un bruit de grenouille
qui plonge

Basho

 

 

 

 

Fleur de camélia
en tombant pleura l’eau
de la corolle

Basho

 

 

Le sanctuaire Shintoïste Heian Jingu Shrine a le torri le plus imposant du Japon. Il a été construit en 1895 pour marquer le 1100ème anniversaire de Kyoto qui fut capitale impériale du Japon, jusqu’à ce que l’avant dernier empereur Meiji décide son transfert à Tokyo en 1868. Il est dédié aux esprits du premier et du dernier empereur de Kyoto : l’Empereur Kammu et l’Empereur Komei. A l’arrière du sanctuaire il y a des jardins d’azalées et de cerisiers.

 

 

Malgré le vent et la pluie de plus en plus violents, je me suis dirigée butée vers le Château Nijo (UNESCO). Elevé en 1603, il est entouré de grandes douves et d’un énorme rocher pour le talus. Il sert souvent de décor dans les films, par exemple Tabou de Nagisa Oshima. 
 
Les très célèbres portes coulissantes ont été peintes par les artistes de l’école Kano. Cette puissante école de peinture fut fondée au milieu du XVème siècle par Kâno Masanobu et fleurit jusqu’à la fin de l’époque des Tokugawa. Elle s’est basée sur la peinture chinoise, dont celle à l’encre de Chine, tout en y ajoutant des spécificités de la peinture japonaise. Les thèmes sont divers et comportent parfois des éléments bouddhiques, mais les grandes surfaces décoratives des peintures murales dépeignent principalement des pins, des tigres, des fleurs et des oiseaux et des paysages de saisons. A la différence de l’école Rimpa, les techniques et les styles particuliers se transmettaient seulement de père en fils. 
 
Le corridor du bâtiment principal fut ingénieusement construit pour qu’il émette des sifflements semblables à ceux d’un rossignol lorsque quelqu’un y pose le pied. A cela s’est rajouté le bruit fascinant provoqué par la violence du vent ! Les photos sont interdites ! Je regrette tant ne pas avoir pu immortaliser les mises en scènes constituées avec des mannequins pour représenter la cour (la salle du conseil, la chambre du shogoun…). 
 

 

 


Le château a dû fermer à cause de la tempête. Têtue, j’ai continué à visiter les jardins et la maison de thé. J’ai été trompée jusqu’à l’os et j’avais les bottes remplies d’eau, mais rien ne pouvait m’arrêter ! Au moment où la foudre est tombée tout proche, vaincue, j’ai aussitôt pris le bus pour rentrer à l’hôtel, dont vidéo :

 

 
J’ai allumé la télé par curiosité et j’ai découvert que Kyoto a été plus ou moins épargnée grâce aux montagnes qui l’entourent alors que tout le reste du pays a gravement souffert : camions retournés par la force du vent, trafic arrêté, inondations, maisons détruites et tout genre d’autres accidents dont mortels,… C’était la plus forte tempête depuis 1959 ! J’ai filmé quelques images lors du journal TV du soir, voici Kyoto :
 
Anecdotes du jour :
Dans un bus, un vieux papi a longuement fait la morale à un couple d’asiatiques qui se sont assis sur les places réservées aux personnes âgées. Tolérance 0 si règles enfreintes !
J’ai découverts les sandwichs auxquels on accorde également le soin de la présentation : en forme de petits triangles, dans le même paquet on y trouve 3 saveurs différentes (il existe même des boîtes à encas adaptées).
Vu, proche de Ginkakuji, des poussepousses conduits également par des femmes. Fortes et courageuses !
Rentrée par curiosité dans un Panchinko, le symbole le plus désolant du désarroi contemporain. Incapable de comprendre comment peut-on supporter durant des heures un bruit si assourdissant.

 

 

Laisser un commentaire