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Tokyo – île de Sado – Kamikochi – Nikko – île d’Oshima – Hayama

Avant ce 4ème voyage, j’ai publié sur facebook mon état d’esprit. Je m’étais sentie bouillonnante, effervescente, émue, enthousiaste, exaltée, fébrile, surexcitée…

Aussi, j’ai fait part à tous de ma pathologie en citant Jean-François Sabouret (chercheur CNRS / Japon) :

« Parmi toutes les contrées de l’Est de l’Asie, le Japon, où j’ai longtemps vécu, est désormais ancré en moi. Quand je n’y suis pas, ce pays me manque, une pathologie, dont bien sûr, je ne veux pas guérir.
J’ai besoin du Japon. D’abord parce que la civilisation japonaise m’intéresse en tant que telle : son passé, son peuple, sa culture, sa langue, son regard extérieur et son sens du défi. Ensuite parce que, ayant amassé sur mes routes d’Asie des trésors d’images et de voix, de rencontres et d’échanges, ma vision du monde, et surtout du monde français, en a été modifiée ». extrait livre Besoin de Japon

Un de mes amis Japonais m’a dit : « Adina san, ne vient pas au Japon en été, tu vas mourir… ». J’aurai dû l’écouter car j’ai failli « mourir » plusieurs fois. Une chaleur humide qui colle vos vêtements à la peau et l’air si lourd au point de vous étouffer. De plus, la nuit tombe brutalement vers 18h30.

C’est la météo (pluie, brouillard, chaleur…) qui a modifié le circuit de ce voyage minutieusement préparé d’avance. J’ai dû rayer sur ma carte les lacs de Fuji san et la péninsule d’Izu.

Je me suis restreinte à :
Tokyo – île de Sado – Kamikochi (les Alpes Japonaises) – Nikko – île d’Oshima – Hayama (péninsule de Miura)

 

TOKYO _ 28.08>04.09.2014

J’en ai tant rêvé de Tokyo et à la fois ma première crainte était : vais-je l’aimer ?

Toute ville est un roman. Philippe Forest

Sortie de l’avion j’ai découvert un ciel gris, pluvieux qui me rappelait Bruxelles. Au secours !
Dans le train, qui m’a emmenée de l’aéroport de Narita à Tokyo, le robot répétait régulièrement son nom. Sa voix féminine résonne encore dans ma tête comme une musique : Tokyo, Tokyo mamonaku, Tokyo tsugi wa…

Arrivée à la gare d’Ueno, je me suis vue engloutie par la foule pressée qui se déplaçait à grand pas dans tous les azimuts. Un chaos organisé par des règles : la discipline et la politesse. Ce qui m’a toujours impressionné au Japon sont justement les transports en commun qui brassent des millions de gens tout en douceur. Tous fonctionnent de manière fluide et efficace. Ce dernier mot me rappelle un vieux couple de Français qui débarquait ce matin pour la première fois au Japon et qui ébahi par l’organisation et la vitesse à laquelle on passait aux postes de contrôle l’homme a dit : « Nous allons en prendre des leçons d’efficacité dans ce pays ! ». J’ai aussitôt ris au éclats !

Tout est sécurisé et propre. Comme l’indique Eriko Nakamura dans son livre Naaande ! la propreté et le respect des lieux publics sont dus à l’éducation reçue dès le plus jeune âge. Dans les écoles les femmes de ménages n’existent pas, ce sont les élèves qui nettoient le tout afin de les responsabiliser, chaque classe à tour de rôle…et toilettes inclus !

D’Ueno je devais prendre le métro pour le quartier Asakusa. Me revoilà confrontée à une profusion d’informations : sons, panneaux, signalétiques… et tout cela en japonais. Au chaos s’est rajouté la complexité. Fort heureusement, je n’étais plus une débutante ! D’ailleurs, dès le deuxième voyage au Japon, je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. Et à chaque fois que j’atterris dans ce pays, j’ai l’impression d’y avoir toujours vécu et instantanément toutes les tensions intérieures disparaissent… comme nul part ailleurs !

Quartier Asakusa _ 28.08 > 31.08.2014

Vue de ma chambre

Asakusa est un des rares quartiers traditionnels resté en petite partie intact : devantures en bois, ruelles pavées… J’y ai séjourné 3 jours.

 

Ici, j’ai visité le sanctuaire shintoïste Asakusa-jinja, un des seuls sorti indemne des guerres, feux et séismes. Construit en 1649, il rend hommage à deux pêcheurs qui auraient trouvé la statue de la déesse Kannon dans la rivière Sumida.

Visité aussi le temple bouddhique Senso-ji où trône cette déesse de la miséricorde. Pour y arriver, on passe d’abord sous la « porte du Tonnerre » Kaminarimon connue pour son énorme lanterne rouge encadrée par deux divinités Raijin, la Foudre à gauche et Fujin, le Vent à droite.

 

De cette porte et jusqu’au temple, on marche dans la Nakamise-dori bordée de boutiques traditionnelles. J’ai acheté juste des sembei, chips japonais à base de riz, tout frais, un délice !
J’ai adoré cette partie du quartier car ici on remonte le temps.

Côté Asakusa contemporaine, j’ai été curieuse de découvrir le célèbre bâtiment de Philippe Starck bâti en 1989 : Asahi Super Dry Hall (un monolithe de granit noir poli avec une flamme dorée sur son toit qui se voudrait être un verre de bière avec sa mousse…) Sans commentaires !

A quelques pas se trouve la tour de Tokyo Sky Tree (634 m) où j’ai été impatiente de grimper pour contempler toute la ville : 2 000 Km2 contenant 12 millions d’habitants. Fuji san a refusé de se montrer, préférant resté caché derrière un épais voile de brouillard.

« Cette tour s’inspire des formes traditionnelles avec un profil qui n’est pas sans rappeler la cambrure des sabres japonais ou les colonnes des temples et sanctuaires. » Revue Niponica n°4/2011.

Elle a résisté au séisme du 18 mars 2011 car son système de contrôle des vibrations est semblable à celui utilisé dans les pagodes à 5 étages. Le secret : le gros pilier central unique nommé shinbashira dont le rôle est tenu ici par la cage d’escalier en béton armé.

Tokyo, ville interminable. Nicolas Bouvier
Insolite !
Voilà comment embellir les paravents qui entourent un chantier !
Coller des beaux papiers peints !
On vous rappelle à tous les pas : interdit de fumer dans la rue !
Au pire, ayez toujours un cendrier de poche sur vous.

Redescendue sur terre, j’ai longtemps marché vers Edo-Tokyo Museum accompagnée par un aimable jeune garçon car je m’étais égarée en route. Il m’a guidé via des petites ruelles coquettes et calmes. Le musée se trouve dans un bâtiment futuriste inspiré par les greniers de riz et raconte l’histoire de la ville grâce à des objets archéologiques, estampes, maquettes, plans, mannequins…

En marchant, j’ai pensé à l’écrivain Michaël Ferrier pour qui le meilleur moyen de s’y retrouver à Tokyo est de s’y perdre : « au moment où l’on se perd, plus de carte plus de gps qui tiennent, à ce moment précis un énorme, immense plaisir vous envahit, une espèce de liberté retrouvée et vous vous dites : là vraiment, je suis à Tokyo. »

Il a raison, c’est en s’égarant qu’on découvre des trésors, la face cachée de la ville. A Tokyo, seulement les grades avenues portent des noms. Ses ruelles, avec des bâtiments qui comportent uniquement des numéros en désordre sont… déroutantes !

« Cette ville ne peut être connue que par une activité de type ethnographique : il faut s’y orienter, non par le livre, l’adresse, mais par la marche, la vue, l’habitude, l’expérience ; toute découverte y est intense et fragile, elle ne pourra être retrouvée que par le souvenir de la trace qu’elle a laissé en nous : visiter un lieu pour la première fois, c’est de la sorte commencer à l’écrire : l’adresse n’étant pas écrite, il faut bien qu’elle fonde elle-même sa propre écriture. » Barthes – L’empire des signes

« La ville : une infinitude limitée. Un labyrinthe où vous n’êtes jamais perdu. Votre plan individuel, où tous les blocs d’immeubles portent le même numéro. Même si vous vous fourvoyez, vous ne pouvez pas faire fausse route. » Abe Koko – Le plan déchiqueté

Après le musée, j’ai eu l’intention de passer au stade national des sumo Kokugikan pour les voir s’entraîner mais j’avais perdu mes forces.

Selon le Kokiji (recueil de mythes datant de 712 concernant l’origine des îles formant le Japon et des dieux) c’est un combat de sumo être deux divinités qui décida de l’occupation de l’archipel par les Japonais. La lignée impériale aurait été créée par le vainqueur de ce combat nommé Takemikazuchi. C’est à partir du VIe que le sumo a été lié au culte shintoïste et ses rituels purificateurs comme jeter le sel en l’air et boire une gorgée d’eau avant le combat.

« Ces lutteurs forment une caste ; ils vivent à part, portent les cheveux longs et mangent une nourriture rituelle. Le combat ne dure qu’un éclair : le temps de laisser choir l’autre masse. Pas de crise, pas de drame, pas d’épuisement, en un mot pas de sport : le signe de la pesée, non l’éréthisme du conflit. » Barthes – L’empire des signes

Le dernier jour, j’ai pris le train sans conducteur Yurikamome line. J’ai été émerveillée par ce voyage entre les buildings jusqu’à l’île d’Odaiba.
L’idéal aurait été de faire ce trajet la nuit pour admirer le Tokyo enluminé et polychrome.

D’Odaiba, île artificielle reliée au centre ville par le célèbre pont Rainbow Bridge, j’ai pris le bateau pour retourner à Asakusa. Il a flotté sous tous les ponts de Sumida. ll est passé devant le fameux marché de poisson Tsukiji où se fournissent tous les restaurants. Puis, j’ai eu la chance de voir quelques canaux rescapés grâce auxquels Tokyo ressemblait avant 1868 à Venise. Depuis, la plupart des canaux ont été couverts par du béton et des pierres. Des ruelles ondulantes suivent les traces des anciennes rivières. En outre, on retrouve d’autres genres de ruelles labyrinthiques qui ont été construites stratégiquement afin d’éviter les attaques frontaux du château où vivait le Shogun.

Buren ?
« Venise »

J’ai eu quelques aventures à Asakusa. Un soir je suis repassée devant un ancien café de quartier, c’est-à-dire un troquet avec 3 chaises devant un mini-bar donnant sur la rue, tenu par un vieux Monsieur. Les gens, une dizaine, nous ont invité, moi et mon mari, à boire avec eux. Avec mon japonais précaire j’ai réussi à communiquer et j’ai compris qu’ils étaient tous des SDF. Extrêmement pauvres, mais alors, quelle générosité !! Ils nous ont payé au moins 5 bières et un whisky. Impossible de les arrêter. Nous sommes tombés dans un guet-apens ! De plus, ils n’ont pas accepté qu’on les réinvite.

On parlait de tout et de rien, on rigolait jusqu’à ce que l’un des SDF m’a raconté que des yakuzas viennent régulièrement les tabasser tard dans la nuit sans raisons quelconques !

Jamais je n’oublierai leur accueil et générosité ni les puces que j’ai eu en cadeau et dont je me suis difficilement débarrassée après 3 jours grâce à un produit miracle dont la fumée qu’il a dégagé dans l’appartement a tué toutes insectes et parasites, même les acariens ! En souvenir, j’ai gardé des semaines quelques stigmates sur mes jambes.

Après 2h en leur compagnie, nous avons cherché un izakaya pour manger. Nous sommes rentrés dans un snack où il y avait que des vieilles personnes mais la patronne nous a refusé l’entrée.

Ce soir là, j’ai basculé dans l’autre Tokyo, l’hors-champs, celui des pauvres et des brigands et pourtant pas une seule fois je me suis sentie en insécurité ! Comment expliquer cela ?!


Quartier Shimbashi/Ginza _ 31.08.2014

J’ai dormi dans le quartier de Shimbashi/Ginza au Nakagin Capsules Hotel. J’ai loué une capsule à son propriétaire, Mr Abe Masato, via airbnb. Cet immeuble, à usage résidentiel et de bureaux, a été dessiné par l’architecte Kisho Kurokawa. Construit début 1970, il est prédestiné à être démoli car les réparations et les coûts d’entretiens sont trop élevés pour pouvoir le sauver. Bien dommage alors qu’ils comptait l’inscrire au patrimoine de l’Unesco.

Porte d’entrée
Le hall d’accueil

C’est une expérience inoubliable car l’intérieur fait penser à un vaisseau spatial. Chaque capsule est aménagée, meublée et équipée de systèmes audio et téléphoniques.

Par contre, à ce jour, il n’y a plus d’eau chaude dans la bâtiment, on se lave dans une cabine de douche extérieure et chacun doit s’inscrire la veille sur le planning. Drôle d’aventure !

photo © Michel Mazzoni

Les concierges ont été adorables puis un propriétaire est venu discuter et nous a offert en partant les gâteaux aux azuki : dokidori. Aurait-il deviné que se sont mes gâteaux favoris indispensables au petit déjeuner ?

Ginza la nuit

« Tatouée à toute heure du jour et de la nuit de discours et de sons, la ville offre un spectacle hypnotique et changeant, qui déroute ou qui dégoûte, épuise ou émerveille, mais ne laisse personne indifférent » Michaël Ferrier Tokyo petits portraits de l’aube

Quartier Ebisu _ 01.09 > 3.08.2014

Ici, aussi j’ai loué un appartement pour 3 nuits via airbnb, à 5 mn à pied de la station de métro. Emplacement idéal de tous les points de vus. Un quartier chic, à la fois feutré et agité, avec des petites boutiques tenues par des jeunes branchés sans oublier les nombreux bars et d’izakayas. Il y a eu de quoi faire ! Un soir j’ai mangé des ramen que mes papilles ne risquent pas d’oublier…

« On ne sait plus où donner de la tête, on se tord le cou pour mieux se remplir les yeux de se spectacle. Je comprends pourquoi il y a tant de cabinets de massage ici, c’est Tokyo qui veut ça, ce torticolis ébloui de ruelles et de gens. » Michaël Ferrier – Tokyo petits portraits de l’aube

Le rue de mon appartement

Ebisu est une marque de bière, la meilleure à mon goût, propriétaire d’une grande partie des immeubles. Les fabricants ont choisi le nom du Dieu confucéen du logis et des rizières. Sur l’étiquette, vous remarquerez un moine pêcheur ventripotent et souriant qui tient une dorade rouge à la main en signe de prospérité.

 

Proche de Shibuya, j’ai profite de passer le soir sur le lieu de rendez-vous des jeunes : la statue de Hachi-ko élevée en hommage au chien fidèle qui après la mort de son maître a continué à l’attendre tous les soirs à la sortie de cette station de métro. La statue, je l’ai juste devinée car il faisait nuit, il pleuvait et les touristes ne finissaient pas de se prendre en photo devant elle… Aussi, j’ai jeté un coup d’oeil sur l’intersection emblématique de Tokyo, Shibuya Crossing, et sa foule compacte munie de parapluies. J’ai filmé l’ambiance joyeuse, bruyante et ses buildings avec les publicités multicolores géantes.

Intérieur gare par Tadao Ando
Photo maquette

Visité aussi dans le quartier Shirokanedai, un autre bâtiment de Philippe Starck construit avant Asahi : Nani Nani

photo © Michel Mazzoni

J’ai essayé au maximum d’éviter les clichés mais difficile. Pour visiter le Nezu Museum j’ai dû passer via l’avenue Omote-Sando, « les Champs-Elysées de Tokyo »… en moins larges. Il est vrai qu’elle compte beaucoup de boutiques de luxes dont les bâtiments ont été créés par des célèbres architectes. J’ai vu entre autres la fameuse boutique Prada avec sa façade de verres-loupes trapézoïdaux dessinée par Herzog et de Meuron.

Mon intérêt s’est porté surtout sur le musée ouvert par Kaichiro Nezu, fondateur de la compagnie de fer Tobu et riche collectionneur d’art oriental : céramique, calligraphie… Ce qui m’a marqué irrévocablement sont les 7 pavillons de thé placés dans un luxuriant jardin japonais. Un pur bonheur ! Il m’a paru insurmontable de m’extraire de ce paradis terrestre. J’en rêve encore !

J’ai visité aussi l’ancien stade national construit par Kenzo Tange pour les jeux olympiques de 1964. « Le toit de tôle d’acier mobilisant également de techniques de construction navale possède une beauté qui n’est pas sans rappeler celle du hall principal du Toshodai-ji (temple bouddhiste de la secte Ritsu situé dans la ville de Nara). Les constructions traditionnelles japonaises en bois on toujours mis l’accent sur l’aspect du toit, et le toit du Stade olympique reflète l’esthétique japonaise traditionnelle avec des courbes prononcées. » revue Niponica n°4 2011

En face de celui-ci, il y a le parc Yoyogi dans lequel j’ai remarqué des affiches préventives contre des moustiques qui transmettent des maladies. J’ai vu des infos à la télé le soir mais incompréhensibles vu mon niveau en japonais. En rentrant, j’ai lu un article de Libération et appris que certaines risquent de transmettre la dengue, une infection virale nommée aussi «grippe tropicale».

Un autre parc dans lequel j’ai flâné a été Ueno. Je me suis rendue au minuscule temple shintoïste Gojo-Tenjinja gardé par le kami Inari, le renard.

Puis, j’ai tourné autour du National Museum of Western Art juste pour admirer ce bâtiment construit par Le Corbusier en 1959.

 

photo © Michel Mazzoni

Puis, le jour où j’ai revu un de mes amis, j’ai tenu à me rendre dans le parc voisin au Palais Impérial. Malheureusement, un concert à hauts décibels a gâché notre séjour : conversations rendues impossibles. Sur la route, j’ai voulu voir Imperial Hotel. Mais je ne savais pas que le bâtiment de Franck Lloyd Wright bâti en 1923 a été démoli en 1968. Sa structure a servi à un nouvel hôtel de luxe fait de béton et marbre. Il reste intacte juste le décor du bar. La façade et les bassins de l’ancien édifice ont été transportés au musée d’architecture Meiji-Mura à Inuyama proche de Nagoya.

Le mercredi, j’avais fait un saut au Shinjuku. La gare est un immense complexe souterrain de 11 étages comprenant quais de trains, boutiques, restaurants, jardins… on y est vite emporté par le « typhon » des gens.

Ce quartier ne dort jamais ! On y trouve de tout pour s’amuser surtout dans la partie nommée Kabukicho : bars à hôtesses, à strip-tease, cinémas, pachinko, karaoke… Moi, j’avais envie de voir l’incontournable Golden Gai, une partie du vieux Tokyo qui a survécu à tout. Il se compose de six petites ruelles étroites pour piétons où s’alignent environ 200 bars et cafés. Deux jeunes électriciens super sympas nous y ont conduit tout en rigolant : « ahh, vous avez envie de boire ! »

« Personne ne parle jamais du manque de sérieux des Japonais, de leur légèreté, de leur sentimentalité, de leur insouciance, de leur nonchalance, en un mot : de leur gentillesse et de la douceur de vivre qui règne dans une cité comme Tokyo. » Philippe Forest – Sarinagara

 

En fin d’après-midi la plupart étaient fermés mais, étant de nature curieuse et courageuse, j’ai osé entrer dans un bar ouvert avec les mots clés : gomen kudasai ! C’est à dire, je m’excusais de rentrer. Pourquoi, alors que c’est un bar « public » ? Parce que dans ce quartier, certains acceptent que les habitués et d’autres refusent carrément les étrangers vu que la majorité sont infiniment petits et personne ne parle anglais !

 

Le monde est devenu infime dans ce bar de 5 places nommé Spade (sis Shinjuku Kabukicho 1-1-5), tenu par Keiko san qui ressemblait ce jour-là à Yoko Ono en raison de sa silhouette, son chapeau et ses petites lunettes. J’ai aussitôt senti les ondes positives que ce lieu dégageait. En discutant durant au moins 2 h, elle m’a dit qu’elle était chanteuse et m’a offert son CD. Je l’écoute souvent en pensant à son hospitalité et à celui de son client Hiroshi san. J’ai été gâtée en alcool et nourriture ! C’était dur de les quitter autant moralement que… physiquement.

Le kare de Keiko san

Dès qu’on se retrouve dans un bar avec les Japonais, en général tous des bons vivants « francs, rieurs, joueurs,… » leurs armures tombent sous l’effet de la potion magique : l’alcool. Ils sont comme le soleil et la lune. Ils changent de rôles en fonction de la lumière : jour/nuit. J’adore ça, entrer dans un bistro et attendre patiemment que l’alcool fasse l’effet : les langues se délient et les gestes se libèrent… la fête commence ! Des moments éphémères qui s’évanouissent mais survivent à jamais dans la mémoire (en japonais on utilise le terme hakanaï pour la notion d’évanescent).

Pour Michaël Ferrier, les Japonais sont comme le saké daiginjô fait avec le coeur du riz, « il faut savoir enlever les strates supérieures, les couches superficielles : alors, ils se révèlent ».

Après le travail, les gens font le tour des bars et des izakayas le soir après le travail jusqu’au dernier train de 24h-1h du matin, d’où l’expression hashigo o suru qui veut dire faire l’échelle…

Les Japonais divisent la nuit en plusieurs « soirées » successives :

« La première soirée est assez calme ichiji-kai : elle commence tôt, vers 18h ou 19h. On mange dans un restaurant, on discute, on boit modérément.
La deuxième soirée (nijikai), de 21h à 23h environ: c’est le début des choses sérieuses. D’abord on trouve un bar ou une nomi-ya (sorte de pub japonaise où la principale occupation est de boire, tout en faisant semblant de manger). La discussion va bon train, on se demande quand la bière va s’arrêter de couler.
La troisième soirée commence (sanjo-kai) : les esprits sont déjà bien échauffés. Ceux qui veulent attraper le dernier métro ou le dernier train (aux environ des 0h30) fuient comme s’ils avaient le démon à leurs trousses, à peine s’ils vous disent au revoir : un petit salut de la tête, et les voilà évanouirent dans la grande ville – ces Japonais ont le génie de filer à l’anglaise.
Ceux qui font semblant d’hésiter, vous pouvez déjà les considérer comme perdus : cette heure là on ne tergiverse plus, s’ils hésitent c’est qu’ils ont déjà décidé de ne pas rentrer tout de suite mais, par une charmante coquetterie de comptoir, ils se font juste un peu prier. Il faut alors trouver un autre bar ou bien un karaoké. Préparez vos poumons : ici il est rare de passer une soirée sans chanter.
Enfin, vient le moment décisif, l’heure où le cercle se resserre, où les limites sont franchies. C’est yoji-kai : la quatrième soirée. Vos compagnons ivres, tombent comme des mouches. Bientôt il ne restera plus que vous et Tokyo, comme une affaire personnelle, un vieux compte à régler. Alors seulement, vous connaîtrez le pouvoir de cette ville, toute la puissance de ses envoûtements. » Michaël Ferrier – Tokyo petits portraits de l’aube

Un peu d’histoire
Avant 1868, année de la réouverture du Japon au monde, Tokyo (la capitale de l’Est) s’appelait Edo (Porte de l’Estuaire). Elle a commencé à connaître son essor jusqu’au tremblement de terre de 1923 qui a fait environ 100 000 victimes et réduit la ville en cendres. A partir de là, débute l’urbanisme de la ville, tout devait être reconstruit. Le deuxième choc et grande blessure lui a été infligée par les bombardements américains en 1945. Puis, la troisième grande période de reconstruction s’est imposée lors des jeux olympiques de 1964. Depuis, Tokyo, continue son expansion… limitée par les montagnes et la mer.

« Tu n’as qu’à lever la tête si tu trouves le temps long°, Tokyo est un superbe et méconnu livre d’images. N’essaie pas d’imposer ton allure, tu n’y arrivera pas : chaque pays a son temps, sa pulsation, sa minutie. Il faut retrouver le rythme de la ville, il change selon les quartiers, les moments, les saisons, tu dois toi-même prendre les marques sur cette gigantesque table des temps.(au feu piéton) Michaël Ferrier Tokyo petits portraits de l’aube

Tokyo est gigantesque mais paradoxalement dans chacun des quartiers on a l’impression de se trouver dans « un village » car beaucoup de quartiers gardent leurs indépendance et leurs esprits de village ! Ce qui rend cette ville un peu plus « humaine » selon mon ressenti, bien plus qu’Osaka que je n’ai pas su apprécier (il faudrait peut-être que j’y retourne un jour).

J’ai retenu l’histoire de l’écrivain Akira Mizubayashi qui racontait que dans son quartier, encore aujourd’hui, une personne fait le tour tous les soirs à 23h avec deux bouts de bois qu’elle frappe produisant un bruit sec. Ce son particulier « qui dialogue avec le passé » rappelle au gens de faire attention au feu, penser à tout éteindre avant le coucher. Ses bâtons sont également utilisés par les moines dans les temples pour signaler les repas et les activités.

Chaque quartier a des lieux de refuge : des parcs, tes temples… des « zones de silence au milieu du son » (Nicolas Bouvier – Chroniques japonaises). Dans ces derniers, on y passe entre deux rendez-vous de travail ou pour se reposer, se promener paisiblement. Ici, le bruit du silence est spirituel : shiiiiin… (onomatopée du silence en japonais).

« A Tokyo, les constructions, détachées de leurs voisines, diversement orientées, ménageaient d’amusants contrastes de perspective. Même au coeur de la ville, elles proposaient aux passants des recoins plus tranquilles, des petits havres de paix…
Surtout, je me suis aperçu qu’il suffisait de quitter les grandes artères et de s’enfoncer dans des voies transversales pour que tout change. Très vite, on se perdait dans des dédales de ruelles où des maisons basses, disposées sans ordre, reconstituent une atmosphère provinciale. Le jardinait qui les flanquait pouvait être minuscule : le choix et l’arrangement des plantes n’en témoignaient pas moins pour le goût et l’ingéniosité des habitants. » Claude Lévy-Strauss – Aux habitants de Tokyo

Ce silence est troublé en été, dès 18h, par le chant des cigales. Sons percutants !! Plus fort et plus variés que dans le Sud de ma France. D’après l’artiste photographe Naoya Hatakeyama, il y a 4 types de cigales à Tokyo : ablazemi, miminzemi, ninizemi et higurashi. Chacune chante différemment mais… aux mêmes décibels !

Cri-cri de grillons
cri-cri de grillons
tout le reste s’est tu
Shiki

Enfin, Tokyo a réussi me rendre follement amoureuse d’elle au point d’en devenir addict. Il est certain que j’y retournerai plus d’une fois !

Pour vous la définir, tant de mots se bousculent dans ma tête :
immense, paradoxale, attachante, hypnotique, ludique, électrique, mystérieuse, glamour…
inondée de couleur, ciel gris anthracite, nuances d’ombres et de pénombres…
diversité, fluidité, sécurité…
bruyante avec ses sons particuliers : les voix faites pour rassurer, celles humaines dans les transports, les magasins et celles robotisées ; la musique des stations de métro qui diffère de l’une à l’autre, les bruits des pas, les chants des cigales…

Île de Sado

Île de Sado _ 4.09 > 07.09.2014

J’ai quitté Tokyo pour la nature, triste et contente à la fois. J’ai pris le Shinkansen jusqu’à Niigata et de là, un bateau m’a déposée sur l’île de Sado.

vues du Shinkansen

La traversée a duré 2h30 mais à aucun moment le temps ne m’est paru long. Restée sur le ponton, j’ai contemplé les paysages divins baignés dans une lumière exceptionnelle. Des montagnes au loin sortaient directement de la mer couleur bleu-profond, l’air était doux, j’ai inspiré l’iode marin à pleins poumons et me suis laissée bercer par le bruit des vagues et le cri des mouettes…
L’intérieur du bateau est surprenant : des sales où les gens restent couchés ou assis comme sur les tatamis d’un salon, déchaussés bien sûr. Des cases sont prévues pour les bagages… ce que j’appelle l’agencement pragmatique à la japonaise.

 

J’ai acheté un bento et à l’intérieur, belle surprise, un onigiri au mentaiko (une triangle de riz fourrée aux oeufs de poisson et entouré d’une feuille d’algues nori).

Sado est la 5ème plus grande île de l’archipel (857 km2), peu peuplée, 70 000 habitants, et pendant longtemps peu visitée à cause de son histoire. C’est ici qu’on a déporté depuis le XIIIe siècle tous les hommes politiques, religieux et artistes qui se sont révoltés contre le pouvoir. Cela a contribué à l’épanouissement d’une culture aristocratique locale. Les plus réputés ont été l’empereur Juntoku (1197-1242), le moine Nichiren (1222-1282) fondateur de la secte bouddhiste du même nom, Zeami (1363-1443) acteur et dramaturge, le père du théâtre nô. J’avais vu d’ailleurs sur le bateau un Monsieur qui répétait son rôle (théâtre no) sur le ponton.

Cette île est certainement peuplée par une multitudes de yurei dont les âmes errantes des déportés morts ici…

 

Le bonze Nichiren dans la neige à Tsukahara dans l’île de Sado par Utagawa KUNIYOSHI 1835

 

Le bonze Nichiren priant par Utagawa KUNIYOSH

 

 

En 1601 fut découverte une mine d’or qui a fait la prospérité d’Edo. Fermée depuis 1989, il est possible de visiter les tunnels laissés comme vestige.

« Sado comble les amateurs de nature et de randonnée avec ses belles côtes découpées, ses deux chaînes de montagnes et sa plaine centrale. » www.tourisme-japon.fr
Mais, je rajouterais que sans voiture, on ne voit presque rien de Sado. Les bus sont rares et ils arrêtent de rouler dès que la nuit tombe, à 18h30.

Aujourd’hui, elle est très réputée aussi pour l’art des tambours (taiko). Le groupe Kodo fait sensation dans le monde entier. Rien que dans cette vidéo pêchée sur internet, vous remarquerez la beauté des paysages de Sado.

Un film « Kodo, les tambours du diable » par Don Kent a été diffusé sur Arte TV en hommage à l’école de taiko dirigée par Tamasaburo Bando, le plus célèbre acteur de kabuki de sa génération. « Elle est entièrement vouée à leur préparation physique et artistique, où la vie tient à la fois du service militaire et d’une longue retraite dans un temple. »

Arrivée dans le port de la petite ville de Ryotsu, j’ai rejoins l’hôtel TOHO situé en face du lac Kamo.
Moderne de l’extérieur, j’ai été ravie de découvrir que les chambres étaient à la japonaise. C’est pour la première fois au Japon que j’ai eu une chambre grande de 12 tatamis. Sublime, avec vue sur le lac et les montagnes.
Vue de ma fenêtre
Photo Michel Mazzoni

 

Le lac Kamo contient de l’eau de mer depuis le percement d’un canal en 1903. On y pêche des poissons et on fait l’élevage d’huîtres. Tous les jours, du haut de ma grande terrasse, j’admirais les paysages et les variations de lumière, je suivais la progression du brouillard sur les cimes et le va-et-vient des bateaux de pêches… je ne me lassais pas.

 

 

Dans le lac, se reflète majestueusement le mont Kimpoku. Aussi, le parc Shiizaki est un lieu de promenade qui offre une belle vue sur le lac. Puis, du mont Donden, on a une vue splendide sur la baie de Ryotsu, le lac Kamo et les rizières de la plaine, mais aussi, par temps clair, sur l’île principale de Honshu. Le sommet est un plateau recouvert de fleurs sauvages à la belle saison où il est possible de camper.

 

 

 

A côté de Ryotsu, il y a des complexes hôteliers pour onsen Sumiyoshi et Shiizaki. Trop touristiques, je me suis rendue à l’onsen typique du village Niiba Katagami. Après un trajet de 20 mn, je suis arrivée en pleine campagne sauvage avec quelques maisons clairsemées parmi les cultures de riz. J’ai été émerveillée par la végétation et ses teintes variées, par l’architecture ancienne des maisons et leurs jardins, par l’odeur de la nature…

 

Ne voyant pas l’onsen, j’ai demandé à une vieille paysanne qui avait une pêche extraordinaire où se trouvait-il. J’ai compris qu’il était sur la droite après le pont. Passé ce pont, toujours rien à l’horizon. J’ai continué hésitante quand tout à coup j’ai vu au loin sur le côté droit de la route un serpent qui bougeait sa queue sans avancer. Bizarre ! Je ne vous raconte pas dans quel état j’ai été : chaire de poule et prête à m’évanouir car les serpents sont ma hantise surtout le mamushi dangereuse vipère dont j’ai été prévenue. Puisque je devais avancer et qu’il n’y avait personne, je me suis rapprochée et remarquée soulagée qu’il venait de se faire écrasé par une voiture. J’ai continué ma route au milieu de la chaussée cette fois-ci et je me suis jetée sur un des rares véhicules pour m’indiquer l’onsen. Il était à quelques mètres de moi mais le mamushi m’a fait perdre tout contrôle !
Quel bonheur de me retrouver dans l’onsen (eau volcanique de 44°C) entourée de mamies de plus de 80 ans ! Elles me parlaient et me souriaient mais je ne comprenais pas tout. Sortie de l’eau avec des vertiges et mon visage écarlate une mamie a vite remarqué mon piteux état et m’a aussitôt dirigée sous un ventilateur tout en me parlant. Partout au Japon vous êtes toujours dans des bons mains, on va jusqu’à anticiper vos besoins !

 

Raplapla, j’ai bu des vitamines pour reprendre des forces dans la salle d’attente où j’ai testé un fauteuil qui masse le dos, puis une autre machine pour les pieds que je déconseille. J’ai résisté à cette tortionnaire stoïquement jusqu’au bout, juste pour me sauver la face comme tout vrai japonais qui se respecte !).

 

 

En attendant le bus de retour, j’ai contemplé un vautour qui se régalait avec le mamushi. Une voiture s’est arrêtée devant lui mais il a pris tout son temps pour emprisonner le serpent dans des griffes avant de s’envoler. Bon débarras !

Après l’onsen j’ai foncé en bus (trajet de 1h) sur la côté opposée de l’île, à l’Ouest, pour visiter la baie Senkaku-wan, semblable au fjord de Norvège, un paysage sauvage de rochers érodés par la mer. Magnifique ! J’ai voulu prendre un bateau de pêcheurs qui fait le trajet jusqu’à Tassha mais la journée de travail était fini. J’ai regretté car une fenêtre permettait de voir le parc sous-marin. Pour me consoler, je pensais que j’aurais été malade vu la mer fort agitée.

 

 

Au dessus, sur la montagne, il a une forêt vierge où trône un cèdre âgé de 1000 ans, un géant surnommé Niosugi (Dieu des cèdres) ou Daiosugi (Grand Roi Cèdre). Gare aux mamushis !

J’ai eu le bonheur de manger des calamars et le turbo façon Sado, préparés au grill. Les spécialités de l’île sont les calamars (ika), poulpes (tako), turbo (sazae), abalone (awabi), huîtres (kaki), crevette Nanban, crabes rouges (benizuwai gain). Les poissons comme : limande (yanagi garei), autre sorte de limande (funabeta), sériole (buri), saumon masu… Les riz Koshihikari et Toki to Kurasu Sato (berceau des ibis du Japon). Pour finir, okesa kaki une variété de kaki plat et typique.

 

On sèche les calamars au solei l

 

Près de l’hôtel Toho, en sortant à droite, dans le quartier des bars et restaurants, Yebisu, il y a une petit poissonnier exceptionnel et pas cher. Dans la rue principale, il y a plein d’autres artisans. Je suis rentrée dans un des magasins juste pour acheter une bouteille d’eau et je suis sortie avec des cadeaux : un paquet de calamars grillés et un autre de petites saucisses sèches. Toujours aussi généreux ces Japonais !

Insolite !

 

Départ de Sado…

Kamikochi/Matsumoto _ 7.09.2014

 

Avant d’embarquer j’ai réalisé que je suis partie avec la clé de l’hôtel. Je l’ai laissée honteusement chez le jeune contrôleur de billets qui l’a certainement rendue à ma place. Le bateau de retour sentait le neuf ! Ultra moderne avec coin de jeux pour les enfants et même pour les adultes dont un mini-casino, chambres pour les animaux, coin business, shop, bar, resto, even plaza…

 

 

Arrivée au port de Niigata j’ai pris un plat populaire au Japon le kare (curry japonais) avant de prendre le train pour Matsumoto. Cette petite ville est connue pour son château bâti en 1504 surnommé Karasu-jō (château du corbeau) à cause de sa couleur noire.

 

Matsumoto, la nuit

 

J’ai pris un hôtel près de la gare afin de me faciliter le trajet le lendemain pour Kamikochi. Le soir j’avais mangé des beignets de poulpes takoyaki puis j’ai plongé dans le sento de l’hôtel (bain japonais) avant de m’écrouler dans mon lit.

 

Petit déjeuner à l’hôtel

 

Pour me rendre à Kamikochi, j’ai pris le train jusqu’à gare de Shin-Shimashima et de là un bus pour un trajet de 1h10mn. Dommage que je ne pouvais pas m’arrêter pour prendre des photos sur le trajet. La ville repose dans une étroite vallée à 1 500 mètres d’altitude, le long de la rivière Azusa, et elle est entourée par les hauts pics de la chaîne de Hatoka, du mont Yake et de mont Kasumizawa.

Photos prises du bus

 

A mon arrivée j’ai été très déçue par le nombre de gens présents sur le site. Je ne m’y attendais pas car je me suis imaginée un parc isolé où le calme règne. Pour me remonter le moral j’ai pique-niqué après quoi j’ai commencé une randonnée de 3h … avec mes détritus dans la sac car il n’y a aucune poubelle par respect pour l’environnement.

Pour me rendre à l’étang Taisho, j’ai traversé le pont suspendu Kappa qui surplombe les eaux transparentes de la rivière Azusa. Il offre une vue splendide sur le mont Oku-Hotaka (3 190 m).

 

 


« En 1915, le mont Yake (2 455 mètres d’altitude) entra en éruption et cracha de la lave et de la boue qui vinrent bloquer le cours de la rivière Azusa, formant un grand étang. Le paysage est empreint de mystère, avec la chaîne de Hotaka et le mont Yake en fond, alors que quelques arbres noircis entourent encore l’étang. » source www.tourisme-japon.fr/

La végétation est étonnante, en partie différente des Alpes européens. On y trouve entre autres des forêts de bouleaux et de mélèzes du Japon. Une autre particularité, l’eau des rivières et des lacs est translucide.

 

Nikko _ 9.09 > 10.09.2014

Nikko wao minai uchi wa, kekko to iu na
Si tu n’as pas vu Nikko, ne parle pas de splendeurs.
Proverbe

Nikko, à deux heures de train de Tokyo, fait partie du Patrimoine Mondial de L’UNESCO depuis 1999. Elle détient des chefs-d’oeuvres architecturaux classés Trésors Nationaux ou Patrimoine culturel important et en plus, elle se situe dans une nature époustouflante de beauté.

Nikko est l’attraction de tous les Japonais et touristes étrangers. Fort heureusement, à cette saison, il y avait peu de monde. J’aurais pu y profiter mais le temps a été impitoyable. La plupart du temps, le brouillard occultait les paysages que j’ai tant rêvé de découvrir ! D’autre part, je voulais éviter au maximum le Nikko touristique connu pour ses temples et les mausolées du premier shogoun de la période Tokugawa (1600-1868), Tokugawa Ieyasu.

A peine arrivée, je me suis enfouie de la ville en bus pour rejoindre la cascade Kegon et le lac Chuzenji.

Les chutes Kegon, les plus célèbres du Japon se trouvent à 5 mn à pied de l’arrêt de bus Chuzenji Onsen. Elles figurent parmi les trois plus grandes du pays (97 m hauteur) et sont formées par le lac Chuzenji. Dans la passé, c’était l’endroit de prédilection pour les suicides d’amoureux !

 

Sur le mont Nantai, un culte bouddhiste a lieu tous les ans, début août. Des pèlerins fidèles, vêtus de blanc escaladent la montagne, vivent en ermite et prennent des bains d’eau glacée pour atteindre l’illumination.

 

Ce lac Chuzenji, se trouve à 1269 m altitude et a été formé par l’éruption volcanique du mont Nantai (superficie 11,62 km2). Sa beauté fut un choc visuel ! Les montagnes au loin baignaient dans le brouillard. Je me suis dit, ce n’est pas grave je reviendrai demain pour mieux voir. Pensez-vous, le lendemain s’était pire, mais quelle lumière ! Le lac et le ciel se confondaient. Tout à coup, à l’horizon, apparût une ligne de lumière qui séparait la surface du lac et le ciel. On aurait dit un tableau de Rothko ! Que demander de plus ? Puis, progressivement, les montagnes ont légèrement réapparus.

 

Lac Chuzenji le 2ème jour

 

J’avais prévue de me rendre à l’observatoire Akechidaira, prendre le téléphérique pour admirer le lac Chuzenji, les chutes Kegon et le mont Nantai mais impossible à cause du brouillard.

Je suis redescendu en bus dans la ville pour visiter le jardin botanique et les sites alentour. Une pluie fine a commencé à tomber mais sans me décourager j’ai traversée la rivière Daiya pour pénétrer dans une forêt dense et sombre, pleine de mystère. Je me suis laissée guidée par le petit chemin séculaire. Je suis passée devant un cimetière paisible où on sent la présence des kamis… inoffensifs. Des escaliers m’ont amené jusqu’à la tour divine Reihi-Kaku. Elle a été construite sur un rocher en 1654 par le prêtre Kokai qui allumait un feu et priait pour le paix dans le monde. L’ancien édifice a été emporté par les inondations en 1902 et remplacé en 1971.

De cet endroit on peut admirer Kanman-ga-fuchi Abyss formées par le volcan Nantai. Une pluie diluvienne m’avait empêchée de continuer ma route. Fort heureusement, j’ai pu m’abriter sous la tour. J’ai constaté que paradoxalement, le bruit assourdissant des gorges de Daiya a un effet calmant, lieu idéal pour la méditation.

 

Après un bon moment j’ai enfin pu reprendre le chemin et suis tombée sur Narabi-Jizo, des statues Jizo (divinité bouddhique protectrice des enfants décédés) alignées face à la rivière qu’elles fixent du regard depuis des siècles. A l’origine il y en avait une centaine, mais à ce jour il en reste 74. Elles guident les pas vers le temple Jiunji.

 

 

J’ai repris le bus pour descendre au pont Shinkyo. « Le Pont Sacré, entièrement laqué de vermillon, forme une arche gracieuse au dessus de la rivière Daiya. Son raffinement contraste avec la nature sauvage de la gorge. La légende rapporte que l’ermite à l’origine de Nikko a traversé la rivière porté par deux serpents, représentés aujourd’hui par le pont. A l’époque féodale, seul l’empereur avait le droit de traverser le pont. Il ouvre sur tout le site de Toshogu par un parc de 16 000 cèdres. » www.tourisme-japon.fr

 

 

Il me restait moins de 20 mn pour monter jusqu’au temple Rinnoji, fondé en 766 par l’ermite bouddhiste Shodo Shonin à l’origine du site de Nikko. J’ai monté des vieilles marches interminables pour pénétrer dans une majestueuse foret de cèdres. La nuit est tombée brutalement mais j’ai tout de même réussi à immortaliser l’atmosphère paisible et sacrée que ce lieu dégageait. Je me suis laissée envoûtée par le bruit d’une petite rivière et le crépitement de la végétation.

 

 

Autour du lac Chuzenji, il y a de nombreux restaurants, magasins de souvenirs, hôtels et auberges traditionnelles la plupart avec onsen. J’ai préféré profiter de l’onsen d’un hôtel situé au centre de Nikko. La nuit, dans mon bain extérieur entouré d’un jardin japonais, j’ai pu admirer la pleine lune (tsuki). Mémorable !

D’ailleurs, il y a un verbe en japonais tsukimi qui se traduit par regarder la lune et l’O-tsukimi, « Contemplation de la Lune » est une fête célébrant la lune, les récoltes, la fin des moissons, avec des offrandes de saison : fruits, grandes graminées susuki, boulettes de riz rondes comme la lune (dango). C’est un passe temps favoris des Japonais depuis la nuit des temps. Tsukuyomi est le dieu de la lune et son nom est une combinaison entre les mots lune (tsuki) et lecture (yomu).

Déjà quatre heures…
Je me suis levé neuf fois
Pour admirer la lune
Bashô

Somnolant sur mon nourri
Rêvasseries
La lune au loin
Fumée du thé
Bashô

Connaissez-vous la légende de la lune ?
http://www.japoninfos.com/pourquoi-y-a-t-il-un-lapin-sur-la-lune-19012014.html

Avant de me rendre sur l’île d’Oshima, j’ai voulu absolument aller au lac Mototsu d’où je pouvais admirer le mont Fuji. La météo est restée capricieuse et m’a empêché de réaliser ce dont j’ai tant rêvé, voir Fuji san. Il me restait qu’à me contenter d’admirer la reproduction de ce paysage d’exception imprimé sur le billet de 1000 yens qui manque de charme et de couleur !

Même le grand poète Bashô ne l’a pas vu lors d’un pèlerinage ! La lecture de ses deux haiku m’a consolé !

Brume et pluie.
Fuji caché. Mais maintenant je vais
Content.

Sur l’éventail
Je mets le vent venant du mont Fuji.
Voilà le souvenir d’Edo.

Connaissez-vous la légende du mont Fuji ?
C’est le lieu de résidence des dieux, en particulier de Fuji-hime, fille du dieu des montagnes. Pour les shintoïste elle est la déesse des floraisons et la protectrice du Fuji san. Des sanctuaires lui sont dédiés dont le réputé temple Sengen afin d’apaiser ce volcan qui risque de ce réveiller à tout moment. Dernière éruption date de 1707 (16 au total depuis l’année 781) mais suite au terrible séisme de mars 2011, les profondeurs du volcan auraient été abîmées.
Aux bouddhistes par contre, c’est sa forme qui rend Fuji san sacré. Elle rappelle le bouton blanc et les huit pétales de la fleur de lotus (fleur emblématique de Bouddha). Ce caractère sacré a interdit l’ascension aux femmes jusqu’en 1872.

Depuis toujours, le mont Fuji a inspiré tous les arts, et non seulement les célèbres maîtres des estampes comme Hokusai, Hiroshige et Utagawa.

Ile d’Oshima

Ile d’Oshima _ 11.09 > 14.09.2014

J’ai pris le bateau rapide de Tokyo pour l’île d’Oshima, la plus grande île de l’archipel d’Izu dans l’océan Pacifique. Son nom signifie « île du printemps éternel » en raison de la douceur de son climat.

Port de Tokyo
Ile Oshima

 

Oshima est connue pour son huile de camélia qu’on utilise comme l’huile d’olive, autant pour le corps et les cheveux que pour la cuisine. Avec 3 millions de camélias sur l’île (Camellia Japonica), cette fleur est le symbole d’Oshima. Elle a même un jardin botanique Tsubaki Camelia de 7 hectares avec 5000 camélias qui fleurissent entre janvier et mars. Je ne savais pas que l’huile de camélias que je m’étais procurée à Kyoto en 2012 venait d’Oshima. Je l’avais acheté après avoir lu que les femmes l’utilisaient pour leur cheveux depuis la période Heian, surtout les geishas et les sumo.
Le costume national est à damiers noir et blanc avec un tablier sur lequel sont brodées des fleurs de camélias.

Les autres îles de l’archipel d’Izu sont :
Toshima « Île bénéfique »
Niijima « Nouvelle île » née en août 2014 et qui continue à s’agrandir
Shikinejima 3,9 km², 99 m)
Kōzushima (神津島?, « Île du port divin »
Miyakejima (三宅島?, « Île des trois maisons »
Mikurajima (御蔵島?, « Île entrepôt »
Hachijōjima (八丈島?, « Île de huit jō »
Aogashima (青ヶ島?, « Île bleue »

En octobre 2013, un typhon a ravagé l’île causant des grands dégâts et faisant une cinquantaine de disparus.

J’ai débarqué sur l’île 1h45 plus tard dans le petit port d’Okata. Je suis rentrée à l’office de tourisme et là, stupeur, personne ne parlait anglais ! J’ai sorti la carte et j’ai montré que je souhaitais aller à l’hôtel avec onsen qui se trouve à la base du volcan Mihara.

Île d’Oshima et son volcan Mihara au centre

Entre temps, arrive un Monsieur qui me parle tout en montrant son écusson en kanji. J’avais à peu près compris que c’est lui le chauffeur qui emmène les clients à cet hôtel là. Je demande combien ça coûte une chambre. Il sort un magazine, en kanji également, et me demande si je prendrai le petit déjeuner et le dîner à l’hôtel. J’ai répondu que ça dépendait du prix. Il me dit 9 000 Y/personne. Un peu cher vu notre budget restant mais que faire lorsqu’on ne se comprend pas et qu’on est sans voiture !

Avant de rentrer dans le bus, il me prend à part et me note sur un papier 9000Y – 3000Y = 6000Y. Je lui demande c’est quoi les 3000Y ? Il me répond : enjo ! Je cherche dans mon dictionnaire japonais-anglais et là je pâlis ! La traduction disait : support, backing ! Tout à coup, me voilà choquée ! Je me demandais, suis-je bien au Japon ? Certes, Oshima c’est une île, mais ce type me demande-t-il un pourboire et en échange il baisse le prix de la chambre ? J’ai commencé à lui dire que je parlais peu japonais que je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire… tout en priant le bon Dieu que ce type ne me « roule » pas car jamais je n’aurais survécu à une déception venant d’un Japonais que je chéris justement pour leurs qualités comme le respect, l’honnêteté, la générosité, la serviabilité….

Je monte dans le bus contrariée, j’arrive à l’hôtel et je vois un employé occidental qui parlait parfaitement l’anglais et le japonais bien sûr. On commence à discuter puis il est tiré à part par ce chauffeur puis on me demande de m’assoir pour parler des prix puis je demande tout à coup fâchée : « mais qu’est-ce qu’il nous veut ce Monsieur, depuis le port il nous colle ! » Et là, il me répond, il ne veut rien, juste vous proposer le meilleur prix, c’est le patron de l’hôtel et des bateaux ! Et là, je me suis sentie traversée par tant de sentiments confus : d’abord, la honte qui a fait place au grand soulagement et à la reconnaissance.

L’hôtel Oshima Onsen est isolé à une altitude de 500 mètres et offre une vue magnifique sur le volcan Miharayama, dont il est séparé par une forêt sur un plateau légèrement en contrebas. On nous a offert une chambre japonaise spacieuse et sublime. Elle sentait bon la paille des tatamis.
L’architecture intérieure japonaise a, d’après Maurice Pinguet « une triple vertu : cordialité de l’espace, discrétion des fonctions, sincérité de la matière et de la forme.
De mon onsen extérieur j’ai pu admirer le volcan.
Volcan Mihara

 

Volcan Mihara vu de mon onsen extérieur
Onsen extérieur

 

Jardin entourant l’onsen

 

Je flottais… de bonheur !

 

Restée dans l’onsen jusqu’à la tombée de la nuit

La nourriture a été exquise ! Jamais, je n’ai mangé aussi bien au Japon à part les kaiseki à Kyoto ! Au petit déjeuner nous avons eu un buffet à volonté. Le diner, c’était de la gastronomie pure !

J’y ai savouré tant de spécialités dont :
la fondue à l’huile de camélia, brochettes de légumes frits
tsubaki : des légumes, homard et poissons présentés sur des brochettes sont trempés dans de la pâte pour tempura et cuits directement dans un mélange d’huile de camélia et d’huile végétale.
kusaya (sorte de poisson séché : poissons volants ou « aomuro » que l’on fait macérer dans la sauce « kusaya » – dont la recette est vieille de plus de cent ans – et que l’on fait ensuite sécher à l’extérieur)
des sashimi qui fondaient dans la bouche
bu et mangé de l’Ashitaba, une angélique (Angelica keiskei) qui de par ses nombreuses propriétés médicinales assure la longévité. J’en ai consommé malgré le goût de « pétrole » que je n’affectionnais point, mais puisque c’est bon pour la santé… j’ai pincé mon nez et hop tout est passé !

1er diner
2ème diner
3ème diner

 

Le mont Miharayama un autre symbole de Oshima, est l’un des volcans actifs les plus grands du monde (avec Kilauea à Hawaii et le Stromboli en Italy). Sa dernière éruption date de novembre 1986 et tous les habitants de l’île ont dû être évacués. Culminant à 764 mètres, nous avons pu arriver à son cratère en une heure de marche. Par temps clair, il est possible d’apercevoir la côte de Honshu et même le mont Fuji depuis le sommet.

Grâce à son parcours pédestre j’ai pu traverser le désert de « Ura-sabaku », vaste plateau constitué de roches volcaniques noires qui créent un paysage lunaire. Il m’a été facile de monter jusqu’au cratère mais alors pour redescendre, quelle histoire ! N’ayant pas de chaussures adéquates, je descendais à 1 km à l’heure parfois avec les fesses, tellement mes baskets glissaient ! Sans parler du soleil qui m’a brûlée pire que l’aurait fait la lave du volcan. Je n’étais pas randonneuse ni de passion ni de métier et j’en ai payé les conséquences en ignorant les dangers : chaleur, déshydratation, animaux sauvages… Nous avons mis 5h pour faire 9 km. Mais je ne regrette rien ! Le spectacle a été impressionnant : le volcan grondait de temps en temps et il expectorait des fumerolles non toxiques du moins ce qu’il était indiqué. Je me souviens d’avoir vu partout des appareils pour détecter le moindre de ses soubresauts.

Le malheureux incident du mont Ontake (3067 m) qui, après une éruption brutale le 27 septembre dernier, a tué plus de 55 randonneurs, prouve que malgré une technologie ultra perfectionnée, il est impossible de prédire, évaluer ou localiser les séismes. La nature surpasse l’homme et la science.

 

Le 2ème cratère

 

En bas, la mer bleue

 

En bas, la mer bleue

 

Mer et ciel se confondent

 

Au loin, une petite île

 

En bas, la mer

 

Sur le mont Mihara j’ai croisé quelques randonneurs dont un vieux couple qui séjournait au même hôtel que nous. La femme m’a posé plein de questions. Ah, vous êtes Française, vous voulez un bonbon français ? et là elle m’a sorti des petits anisés, prenez aussi pour votre mari. Et lorsque je lui ai répondu pourquoi j’adorais le Japon, elle s’est mise à me chanter une chanson populaire Sakura. J’ai été à la fois émue et fort embarrassée.

Et enfin, jamais je n’oublierai Takenaka san et son épouse ainsi que Shafir (mi-égyptien, mi-italien) pour leur accueil. Takenaka san nous a conduit jusqu’aux marches du bateau avec sa voiture et nous nous sommes quittés avec des larmes aux yeux lorsqu’il nous a salué de ses deux bras !

Retour vers Tokyo…


Hayama, péninsule de Miura _ 15.09 >16.09.2014

La petite ville de Hayama est connue pour sa plage et pour la villa impériale Hayama Goyotei où la famille impériale séjourne régulièrement. La plage privée de l’Empereur, dénommée Tenno Beach est entourée de rochers qui la rendent discrète.

D’ailleurs, la famille était présente et la police m’a interdit (de manière polie avec grands sourires, svp !) de prendre la moindre photo alors que mon regard a été attirée par la beauté d’un pont. J’ai été très marquée par le civisme des policiers. Postés à tous les coins de rues, tous vous saluent joyeusement et en premier dès que vous les croisez. Fantastique tout de même !

J’ai dormi au ryokan Taikaiso situé juste en face de la plage de Chojagasaki. Un petit bijou, un havre de paix.

 

Ma terrasse

 

Vue de la terrasse

 

Je savais que d’ici je pouvais apercevoir Fuji san. Je ne voulais pas quitter le Japon sans le voir. Le ciel était bleu et fort ensoleillé. J’ai regardé devant, au loin, mais rien à l’horizon !

Dans la soirée, je suis retournée me promener sur la plage et j’ai remarqué au loin des montagnes qui n’étaient pas visibles la journée. Je me suis dirigée vers un vieux pêcheur pour lui demander : dans quelle direction chercher Fuji san. Il m’a regardé avec étonnement et me l’a indiqué avec son bras. Et là, tout à coup, je l’ai vu ! Juste le haut du cône mais cela m’a suffit de me remplir de joie. Je l’ai longuement regardé et longtemps guetté lors de mes va-et-vient sur la plage avec le grand espoir qu’il va finir par se dévoiler un peu plus… Mes les nuages et le brouillard provoqué par la chaleur ne voulaient pas le « dévêtir ».

Entre les pays de Kai et de Suruga se dresse haut le sommet du Mont Fuji.
Les nuages au ciel s’attardent dans leur course.
Les oiseaux mêmes ne peuvent s’élever au-dessus.
Les feux qui brûlent, par ses neiges sont éteints et les neiges qui tombent, ses feux consument.
Je ne peux parler de lui.
Je ne peux lui donner un nom, à ce dieu mystérieux.
Extrait du Man’yōshū (recueil des dix mille feuilles), la plus ancienne (~760) anthologie de poésies japonaises

 


Dans ce ryokan le propriétaire fait de la musique, il joue de la guitare et chante dans son salon lors des moments de solitude. Il est fort sympathique et sa fille adorable. Elle parle parfaitement français. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a répondu parce qu’elle a toujours aimé Sophie Marceau ! Chacun sa raison pour apprendre une langue étrangère. Lors de mon départ elle a couru pour m’offrir un cadeau : une pochette pour mouchoirs fait de ses mains et un timbre avec Murashiki Shikibu, la première romancière universelle qui a écrit Le dit de Genji. Elle a consulté mon premier blog et appris que j’appréciais cette femme ! Son père, m’a offert un teeshirt de l’hôtel : un chat qui fait du surf sur la mer du Pacifique à Hayama Bech… lieu de prédilection des surfeurs. D’ailleurs, personne en bikini sur la plage ! Serait-il dû au risque de tsunami indiqué sur tous les poteaux éléctriques proche de la mer ? Sur chacun est indiqué la hauteur que la vague puisse atteindre. Sur un d’eux était indiqué 10m ! Sueurs froides assurées ! Difficile d’imaginer le mal alors que la mer est si belle et paisible.

Dernières photos à Hayama en attendant le bus.

Tandis que j’étais à Hayama, à Tokyo a eu lieu un grand tremblement de terre de magnitude 5,6. Cette année encore, j’ai échappé de justesse à une telle expérience.

Narita _ 16.09.2014

Dès que qu’on arrive à Narita, ville proche de l’aéroport, on sait que les vacances sont finis. J’ai quitté le Japon le 17.09 à 10h30 et comme à chaque fois, partir devient synonyme d’arrachement.

Mais, une fois arrivée chez moi, au fur et à mesure que les crises de mélancolies s’espacent, je me console en pensant à mes futures projets de voyages au Japon : Hokkaido, Kyushu et bien évidemment Tokyo !