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Ile d’Oshima

Ile d’Oshima _ 11.09 > 14.09.2014

J’ai pris le bateau rapide de Tokyo pour l’île d’Oshima, la plus grande île de l’archipel d’Izu dans l’océan Pacifique. Son nom signifie « île du printemps éternel » en raison de la douceur de son climat.

Port de Tokyo
Ile Oshima

 

Oshima est connue pour son huile de camélia qu’on utilise comme l’huile d’olive, autant pour le corps et les cheveux que pour la cuisine. Avec 3 millions de camélias sur l’île (Camellia Japonica), cette fleur est le symbole d’Oshima. Elle a même un jardin botanique Tsubaki Camelia de 7 hectares avec 5000 camélias qui fleurissent entre janvier et mars. Je ne savais pas que l’huile de camélias que je m’étais procurée à Kyoto en 2012 venait d’Oshima. Je l’avais acheté après avoir lu que les femmes l’utilisaient pour leur cheveux depuis la période Heian, surtout les geishas et les sumo.
Le costume national est à damiers noir et blanc avec un tablier sur lequel sont brodées des fleurs de camélias.

Les autres îles de l’archipel d’Izu sont :
Toshima « Île bénéfique »
Niijima « Nouvelle île » née en août 2014 et qui continue à s’agrandir
Shikinejima 3,9 km², 99 m)
Kōzushima (神津島?, « Île du port divin »
Miyakejima (三宅島?, « Île des trois maisons »
Mikurajima (御蔵島?, « Île entrepôt »
Hachijōjima (八丈島?, « Île de huit jō »
Aogashima (青ヶ島?, « Île bleue »

En octobre 2013, un typhon a ravagé l’île causant des grands dégâts et faisant une cinquantaine de disparus.

J’ai débarqué sur l’île 1h45 plus tard dans le petit port d’Okata. Je suis rentrée à l’office de tourisme et là, stupeur, personne ne parlait anglais ! J’ai sorti la carte et j’ai montré que je souhaitais aller à l’hôtel avec onsen qui se trouve à la base du volcan Mihara.

Île d’Oshima et son volcan Mihara au centre

Entre temps, arrive un Monsieur qui me parle tout en montrant son écusson en kanji. J’avais à peu près compris que c’est lui le chauffeur qui emmène les clients à cet hôtel là. Je demande combien ça coûte une chambre. Il sort un magazine, en kanji également, et me demande si je prendrai le petit déjeuner et le dîner à l’hôtel. J’ai répondu que ça dépendait du prix. Il me dit 9 000 Y/personne. Un peu cher vu notre budget restant mais que faire lorsqu’on ne se comprend pas et qu’on est sans voiture !

Avant de rentrer dans le bus, il me prend à part et me note sur un papier 9000Y – 3000Y = 6000Y. Je lui demande c’est quoi les 3000Y ? Il me répond : enjo ! Je cherche dans mon dictionnaire japonais-anglais et là je pâlis ! La traduction disait : support, backing ! Tout à coup, me voilà choquée ! Je me demandais, suis-je bien au Japon ? Certes, Oshima c’est une île, mais ce type me demande-t-il un pourboire et en échange il baisse le prix de la chambre ? J’ai commencé à lui dire que je parlais peu japonais que je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire… tout en priant le bon Dieu que ce type ne me « roule » pas car jamais je n’aurais survécu à une déception venant d’un Japonais que je chéris justement pour leurs qualités comme le respect, l’honnêteté, la générosité, la serviabilité….

Je monte dans le bus contrariée, j’arrive à l’hôtel et je vois un employé occidental qui parlait parfaitement l’anglais et le japonais bien sûr. On commence à discuter puis il est tiré à part par ce chauffeur puis on me demande de m’assoir pour parler des prix puis je demande tout à coup fâchée : « mais qu’est-ce qu’il nous veut ce Monsieur, depuis le port il nous colle ! » Et là, il me répond, il ne veut rien, juste vous proposer le meilleur prix, c’est le patron de l’hôtel et des bateaux ! Et là, je me suis sentie traversée par tant de sentiments confus : d’abord, la honte qui a fait place au grand soulagement et à la reconnaissance.

L’hôtel Oshima Onsen est isolé à une altitude de 500 mètres et offre une vue magnifique sur le volcan Miharayama, dont il est séparé par une forêt sur un plateau légèrement en contrebas. On nous a offert une chambre japonaise spacieuse et sublime. Elle sentait bon la paille des tatamis.
L’architecture intérieure japonaise a, d’après Maurice Pinguet « une triple vertu : cordialité de l’espace, discrétion des fonctions, sincérité de la matière et de la forme.
De mon onsen extérieur j’ai pu admirer le volcan.
Volcan Mihara

 

Volcan Mihara vu de mon onsen extérieur
Onsen extérieur

 

Jardin entourant l’onsen

 

Je flottais… de bonheur !

 

Restée dans l’onsen jusqu’à la tombée de la nuit

La nourriture a été exquise ! Jamais, je n’ai mangé aussi bien au Japon à part les kaiseki à Kyoto ! Au petit déjeuner nous avons eu un buffet à volonté. Le diner, c’était de la gastronomie pure !

J’y ai savouré tant de spécialités dont :
la fondue à l’huile de camélia, brochettes de légumes frits
tsubaki : des légumes, homard et poissons présentés sur des brochettes sont trempés dans de la pâte pour tempura et cuits directement dans un mélange d’huile de camélia et d’huile végétale.
kusaya (sorte de poisson séché : poissons volants ou « aomuro » que l’on fait macérer dans la sauce « kusaya » – dont la recette est vieille de plus de cent ans – et que l’on fait ensuite sécher à l’extérieur)
des sashimi qui fondaient dans la bouche
bu et mangé de l’Ashitaba, une angélique (Angelica keiskei) qui de par ses nombreuses propriétés médicinales assure la longévité. J’en ai consommé malgré le goût de « pétrole » que je n’affectionnais point, mais puisque c’est bon pour la santé… j’ai pincé mon nez et hop tout est passé !

1er diner
2ème diner
3ème diner

 

Le mont Miharayama un autre symbole de Oshima, est l’un des volcans actifs les plus grands du monde (avec Kilauea à Hawaii et le Stromboli en Italy). Sa dernière éruption date de novembre 1986 et tous les habitants de l’île ont dû être évacués. Culminant à 764 mètres, nous avons pu arriver à son cratère en une heure de marche. Par temps clair, il est possible d’apercevoir la côte de Honshu et même le mont Fuji depuis le sommet.

Grâce à son parcours pédestre j’ai pu traverser le désert de « Ura-sabaku », vaste plateau constitué de roches volcaniques noires qui créent un paysage lunaire. Il m’a été facile de monter jusqu’au cratère mais alors pour redescendre, quelle histoire ! N’ayant pas de chaussures adéquates, je descendais à 1 km à l’heure parfois avec les fesses, tellement mes baskets glissaient ! Sans parler du soleil qui m’a brûlée pire que l’aurait fait la lave du volcan. Je n’étais pas randonneuse ni de passion ni de métier et j’en ai payé les conséquences en ignorant les dangers : chaleur, déshydratation, animaux sauvages… Nous avons mis 5h pour faire 9 km. Mais je ne regrette rien ! Le spectacle a été impressionnant : le volcan grondait de temps en temps et il expectorait des fumerolles non toxiques du moins ce qu’il était indiqué. Je me souviens d’avoir vu partout des appareils pour détecter le moindre de ses soubresauts.

Le malheureux incident du mont Ontake (3067 m) qui, après une éruption brutale le 27 septembre dernier, a tué plus de 55 randonneurs, prouve que malgré une technologie ultra perfectionnée, il est impossible de prédire, évaluer ou localiser les séismes. La nature surpasse l’homme et la science.

 

Le 2ème cratère

 

En bas, la mer bleue

 

En bas, la mer bleue

 

Mer et ciel se confondent

 

Au loin, une petite île

 

En bas, la mer

 

Sur le mont Mihara j’ai croisé quelques randonneurs dont un vieux couple qui séjournait au même hôtel que nous. La femme m’a posé plein de questions. Ah, vous êtes Française, vous voulez un bonbon français ? et là elle m’a sorti des petits anisés, prenez aussi pour votre mari. Et lorsque je lui ai répondu pourquoi j’adorais le Japon, elle s’est mise à me chanter une chanson populaire Sakura. J’ai été à la fois émue et fort embarrassée.

Et enfin, jamais je n’oublierai Takenaka san et son épouse ainsi que Shafir (mi-égyptien, mi-italien) pour leur accueil. Takenaka san nous a conduit jusqu’aux marches du bateau avec sa voiture et nous nous sommes quittés avec des larmes aux yeux lorsqu’il nous a salué de ses deux bras !

Retour vers Tokyo…


Hayama, péninsule de Miura _ 15.09 >16.09.2014

La petite ville de Hayama est connue pour sa plage et pour la villa impériale Hayama Goyotei où la famille impériale séjourne régulièrement. La plage privée de l’Empereur, dénommée Tenno Beach est entourée de rochers qui la rendent discrète.

D’ailleurs, la famille était présente et la police m’a interdit (de manière polie avec grands sourires, svp !) de prendre la moindre photo alors que mon regard a été attirée par la beauté d’un pont. J’ai été très marquée par le civisme des policiers. Postés à tous les coins de rues, tous vous saluent joyeusement et en premier dès que vous les croisez. Fantastique tout de même !

J’ai dormi au ryokan Taikaiso situé juste en face de la plage de Chojagasaki. Un petit bijou, un havre de paix.

 

Ma terrasse

 

Vue de la terrasse

 

Je savais que d’ici je pouvais apercevoir Fuji san. Je ne voulais pas quitter le Japon sans le voir. Le ciel était bleu et fort ensoleillé. J’ai regardé devant, au loin, mais rien à l’horizon !

Dans la soirée, je suis retournée me promener sur la plage et j’ai remarqué au loin des montagnes qui n’étaient pas visibles la journée. Je me suis dirigée vers un vieux pêcheur pour lui demander : dans quelle direction chercher Fuji san. Il m’a regardé avec étonnement et me l’a indiqué avec son bras. Et là, tout à coup, je l’ai vu ! Juste le haut du cône mais cela m’a suffit de me remplir de joie. Je l’ai longuement regardé et longtemps guetté lors de mes va-et-vient sur la plage avec le grand espoir qu’il va finir par se dévoiler un peu plus… Mes les nuages et le brouillard provoqué par la chaleur ne voulaient pas le « dévêtir ».

Entre les pays de Kai et de Suruga se dresse haut le sommet du Mont Fuji.
Les nuages au ciel s’attardent dans leur course.
Les oiseaux mêmes ne peuvent s’élever au-dessus.
Les feux qui brûlent, par ses neiges sont éteints et les neiges qui tombent, ses feux consument.
Je ne peux parler de lui.
Je ne peux lui donner un nom, à ce dieu mystérieux.
Extrait du Man’yōshū (recueil des dix mille feuilles), la plus ancienne (~760) anthologie de poésies japonaises

 


Dans ce ryokan le propriétaire fait de la musique, il joue de la guitare et chante dans son salon lors des moments de solitude. Il est fort sympathique et sa fille adorable. Elle parle parfaitement français. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a répondu parce qu’elle a toujours aimé Sophie Marceau ! Chacun sa raison pour apprendre une langue étrangère. Lors de mon départ elle a couru pour m’offrir un cadeau : une pochette pour mouchoirs fait de ses mains et un timbre avec Murashiki Shikibu, la première romancière universelle qui a écrit Le dit de Genji. Elle a consulté mon premier blog et appris que j’appréciais cette femme ! Son père, m’a offert un teeshirt de l’hôtel : un chat qui fait du surf sur la mer du Pacifique à Hayama Bech… lieu de prédilection des surfeurs. D’ailleurs, personne en bikini sur la plage ! Serait-il dû au risque de tsunami indiqué sur tous les poteaux éléctriques proche de la mer ? Sur chacun est indiqué la hauteur que la vague puisse atteindre. Sur un d’eux était indiqué 10m ! Sueurs froides assurées ! Difficile d’imaginer le mal alors que la mer est si belle et paisible.

Dernières photos à Hayama en attendant le bus.

Tandis que j’étais à Hayama, à Tokyo a eu lieu un grand tremblement de terre de magnitude 5,6. Cette année encore, j’ai échappé de justesse à une telle expérience.

Narita _ 16.09.2014

Dès que qu’on arrive à Narita, ville proche de l’aéroport, on sait que les vacances sont finis. J’ai quitté le Japon le 17.09 à 10h30 et comme à chaque fois, partir devient synonyme d’arrachement.

Mais, une fois arrivée chez moi, au fur et à mesure que les crises de mélancolies s’espacent, je me console en pensant à mes futures projets de voyages au Japon : Hokkaido, Kyushu et bien évidemment Tokyo !

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