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Fêtes de Noël et Nouvel An

du 24 déc 2013 au 2 janvier 2014

Ce 3ème voyage au Japon a été exceptionnel car j’ai eu la chance de séjourner durant une semaine chez des amis. Cela m’a permis de partager pour la première fois le quotidien d’une famille japonaise. C’est chose rare au Japon et un signe important d’amitié. Ils m’ont accordé toute leur attention et laissé profiter de leur immensurable générosité. 

J’ai atterri avec une joie colossale le jour de mon anniversaire le 24 décembre 2013, à 9h45. J’allais rester chez mes amis pour la période des fêtes de Noël et de Nouvel An. Me sachant assoiffée et passionnée par leurs us et coutumes, ils me les ont fait vivre intensément autant sur le plan culinaire que religieux.

La veille, le 23 décembre, le Japon a fêté l’anniversaire de l’empereur actuel, Akihito tennô tanjôbi.

Noël n’est pas particulièrement fêté, par contre le Nouvel An est l’un des événements les plus importants de l’année. Seule période où tout le monde freine le travail pour les loisirs et qui permet à tous de se réunir en famille.
De son côté, l’Empereur salue, le jour de l’An, le ciel et la terre, les montagnes, la constellation de l’année et les quatre Dieux qui résident dans les quatre directions.

 Le 31 décembre, mes amis m’ont fat découvrir les plats préparés spécialement pour le Nouvel An, l’osechi ryôri, présentés dans des sublimes boîtes bento superposées. Chaque aliment, exprime par son nom, un souhait de bonne santé et de bonne fortune pour toute la famille. Ce qui m’a surpris, c’était la poudre d’or dont on saupoudre les aliments et qui ne serait pas nocive pour la santé ! Pour manger, on utilise des baguettes festives, les iwaibashi, dont les extrémités sont pointues. Le choix de la vaisselle porcelaine ou céramique de formes et couleurs variées, reflète la saison. Le tout forme une véritable oeuvre d’art !

Osechi ryôri
 
Après le repas, un peu avant minuit, tout le monde se rend dans les temples bouddhistes et les sanctuaires shintoïstes pour prier hatsumôde. On demande la bonne santé et la joie de vivre durant la nouvelle année. J’en ai fait l’expérience après 40 mn d’attente dans une ambiance festive. L’un après l’autre on montait dans la tour où se trouvait l’énorme cloche. Pour prier, il faut jeter une pièce dans la boîte en bois spécifique, sonner 1 fois la cloche, incliner la tête 2 fois en guise de remerciement, taper 2 fois dans le mains et incliner la tête une dernière fois. Le son de celle-ci a retenti toute la nuit. A l’entendre sans relâche, elle a fini par m’envoûter.

Du tintement de la cloche
les ondes se confondent
avec la nuit sans fin
 
Shiki

Fraîcheur de l’air…
tintement de la cloche
qui de la cloche se détache 
Buson

Le 1er janvier, jour du ganjitsu (nouvel an), on a servi au petit déjeuner une soupe spéciale nommée o zôni qui contenait des légumes, des mochis (pâte de riz) et des scampis. Mais avant cela, nous avons trinqué avec du saké (du vin de riz) à la poudre d’or et avec le o toso, un saké macéré aux clous de girofles et mandarines. Les deux se boivent que le 1er jour de l’an et ils sont censés nous protéger des maladies tout au long de l’année. 
Au matin du 1er janvier, les Japonais envoient des cartes de voeux à leurs proches, dont des collègues de travail. La particularité de ces cartes, c’est que chacune porte un numéro, valable pour une grande loterie nationale de nouvel an. Je suppose que celui qui a bu plus de saké à la poudre d’or le matin même, a plus de chance de gagner ! 
Les décorations du Nouvel An sont spécifiques et souhaitent la bienvenue aux dieux au début de l’année. Il s’agit du kadomatsu (déposé de part et d’autre de la porte d’entrée), du shimekazari (déposé aux abords de l’entrée de la maison) et du kagamimochi (placé dans l’alcôve du salon, dans la cuisine ou ailleurs). Ce dernier est retiré le 10 janvier, lors de la fête dénommée kagamibiraki, pour être partagé et mangé dans une soupe traditionnelle de haricots rouge azuki.
Kagamimochi

Une autre fête importante en janvier, a lieu le 2ème lundi, seijin no hi le jour des nouveaux adultes, célébré que par ceux qui auront 20 ans dans l’année à venir. Cette fête invite à prendre ses responsabilités en tant qu’adulte.

Miyoshi – Nagoya

Miyoshi est une petite ville située dans la préfecture d’Aichi. Elle a comme centre d’intérêt deux temples dont Miyoshi-hachimansya (shinto) vêtu de blanc, que j’ai affectionné particulièrement.

Miyoshi-hachimansya(shinto)
Miyoshi-inarikaku(shinto)

Puis, un lac et une forêt qui vante la présence de plusieurs espèces d’oiseaux.

de quel arbre en fleur
je ne sais 
quel parfum
Bashô
le rossignol
dans le bosquet de jeunes bambous
chante son vieil âge
Bashô

Les maisons sont très coquettes avec leurs jardins ou pots de fleurs et d’arbustes ! La nature est omniprésente même dans les détails les plus infimes.


A Miyoshi, on trouve par contre tout ce qu’il faut pour régaler les papilles : un Izakaya et un restaurant à Teriyaki où je peux me vanter d’avoir dîné à côté d’un chef yakuza et son chauffeur-garde de corps sans avoir des sueurs froides. (Pour cela, j’ai pensé au côté heroï-comique des yakuzas dans les films de Kitano.)

Le grand avantage de cette bourgade est de se trouver à 40 mn en bus et métro de Nagoya, qui est la quatrième ville du Japon. 

Nagoya est à la fois le royaume de l’empire Toyota, une ville administrative et un grand centre universitaire. Les rues étant comblées d’une belle jeunesse, elles dégagent une constante énergie. Son architecture contemporaine ne m’a pas laissée indifférente. En dehors des immeubles réputés, j’ai remarqué quelques merveilles : des petites maisons individuelles ultramodernes.


A voir ? A l’arrêt de métro de la gare de Nagoya, Lucent Tower et Spiral Towers. A l’arrêt de métro Sakae, l’incontournable Oasis 21. Sur son toit, il y a un plan d’eau autour duquel on peut se promener. 
Couloirs souterrains menant à Lucent Tower
Spirale tower
Oasis 21
Tour radio et TV
Puis, à l’arrêt de métro Osu Kannon, vous trouverez le temple bouddhiste du même nom appartenant à la secte Shingon. Il abrite une grande collection de livres parmi lesquels se trouve la plus ancienne copie manuscrite du célèbre Kojiki qui décrit l’ancienne histoire mythologique du Japon. Il est situé dans un quartier plein de charme. J’y ai déniché même des cafés branchés… dont la particularité est de ne pas commercialiser les boissons du pays. Bières et thés japonais introuvables ! A retenir, une brocante a lieu tous les mois. On y trouve des trésors ! J’ai eu la chance d’y faire un tour le 28 décembre et d’acheter quelques merveilleuses antiquités : poteries, éventails…
Brocante Osu Kannon

La neige a commencé à tomber, alors avec mon amie, nous nous sommes réfugiées dans un restaurant où pour nous réchauffer nous avons commandé une soupe de la région nommée Kishime

J’ai refusé de visiter le château de Nagoya, une des principales attractions touristiques, du fait qu’il a été reconstruit en béton armé en 1959. Certes, à l’identique et sur le site d’origine où le grand shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) construisit le premier au XVII ème siècle. Toute la ville, dont le château, a subi la destruction massive durant la seconde guerre mondiale.

Je me suis aventurée jusqu’au port. Je m’imaginais un port titanesque, surchargé de bateaux, bruyant, monstrueux, angoissant… A la place, j’ai trouvé un lieu paisible où même les chats du quartier viennent se prélasser au soleil. Et ils vous snobent en plus, les fripouilles  ! 

Neko, le chat rossard


Komaki – Tajimi – Magome – Tsumago – Inuyama

Après Miyoshi, j’ai été hébergée chez les parents de mon amie à Komaki, préfecture de Gifu, qui m’a permis de visiter le temple Kokeizan Eihoji à Tajimi, puis les villages Magome et Tsumago.

le jardin en hiver
la lune telle un fil 
et quelques bruissements d’insectes
Bashô
 
Vue du salon sur le jardin – maison de Komaki

 

Chambre à tatamis dans la maison de Komaki

 

L’autel des ancêtres à Komaki

La maison de Miyoshi est contemporaine tout en restant de type japonais avec ses teintes blanches et beiges, sol en bois, portes coulissantes, grande terrasse à l’étage et son petit jardin au rez-de-chaussée. Sans oublier sa salle de bain à la japonaise avec douche et grande baignoire ultra-moderne  qui chauffe automatiquement l’eau de bain à 43°C et qui s’autonnetoie une fois vidée, son lave-linge dont le temps de lavage et la quantité d’eau utilisée dépend de la quantité de vêtements introduits (étonnant, lavage possible uniquement à l’eau froide !)

Celle de Komaki par contre, garde encore plus un côté traditionnel car les sols sont couverts de tatamis, les chambres n’ont pas de meubles, uniquement de « murs-armoires » fermés par des portes coulissantes, dans le salon : un canapé et une kotatsu (table basse, équipée de chauffage électrique placé en-dessous et recouverte d’une couette pour se réchauffer les jambes). Une baignoire profonde et courte où on s’accroupit, l’eau arrivant jusqu’au cou.

Dans les deux, j’ai dormi sur des futons. La nuit on arrête de chauffer les maisons. Celles-ci étant mal isolées au Japon, le chauffage central quasi-inexistants et le chauffage électrique trop cher, la nuit le froid pénètre tout. Néanmoins, le tapis de la chambre, le futon et la couverture sont électriques et à température réglable.

 

un dîner famille à Komaki sur la kotatsu
J’ai visité beaucoup de temples lors de mes voyages au Japon mais Kokeizan Eihoji, est un de ceux qui m’ont le plus marquée. Edifié en 1313, il appartient encore à Nanzen-ji, une branche du bouddhisme zen Rinzai et il se compte ce jour parmi les Trésors Nationaux. 
En descendant la montagne à travers une forêt de bambous et autres spécimens, 

 

la bise d’hiver
se réfugie dans les bambous
et se calme
Bashô
on tombe presque à genoux devant cette merveille qui nous paraît irréelle. On rentre brutalement dans une estampe et on se laisse capturer avec le désir de ne plus devoir ressortir. Dommage que les photos n’arrivent pas reproduire les émotions ressenties dans ce paysage de rêve. Des moines vivent sur place. Comment ne pas les jalouser ?!
 
La cuisine des moines
tombe 
en reversant son eau
une fleur de camélia
Bashô
Logements des moines
 
Le père de mon amie m’avait offert un Daruma, une figurine en bois modelée d’après Bodhidharma. Cela m’a obligé de faire un voeu et peindre un oeil en noir. Une fois le voeu réalisé, on peint le deuxième oeil et on écrit dessus la façon dont le vœu a été réalisé. Une manière d’apporter une réflexion sur la façon d’accomplir ce qui est désiré ! Si le voeu ne se réalise pas, on le renvoie au temple pour le brûler avant la fin de l’année. Le rituel de destruction indique aux kami que « l’on n’a pas renoncé à son souhait mais que l’on cherchera d’autres moyens pour qu’il se réalise. » J’aurais dû le laisser au temple car « prétentieuse » j’ai fait deux voeux au lieu d’un, à moins que je puisse éventuellement lui rajouter un 3ème oeil… au milieu du front !
 
 

Tsumago et Magome, deux villages situées dans la vallée de Kiso et datant de l’époque Edo  (ancienne Tokyo), sont les plus préservés du Japon. Ils se situent sur l’ancienne route Nakasendo, composés de 69 stations qui reliait la capitale Edo à Kyoto. Le sankin-kotai, système de résidence alternative exigeait que chaque daimyo envoie sa famille en représentation et partageait son temps entre le han et sa présence à Edo six mois par an. L’énorme dépense générée par le sankin-kotai permettait au pouvoir central des nobles de renforcer les alliances et au shogun de s’assurer de la loyauté des provinces, dont chaque famille pouvait devenir un otage.

Aujourd’hui, l’activité de ses villages est restée la même : artisanat, auberges et salons de thé. Les maisons sont étroites et profondes car à l’époque Edo, les impôts sur les maisons étaient calculés sur la longueur de la façade. Les forêts de cyprès de la vallée de Kiso servaient à la construction de châteaux, temples et sanctuaires. De ce fait, il était interdit aux habitants d’abattre le moindre arbre. Celui qui ne désobéissait à cette loi, était condamné à mort !

cimes des nuages
les voiles blanches au sud
formant un cortège
Issa
alentour
dans tout ce que le regard croise
fraîcheur !
Bashô
A Tsumago, j’ai visité une auberge secondaire de cette station étape, Waki-honjin Okuya transformée en musée. Celle-ci était reliée à une auberge principale honni. Les honni accueillaient uniquement les envoyés officiels du gouvernement. La particularité de cette auberge-ci est l’honneur qu’elle a eu d’héberger à l’époque l’empereur Meiji et la la princesse Kazunomiya qui étaient de passage.

 

« … de ma chambre à l’entrée du passage couvert, je regarde le jardin, à l’heure où, dans le brouillard léger du petit matin, la rosée tarde à s’égoutter,.. » 
extrait du Journal de Murasaki-shikibu
 
Bruit des branches
qui sous la neige craquent
la nuit s’épaissit
Buson
 

La neige tombée à Tsumago et Magome car situées en altitude, elle nous a empêché d’arriver à temps à Inuyama pour visiter un des plus vieux château de Japon, classé Trésor National. Il fut bâti en 1537 par l’oncle d’Ode Nobunaga (le premier unificateur du Japon). Il trône majestueusement sur une butte d’où on peut admirer la rivière Kiso, le mont Ena et la plaine de Nobi. J’ai dû me contenter d’une photo prise de nuit sans lune, sur la route de retour à Komaki.
Château d’Inuyama
« La nuit est profonde encore, la lune disparaît dans les nuages et les ténèbres se répandent sous les arbres,… »  extrait du Journal de Murasaki-shikibu
Château d’Inuyama
les nuages de temps à autre
accordent une pause 
à ceux qui contemplent la lune
Bashô

Autres vues, avant la tombée de la nuit, sur les sentiers de la colline qui mènent au château.

Vue sur la ville Inuyama

Moments gourmands inoubliables !
Un restaurant à Magome où j’ai mangé des soba froides au sarrasins pour la 1ère fois. 
http://www.magomekan.co.jp/taste/26.html
J’y ai découvert les hana-mame, des gigantesques haricots rouges rares, au goût sucré d’azukis (voir photos sur le site : http://www.mori-farm.com/1ingen.htm)
 
Restaurant à Magome
A Komaki, j’ai goûté la spécialité de la région, hitsumabushi, de l’anguille grillée sur des braises, dans un restaurant typique japonais très chaleureux, tout en bois.
http://honmaru.tamuro-gr.com/index.php?FrontPage
Saveur exquise ! La chair tendre du poisson grillé fondait dans la bouche. Autre découverte, le poivre japonais sanshyo, goût unique… dont j’en ai un peu abusé !
Hitsumabushi
 

Osaka

du 2 au 3 janvier 2014

Après avoir quitté mes amis, je suis allée à Osaka puis à Kyoto pour la 2ème fois depuis 2012. 
Par la fenêtre du shinkansen, j’ai photographié des paysages couverts de neige. 

désolation hivernale
dans le monde d’une seule couleur
la rumeur du vent
Bashô
toi tu fais le feu
moi je vais chercher une chose sublime
une grosse boule de neige
Bashô
L’hiver est venu ; il a dénudé la montagne ; les feuilles des arbres tombent en pluie ; seul demeuré vert, le pin triste sur les cimes.

Osaka est la 3ème ville du Japon, après Tokyo et Yokohama, une ville de commerçants grâce à son immense port. Dès le 16ème siècle elle s’est imposée comme le principal centre d’échanges du Japon. D’ailleurs, à Osaka on ne se salue pas avec Konnichiwa mais Mokari makka, littéralement : faites-vous de l’argent ? 

Osaka est reconnue pour sa production de riz, ses industries électriques et automobiles. Mais aussi pour ses robots humanoïdes inventés par l’illustre professeur Hiroshi Ishiguro.

A peine arrivée, je suis montée dans la fameuse tour Umeda Sky Building construite en 1993 par l’architecte Hara Hiroshi. Il a réunis deux tours de verre à 150 m par un jardin flottant. De là, j’ai pu me rendre compte du gigantisme d’Osaka, sans oublier qu’elle comporte une ville souterraine toute aussi importante. 


Un nombre incroyable de ponts traversent la rivière Yodogawa qui forment des nombreuses îles avec ses ramifications.

Umeda Sky Building vu de ma fenêtre d’hôtel
Un parc au pied du building


Je n’osais pas imaginer Tokyo ! Je me sentais minuscule et insignifiante. Une fois redescendue sur terre, je me suis sentie oppressée par une foule dense malgré qu’elle aie été disciplinée. C’est une ville impressionnante, écrasante, épuisante et bruyante car pleine de vie. Elle aime la bonne chair et les sorties, elle ne dort jamais !

Osaka, la nuit, s’habille de lumières. Une musique vous berce avec des sons électroniques « inter-galactiques ». La nuit, l’ambiance zen règne dans ce quartier proche de la gare.

Les habitants d’Osaka ont le tempérament méditerranéen et leur dialecte osaka-ben est plein de verve. J’ai pu le constater surtout dans le quartier Dotonbori qui comporte une rivière du même nom et une grande concentration de restaurants où l’on sert ses spécialités comme crabes, poissons globes, tempura, nabe (fondu), kushi-age (brochettes grillées), robotoyaki (barbecue). Osaka serait la ville de l’innovation culinaire.
 

Dontonbori
Drôle de vélo !
Un sapin

Kyoto

du 3 au 6 janvier 2014


même à Kyoto
je me languis de Kyoyo
quand j’entends le couco
u 

Bashô


Si heureuse de quitter Osaka pour la douce Kyoto, mon havre de paix où je rêve de vivre. J’ai appris cette fois-ci qu’elle est jumelée avec Florence, une autre capitale de l’art que j’affectionne. Tandis que Florence sculpte le marbre, Kyoto « sculpte » les jardins !

Toujours aussi resplendissante avec ses montagnes boisées qui l’entourent, sa « rivière aux canards » Kamo, ses jardins secs ou végétales, ses temples, ses objets d’art omniprésents… D’ailleurs ses derniers prennent comme sujet les saisons, les oiseaux, les arbres, les feuilles, les fleurs, les sentiers dans la mousse, les vagues, la brume, … Bref, la nature dans toute sa splendeur mais rarement l’homme.

« Il y a sur notre planète certains lieux choisis par le ciel pour qu’au long des siècles y coulent les sources de la beauté, de l’art, de l’esprit. La magie et la géomancie assuraient cela, il y a très longtemps, au Japon et ailleurs. Kyoto fait partie de ces lieux. » 

extrait d’Aventure Japon de Robert Guillain

Je suis retournée à l’hôtel Palace Side situé en face du Palais Impérial. J’ai été surprise que l’on se soit rappelé de moi après 2 ans d’absence ! 
http://www.palacesidehotel.co.jp/english/fr-top-en.html

La chambre n’étant pas prête, j’ai fait des courses et j’ai pique-niqué sur un banc au soleil dans le parc
Kyoto Gyoen qui entoure le Palais Impérial. J’ai été envahie par la sérénité rien qu’à la vue de la luxuriante végétation : arbres, camélias en fleurs,… J’ai été surprise de voir si tôt fleuri un jeune et frêle cerisier. 

les voyageurs auront
encore froid au nez
boutons de cerisiers
 
Buson
quand le jardin
fut balayé de frais
tombèrent des fleurs de camélia
 

Yaha

 

au pied du pin
teinte violet pâle
des pensées en fleur
s

Shiki
collée sur un champignon
une feuille
d’on ne sait quel arbre

 Bashô
 Pour connaître le moindre recoin de ce parc de plusieurs hectares, il me faudra revenir une troisième fois. Cette année il m’a dévoilé un minuscule temple bouddhiste plein de charme au bord d’un infime étang.
étincellent
les jeunes feuilles, les feuilles vertes
dans la lumière du soleil
 
Bashô

 

Puis, un autre temple plus loin…
« Kyoto est la ville où le présent et le passé se confondent. » 
Aventure Japon par Robert Guillain 
Lors de ce 2ème séjour à Kyoto, pour seulement 3 jours, je n’ai pas enchaîné les sites à visiter. J’ai préféré flâner dans les quartiers et vivre la vie de tous les jours. Kyoto est riches en secrets impénétrables mais aussi en merveilles apparentes. L’après-midi, j’ai exploré le secteur proche carrefour rue Kawaramachi/Sanjo. Un quartier attrayant traversé par un petit canal.  J’ai continué par une balade enchanteresse au long de la rivière Kamo.

 

Un héron insouciant
Une maison de ville idéale
Le soir, je m’étais empressée de retrouver le quartier de Gion et dîner dans l’Izakaya Kisui que j’aie eu la chance de découvrir au printemps 2012 et passer 2 soirées inoubliables. Il est tenu par Setchan et Risa san, deux filles adorables et pleines d’énergie positive. J’ai été accueillie comme si je n’étais jamais partie ! Chose exceptionnelle, à peine rentrée Risa m’a appelé par mon prénom ! Quelle mémoire ! Cela m’a profondément touchée.

 

Après le dîner, j’ai fait une promenade nocturne dans quelques unes de ses ruelles, toutes éclairées aux lampions, dont Ponto-chô et la célèbre Miyagawa-chô où l’on peut admirer, entre autres et seulement de l’extérieur, les typiques salons de thé pour geishas (geikos à Kyoto). 

« …les geishas, femmes cultivées, musiciennes et danseuses, fleurissaient les soirées d’un sommet de féminité. Il fallait de nombreuses qualités pour exercer ce métier et certains dames le pratiquaient jusqu’à un âge avancé. L’art de la répartie, de la parure, la grâce du geste, l’intuition de la mélodie se moquent des rides. » extrait du livre « Kyoto, avant-goût » d’Eve Calingaert, édition Tandem.

 

Le lendemain matin, pris le bus pour le Mont Takao, impatiente de visiter le temple Kozan-ji qui a été érigé par le moine Myoe (1173-1232) dans une forêt dense de cèdres droits et majestueux. Elle abrite la plus vieille plantation du thé du Japon.

Maisons perchées sur la montagne dans des paysages mystérieux et singuliers, voici quelques « bribes » de la traversée du village jusqu’au site du temple.

L’entrée sur le site du temple Kozan-ji.

 

Dans un meuble sont exposés « les rouleaux des animaux et humains se divertissant » Choju Jim-butsu Giga attribués à l’artiste moine Toba Sôjo (1053-1140). Une oeuvre satirique classée trésor national. Ce moine est le précurseur du manga !

 

 « Sous les ronciers bas, la blette joue de la flûte, le singe danse sans grâce, le criquet bas la mesure. Le doux son du grillon qui joue du tambour et de la cymbales. » Go-Shirakawa

 

La place idéale pour méditer
Tokonoma

Dans la forêt profonde et infinie, la lumière et la végétation séculaire rendaient l’ambiance étrange. J’ai fini par croire aux kamis (esprits semi-divins présents dans toutes les formes et forces de la nature). Je sentais leur présence, comme s’ils épiaient le moindre de mes pas. Bienheureuse et.. confiante, je leur faisais du charme en gardant mon sourire aux lèvres !

Après les quelques heures de marche, retour en bus à Kyoto direction marché Nishiki, pour le plaisir des yeux et le bonheur des papilles. Lieu idéal pour découvrir la culture gastronomie de Kyoto. J’ai fait plein d’énergie !

 

Une anecdote !
Je garderai en mémoire comme incident, une vendeuse du grand magasin Daimaru qui a refusé de me vendre la dernière boîte à bijoux. Pourquoi ? Parce qu’elle avait un défaut insignifiant : un minuscule point qu’elle a tenu me montrer à la loupe ! J’ai essayé de traiter même avec la directrice de rayon, mais impossible de les convaincre de me la vendre, ni en japonais ni en anglais ni en pleurnichant ! D’après leurs règles, aucun produit « endommagé » ne doit sortir du magasin, qu’il soit soldé ou pas !
Aussi, Je n’oublierai jamais les rayons épiceries du rez-de-chaussée du magasin ! Que des exclamations : Sugoi ! Mot que les Japonais emploie pour dire que c’est magnifique.

Moments gourmands ineffaçables !
Le plus vieux salon à thé de Kyoto, Ippodo. On y trouve les meilleurs qualités de ce breuvage sacré.

Un restaurant où un ami venu de Tokyo m’a invitée : www.sakontaro.co.jp/ouka/
J’ai été charmée par ce lieu qui comporte des petites pièces privées à la japonaise, avec tatamis et table basse, pour ceux qui souhaitent avoir le calme ou l’intimité. La serveuse, en kimono, s’agenouille pour ouvrir les fusamas, portes coulissantes opaques. J’avais l’impression de me trouver dans une scène d’un film d’Ozu.

L’entrée du restaurant
Un des 7 plats

Puis, un autre restaurant kaiseki hautement gastronomiques proche de l’hôtel. EN, situé en retrait sur Karasuma oike au n° 589. Il est discret et petit (que 6 places), tenu par le grand chef Suzuki san. Tout a été d’un raffinement extrême : l’intérieur et ses meubles, la vaisselle artisanale de Kyoto… Ici,  on vous présente un plateau avec des sublimes coupelles de saké et on vous invite à choisir celle dans laquelle vous souhaitez être servi. Choix difficile à faire ! Le menu s’est composé de limaces, oeufs de poissons, diverses soupes dont la spécialité de Kyoto aux mochis, poissons, boeuf, riz,…Et comme dessert un kaki fourré aux azukis.

Le grand Chef, SUZUKI san

 

Coupelles pour saké
Quelques uns de mes 9 ou 13 plats :
Kaki fourré aux azukis

Insolite !
L’esthétique s’impose même aux plaques d’égouts ! Une plus originale que l’autre !

KANSAI

Dernière promenade nocturne à Kyoto, lundi 6 janvier.

Un soir de lune à Pontocho :
Sur les stores de bambous des fraîches
Vérandas
Les ombres accueillantes des lanternes
De papier.
extrait d’un kouta de Pontocho 
(petite chanson poétique chantée par des geishas)

 

Gare de Kyoto, train direction Kansai. Vol retour mardi 7 janvier, à midi.

Mon départ de Kyoto
Solitaire.
Cachant mes larmes,
A la fenêtre du train,
Oh, s’il vous plaît,
Qu’on m’apporte une tasse de thé.
kouta écrit par l’écrivain Izumi Kyoka

 
J’ai quitté le Japon avec le même désir d’y retourner, encore et encore, inlassablement, passionnément ! Avide de découvrir d’autres lieux et pénétrer le plus possible dans le Japon profond.

Je resterai éternellement attirée par ce peuple pour sa gaieté et son amabilité qui se traduit par gentillesse, politesse, complaisance, bienveillance, sympathie… puis, indéfiniment amoureuse de ses rivages et montagnes, de son patrimoine culinaire, de ses traditions esthétiques, spirituelles et folkloriques… en bref, de toute la culture japonaise qui atteint un esthétisme épicurien d’un extrême raffinement.