Kyoto, ßle de Honshƫ
Kyoto est la ville oĂč le passĂ© et le prĂ©sent se confondent.extrait Aventure Japon de Robert Guillain
Mardi 25.12.2023
Quitté Kyushu pour Kyoto, en shinkansen, le trajet a duré environ 8 heures.
Je porte Kyoto dans mon cĆur depuis mon premier voyage en 2012 car elle est le berceau de l’art et des traditions esthĂ©tiques, le centre spirituel et mystique.
DĂšs que j’ai la possibilitĂ©, j’y retourne car ici l’enchantement m’enveloppe Ă chaque pas, grĂące Ă son Ă©lĂ©gance, sa simplicitĂ© et sa pointe d’ascĂ©tisme.
AustÚre, élégante, mais spectrale. On ne serait pas trop surpris au réveil de ne plus la retrouver.
Nicolas Bouvier
Cette fois-ci j’ai dormi Ă lâhĂŽtel Via Inn Kyotoeki Hachigoguchi
Le soir, dßné dans le quartier, dans un petit izakaya familial Masu Masu Hanjo
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Mercredi 26.12.2023
Le matin, buffet japonais Ă lâhĂŽtel. Ah quel Ă©merveillement : la belle vaisselle et le thĂ© dâUji …j’Ă©tais bien Ă Kyoto.
Journée promenade improvisée et emplettes.
Dâabord, la papeterie Kyukyudo qui existe depuis 1663 ! Quel raffinement, difficile de choisir ! Au Japon, la papeterie est souvent associĂ©e Ă des designs subtils et Ă©lĂ©gants. Des stylos, des carnets, des encreurs et des accessoires de bureau sont crĂ©Ă©s avec une attention particuliĂšre aux dĂ©tails. Certaines marques japonaises sont renommĂ©es pour leur qualitĂ©, leur esthĂ©tique et leur artisanat.
papier et papeterie
La tradition du papier et de la papeterie occupe une place importante dans la culture japonaise, avec une longue histoire qui remonte Ă des siĂšcles.
washi : c’est un papier japonais traditionnel fabriquĂ© Ă partir de fibres vĂ©gĂ©tales, gĂ©nĂ©ralement du mĂ»rier. Il est reconnu pour sa texture dĂ©licate, sa durabilitĂ© et son Ă©lĂ©gance. Il est utilisĂ© dans de nombreux domaines, de l’art et de l’artisanat Ă la calligraphie.
shodo : la calligraphie est une forme d’art qui utilise souvent du papier de qualitĂ© supĂ©rieure.
origami : l’art du pliage du papier pour crĂ©er des formes diverses, est Ă©galement une tradition populaire au Japon.
chiyogami est un papier dĂ©coratif japonais traditionnel imprimĂ© avec de beaux motifs et yuzen est une technique de teinture utilisĂ©e pour crĂ©er des motifs colorĂ©s et complexes sur le tissu et le papier. Ces deux techniques sont souvent employĂ©es dans la fabrication de papeterie artistique et de cartes de vĆux.
La cĂ©rĂ©monie du thĂ© japonaise chanoyu ou sado est une pratique culturelle qui valorise la simplicitĂ©, l’harmonie et l’apprĂ©ciation esthĂ©tique. Les ustensiles de la cĂ©rĂ©monie du thĂ©, y compris les papiers utilisĂ©s pour la calligraphie et l’emballage des cadeaux, sont choisis avec soin pour reflĂ©ter ces valeurs.
[su_quote]Nous aimons tant les matĂ©riaux fragiles, la terre, le bois, le papier, que je me demande si la conception japonaise de la vie ne repose pas sur l’idĂ©e de friabilitĂ©. [/su_quote]extrait Un automne Ă Kyoto de Corinne Atlan
A midi, mangé le meilleur onigiri de ma vie chez Gochisouyakimusubi onimaru
onigiri
C’ est une spĂ©cialitĂ© japonaise qui consiste en une boulette de riz gĂ©nĂ©ralement en forme de triangle ou de boule, souvent enveloppĂ©e dans une feuille d’algue sĂ©chĂ©e et salĂ©e
nori. L’intĂ©rieur de l’
onigiri peut ĂȘtre fourrĂ© avec diffĂ©rentes garnitures, telles que du poisson, des lĂ©gumes marinĂ©s, des fruits de mer, ou mĂȘme des ingrĂ©dients plus occidentaux comme du poulet ou des saucisses. Souvent consommĂ©es comme collation ou repas rapide ou un Ă©lĂ©ment courant des
bentos, les boĂźtes-repas japonaises.
Pour en savoir plus sur le riz et les sushis, je vous invite Ă lire mes articles :
2/2022 SUSHIÂ IÂ Â SYMBOLE DE LâIDENTITĂ NATIONALE
3/2022 LE RIZÂ IÂ REPRĂSENTATIONÂ SYMBOLIQUE ET CULTURELLE
Par la suite, courte exploration de la librairie Kyoto Tsutaya Books.
Puis direction Gion, oĂč jâai fait une halte par curiositĂ© au cafĂ©/boutique AgnĂšs b dans une maisons traditionnelle machiya. A lâĂ©tage, une magnifique piĂšce avec tatami et des fenĂȘtres shoji.
machiya
La façade avant de la
machiya est souvent Ă©troite, mais la maison peut s’Ă©tendre en profondeur. Cela est dĂ» Ă la façon dont les taxes Ă©taient historiquement calculĂ©es en fonction de la largeur de la façade. En raison de leur structure allongĂ©e, elles peuvent avoir des puits de lumiĂšre au centre pour apporter de la lumiĂšre naturelle Ă l’intĂ©rieur de la maison.
tatami : sont utilisĂ©s comme surface de sol dans les maisons japonaises traditionnelles, appelĂ©es washitsu, ainsi que dans certaines salles de thĂ© et d’autres espaces traditionnels. Pour tout savoir, je vous invite Ă lire mon article 1/2022 TATAMI I SYMBOLE DE LâHABITAT NIPPON
shoji est un Ă©lĂ©ment architectural traditionnel qui dĂ©signe des paravents ou des cloisons coulissantes. UtilisĂ©s aussi pour crĂ©er des fenĂȘtres ou des parois de fenĂȘtre. Le panneau en papier washi permet Ă la lumiĂšre de filtrer Ă travers, crĂ©ant ainsi une ambiance douce et lumineuse tout en prĂ©servant l’intimitĂ©. Pour en savoir plus, je vous invite Ă lire mon article : 2/2021 Mon premier contact avec le Japon traditionnel
Jâai savourĂ© un dĂ©licieux bordeaux sous le regard mĂ©dusĂ© dâune belle jeunesse (la seule Ă boire de lâalcool Ă midi !)
Par la suite, promenade dans le parc Maruyama que jâai dĂ©jĂ visitĂ© lors de mon premier voyage en 2012. CâĂ©tait la saison des cerisiers en fleurs hanami, je nâoublierai jamais lâambiance joyeuse et le vieux cerisier pleureur, appelĂ© shidarezakura.
De lĂ , direction quartier Ponto-cho, un autre royaume des nuits voluptueuses avec Gion.Il Ă©tait tĂŽt, pas encore 17h, donc je n’ai croisĂ© cette fois-ci aucune maiko ou geiko (nom de geisha Ă Kyoto).
maiko ou geiko (geisha)
une
maiko est une apprentie
geisha qui se distingue par son apparence plus voyante et son statut en formation, tandis qu’une
geiko est une geisha (
gei culture sha personne) pleinement qualifiĂ©e, plus expĂ©rimentĂ©e et dont l’aspect est gĂ©nĂ©ralement plus sobre. Les deux jouent un rĂŽle important dans la prĂ©servation des traditions artistiques et culturelles japonaises. Pour en savoir plus, je vous invite Ă lire
mes huit articles sur le kimono. Puis, voir la série de Kore-Eda Makanai pour comprendra la vie des
maiko Ă Kyoto
Au petit matin
une femme retient un homme
avec grùce et délicatesse
BashĆ
Je me suis laissĂ©e perdre dans les rues Ă©troites, sinueuses, jalonnĂ©es de maisons traditionnelles, paisibles sans touristes, jusquâĂ la disparition de la lumiĂšre du jour.
Il est des nuits du Japon inoubliable. S’Ă©veiller au cĆur de la nuit, Ă ces heures oĂč le monde est suspendu entre deux nĂ©ants, oĂč l’aube mĂȘme semble une chimĂšre et entendre Ă travers les minces parois de boiset de papier qui sĂ©parent de la rue mais n’en isolent pas, un passant en geta ! ! Kara-koro, kara-koro, kara-koro, le son est musical, un chant qui s’annonce de trĂšs loin ; les maisons rĂ©sonnent comme des caisses harmoniques, la rue devient un vibrant instrument. extrait Japon de Fosco Maraini
geta
Les geta sont un type de sandales portĂ©es avec un kimono ou d’autres vĂȘtements traditionnels. Elles sont caractĂ©risĂ©es par leur semelle en bois surĂ©levĂ©e, souvent soutenue par deux blocs appelĂ©s ha sous la semelle. et sont maintenues aux pieds Ă l’aide d’une laniĂšre en tissu appelĂ©e hanao.
RentrĂ©e dans un cafĂ©, Sfera Cafe DoNg Kyoto oĂč jâai dĂ©couvert la biĂšre artisanale de Kyoto, aux saveurs fruitĂ©es, exquise. Une dĂ©co minimaliste aux teintes chaudes et une dĂ©couverte : le musicien Gak Sato.
En sortant du café, je suis passée devant un restaurant spécialisé en poisson fugu, une sorte de poisson-globe.
fugu
C’est un poisson japonais connu pour ĂȘtre dĂ©licieux, mais aussi pour ĂȘtre potentiellement mortel s’il est mal prĂ©parĂ©. MalgrĂ© les risques, le fugu est considĂ©rĂ© comme une dĂ©licatesse dans la cuisine japonaise. Les chefs de fugu doivent suivre une formation spĂ©ciale et obtenir une certification pour ĂȘtre autorisĂ©s Ă prĂ©parer ce poisson. Le foie, les ovaires et certaines parties de la peau du fugu contiennent une toxine appelĂ©e tĂ©trodotoxine, qui peut ĂȘtre mortelle en cas d’ingestion. En raison de cette toxicitĂ©, la prĂ©paration du fugu est strictement rĂ©glementĂ©e au Japon.âšâšLe fugu est prĂ©parĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres, notamment en sashimi (tranches fines de poisson cru), en soupe, ou encore en ragoĂ»t. Le fugu sashimi est particuliĂšrement prisĂ© pour sa texture dĂ©licate.
La saison du fugu au Japon est gĂ©nĂ©ralement en hiver, de novembre Ă mars. Pendant cette pĂ©riode, le fugu est le plus frais et donc considĂ©rĂ© comme plus sĂ»r Ă consommer.âš
Eh ! Je respire.
Pourtant hier j’ai mangĂ©
de la soupe de poisson-globe
BashĆ
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Jeudi 27.12.2023
AussitĂŽt rĂ©veillĂ©, partie Ă la dĂ©couverte du jardin botanique de l’UniversitĂ© de Kyoto, « Kyoto University Botanical Garden » Kyoto Daigaku Shokubutsuen.
Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1924 et appartient Ă l’UniversitĂ© de Kyoto. Il sert Ă la fois de lieu de recherche pour les Ă©tudiants et les chercheurs en botanique et de lieu de loisirs pour le grand public. Il abrite une vaste collection de plantes, y compris de nombreuses espĂšces indigĂšnes du Japon, ainsi que des plantes provenant d’autres rĂ©gions du monde. Les visiteurs peuvent explorer diffĂ©rentes sections, telles que des jardins de rocailles, des serres, et des zones spĂ©cifiques dĂ©diĂ©es Ă des types de plantes particuliers.
Par chance, câĂ©tait le dernier jour de lâannĂ©e pour visiter la serre !
A cĂŽtĂ©, il a le Garden of Fine Art construit par lâarchitecte Tadao Ando. Je lâai visitĂ© en 2012.
Jâai voulu visiter aussi Shibori Museum mais il Ă©tait fermĂ© malheureusement, lâunique musĂ©e au monde sur la teinture.
Je vous invite Ă regarder les vidĂ©os sur quelques techniques site web. Câest Ă la fois passionnant et impressionnant !
Déçue, j’ai pris la direction Kawaramachi Station pour me consoler chez KoĂ© Donuts oĂč les beignets sont Ă©laborĂ©s sur place et sur la base de trois mots clĂ©s : biologique, d’origine naturelle et produit locaux.
On doit la conception du magasin Ă lâarchitecte Kengo Kuma.
Le thĂšme du dĂ©cor est « un espace de paniers en bambou conduisant Ă lâintĂ©rieur ». Pas moins de 572 piĂšces en tressage hexagonal traditionnel, rĂ©alisĂ©es avec du bambou dâArashiyama (Kyoto) ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour crĂ©er cet espace apaisant en forme de coupole. extrait Pen-magazine
Câest le titre de la boite
j’ai toujours aimĂ© les crĂ©ations de Kengo Kuma que je vous invite Ă dĂ©couvrir
ICI. Il accorde une grande importance au contexte local de ses projets. Que ce soit dans le choix des matĂ©riaux, l’orientation du bĂątiment, ou la maniĂšre dont il s’intĂšgre dans la communautĂ©, ses crĂ©ations cherchent Ă respecter et Ă cĂ©lĂ©brer l’identitĂ© du lieu. Ces Ă©lĂ©ments combinĂ©s font de lui un architecte qui explore la modernitĂ© tout en prĂ©servant et en cĂ©lĂ©brant les traditions, avec une attention particuliĂšre portĂ©e Ă l’harmonie entre l’architecture, la nature et la culture locale.
Par la suite, promenade improvisée avant le retour dans le quartier de la gare. Je tenais à boire un whisky de Kyoto au bar Sky Lounge Kuu dans la Tour de Kyoto. Aucun touriste ! Vue nocturne sur toute la ville, bonne musique, ambiance relaxante, que demander de plus ?!
Des montagnes ferment son noble rectangle sur quatre cĂŽtĂ©s. Des forĂȘts traĂźnent jusqu’Ă ses bords leur manteau de velours ver foncĂ©. Elle repose sur deux torrents, dont les noms portent encore l’Ă©cho des anciennes parties de chasse impĂ©riales : la riviĂšre Canards et la riviĂšre des Faucons. Cette ville a fait alliance avec la nature. extrait Aventure Japon de Robert Guillain
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Vendredi 28.12.2023
Réveillée avec le désir de retourner à Daitoku-ji, le temple de la grande vertu appelé aussi « Mt.Ryuho-zan » Montagne du trésor du dragon, fondé au début du XIVe siÚcle, complexe de temples zen bouddhiques, sur les traces de mon cher Nicolas Bouvier (1929-1998) écrivain, photographe et voyageur suisse.
Daitoku-ji est l’un des principaux centres de l’Ă©cole de pensĂ©e Rinzai du bouddhisme zen et se compose de plusieurs sous-temples, chacun ayant sa propre histoire et son propre caractĂšre distinctif. Certains de ces sous-temples sont ouverts au public, offrant aux visiteurs l’occasion de dĂ©couvrir l’architecture, les jardins zen et les Ćuvres d’art.
La pensée Rinzai
C’est une Ă©cole du bouddhisme zen japonais, introduite par le moine chinois Linji Yixuan au IXe siĂšcle. Elle met l’accent sur la mĂ©ditation assise zazen et utilise des Ă©nigmes paradoxales appelĂ©es koans pour provoquer une comprĂ©hension intuitive. La transmission directe de l’esprit entre le maĂźtre et l’Ă©lĂšve est un Ă©lĂ©ment clĂ©, tout comme l’importance du rĂŽle du maĂźtre roshi. La pratique zen Rinzai cherche Ă rĂ©aliser l’Ă©veil subit et encourage l’intĂ©gration de la pleine conscience dans la vie quotidienne.
J’ai trouvĂ© ouvert que Daisen-in l’acadĂ©mie des grands immortels qui a Ă©tĂ© fondĂ© en 1509 par le moine zen Daishokokushi Kogaku Soko Zenji. mais on dit que c’est le moine SĆami qui dessina cet ensemble.
Autour d’un bĂątiment, dont la construction commence donc en 1509, le peintre jardinier (et philosophe) dĂ©veloppe quatre espaces illustrant chacun un thĂšme : le fleuve impĂ©tueux de la vie qui commence, le passage d’une Ă©tape (qui symbolise une porte) conduisant Ă la tortue (emblĂšme de la terre) remontant le courant, tandis qu’n « bateau d trĂ©sor » le descend ; puis une mĂšre intĂ©rieure ; et enfin le grand ocĂ©an : une veste Ă©tendue de calme et de sĂ©rĂ©nitĂ© qui scandent seulement deux petits monticules de graviers et un arbre, symbole de celui de l’Ă©veil, sous lequel le Bouddha trouva la sagesse ; ce dernier jardin marque l’Ă©tape ultime et apaisĂ©es de la vie terrestre des individus.
extrait Jardins japonais de Danielle Elisseeff[/su_quote]
Câest le titre de la boite
SĆami (1455-1525) Ă©tait un moine, artiste et jardinier japonais associĂ© au bouddhisme zen pendant l’Ă©poque de Muromachi. Il Ă©tait rĂ©putĂ© pour ses talents artistiques dans la peinture Ă l’encre et la calligraphie, contribuant au dĂ©veloppement du style artistique de l’Ă©cole KanĆ. Il Ă©tait Ă©galement impliquĂ© dans la conception de jardins secs conformes Ă l’esthĂ©tique zen et il a collaborĂ© avec le maĂźtre de thĂ© Sen no RikyĆ« (1522-1591) , influençant ainsi le dĂ©veloppement de la cĂ©rĂ©monie du thĂ© au Japon.
Malheureusement, on en ressort frustrĂ©s car il est interdit de photographier la moindre parcelle. Avant de partir, j’ai Ă©changĂ© avec Soen Ozeki, le prĂȘtre responsable du temple et auteur de nombreux Ă©crits bouddhistes et j’ai bu un matcha prĂ©parĂ© avec soin.
C’est Ă Daitoku-ji qu’on a perfectionnĂ© la cĂ©rĂ©monie du thĂ© chadĆ wabi-sabi et prĂ©serve une grande partie des chefs-dâĆuvre de Kyoto.
La cĂ©rĂ©monie du thĂ© (appelĂ©e chanoyu, eau chaude pour le thĂ© ou chadĆ la voie du thĂ©) - une quĂȘte spirituelle qui trouve ses racines dans le bouddhisme zen - a inspirĂ© une culture matĂ©rielle qui sous-tend lâesthĂ©tique traditionnelle japonaise. Ses origines sont associĂ©s Ă plusieurs temples secondaires du Daitoku-ji, temple zen Rinzai Ă Kyoto (qui demeure une force importante de la culture contemporaine du thĂ©), et bon nombre des grandes salles de thĂ© se trouvent d'ailleurs dans des temples zen. C'est par les objets plutĂŽt que par la thĂ©ologie que cette culture, cette forme particuliĂšre de beautĂ©, ce mode d'apprĂ©ciation du monde naturel, cette forme rare d'Ă©lĂ©gance, cette sagesse par l'esthĂ©tique, est accessible aux Ă©trangers. extrait Guide anachronique de Kyoto d'Allen S. Weiss.
Mais qu'est-ce que le wabi-sabi et mono no aware ?
Le wabi est un Ă©tat d’esprit qui Ă©voque les valeurs positives de la pauvretĂ© esthĂ©tisĂ©e, et ses aspects connexes de tranquillitĂ©, de solitude, d’humilitĂ©, de frugalitĂ©, d’harmonie asymĂ©trique, d’Ă©lĂ©gante rusticitĂ© ; sabi, littĂ©ralement « rouille », dĂ©signe l’usure et la patine par l’Ăąge et par l’usage ; il exprime un sentiment de familiaritĂ© de continuitĂ©, d’histoire, d’antiquitĂ©, et une Ă©motion de solitude et de tristesse (mono no aware, la mĂ©lancolie du temps qui passe et de la nature Ă©phĂ©mĂšre des choses, ou, dans la traduction du philosophe Michael Lazarin, le pathos extatique face Ă la briĂšvetĂ© de la beautĂ©).extrait Guide anachronique de Kyoto d’Allen S. Weiss.
Nicolas Bouvier a habitĂ© au Japon, et plus prĂ©cisĂ©ment Ă Kyoto, oĂč il a rĂ©sidĂ© au monastĂšre Daitoku-ji dans les annĂ©es 1950.
Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thĂ© amer et de ces grosses flĂ»tes de bambou dans lesquelles on engouffre l’air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d’une mĂ©lancolie qui en dit long sur le pays. Dans ce temple du « nuage suspicieux », je rĂȘve chaque nuit et, pour la premiĂšre fois depuis des annĂ©es, ces rĂȘve semblent avoir un sens, bien que celui-ci m’Ă©chappe encore..extrait Le vide et le plein de Nicolas Bouvier[/su_quote]
Son sĂ©jour a profondĂ©ment influencĂ© son travail et sa vision du monde. Il a Ă©crit sur son expĂ©rience japonaise dans Le vide et le plein (carnets du Japon), Le japon, Chronique japonaise. Il est admirĂ© pour son humour et sa capacitĂ© Ă capturer la poĂ©sie et la philosophie profonde des lieux qu’il a visitĂ©s, et son lien avec Daitoku-ji reprĂ©sente une partie importante de son parcours littĂ©raire et spirituel.
Pour Nicolas Bouvier, la culture japonaise « est principalement formelle, esthĂ©tisante et abstraite (esthĂ©tique des sentiments, des attitudes, de la prĂ©sentation des aliments, etc.) comme si le refus bouddhiques du monde matĂ©riel Ă©tait ici parvenu Ă ronger la matiĂšre elle-mĂȘme et Ă n’en laisser que la chrysalide. »extrait Le vide et le plein de Nicolas Bouvier
Sorti de lĂ , j’ai eu envie de retourner au Parc ImpĂ©rial Kyoto Gyoen et son quartier, nostalgique de mon premier voyage au printemps 2012 pendant la saison des cerisiers en fleurs sakura.
Il s’agit d’un lieu historique qui Ă©tait Ă l’Ă©poque Heian (794-1185) la rĂ©sidence Kyoto Imperial Palace de la famille impĂ©riale japonaise. Le parc offre un espace paisible et verdoyant au milieu de l’effervescence de la ville. Il comprend des jardins, des Ă©tangs, des ponts et des bĂątiments historiques. Il est caractĂ©risĂ© par des paysages naturels et des Ă©lĂ©ments architecturaux traditionnels.
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Samedi 29.12.2023
Je me suis rendue au Nishijin Textile Center mais il a Ă©tĂ© fermĂ© en grande partie. J’ai eu la possibilitĂ© de voir juste une machine de tissage et un habillage de kimono.
Sur la route vers Kyoto Crafts Store pour acheter des souvenirs, je suis descendue Ă la derniĂšre minute du bus attirĂ©e par la beautĂ© d’un lieu. Il s’agit du confluent des riviĂšres Kamo et Takano, vue du pont, proche de l’arrĂȘt de mĂ©tro Demachiyanagi. Je viens d’apprendre dans le livre Guide anachronique de Kyoto d’Allen S. Weiss. que cet endroit « marque le dĂ©but de l’espace sacrĂ© menant au sanctuaire de Shimogamo – pour attendre le lever de la pleine lune au dessus du mont Higashiyama.
Dimanche 30.12.2023
DerniĂšre matinĂ©e Ă Kyoto avant de prendre le train pour Izumi-sano oĂč j’ai dormi avant de prendre l’avion de retour lundi 31.12.2023
L’annĂ©e va finir,
l’annĂ©e va finir…
dĂ©jĂ , la fin de l’annĂ©e
BashĆ
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Mardi 01.01.2024
L’annĂ©e a commencĂ© avec une triste nouvelle. J’ai appris, une fois arrivĂ©e, qu’un sĂ©isme de magnitude 7,6 avec alerte Ă tsunami est survenu le 1á”Êł janvier sur la pĂ©ninsule de Noto dont Wajima, rĂ©gion oĂč j’ai Ă©tĂ© en 2019 lors de mon 6e pĂ©riple.
Le tremblement de terre a mille façons de s'annoncer et d'exĂ©cuter sa dance. Il vous prend toujours au dĂ©pourvu. Parfois il avance presque imperceptiblement, comme une main lĂ©gĂšre qui bercerait le monde, et soudain il se dĂ©chaĂźne et fait des bonds sauvages. A d'autres moment, il dĂ©bute par une secousse brutale et imprĂ©vue pour se calmer progressivement sans faire aucun dĂ©gĂąt. [...] Le tremblement de terre de ce matin est de ces tremblements de terre antipathiques, dissimulĂ©s et narquois, qui font leur entrĂ©e en ondulant malicieusement, comme un coup de vent un peu plus violent que d'ordinaire, puis tout Ă coup se fĂąche te vous obligent Ă fur Ă moitiĂ© nus, dans le jardin. Enfin, Ă peine ĂȘtes-vous dehors, ils se calment, ravis de vous avoir jouĂ© un mauvais tour.
extrait Japon de Fosco Maraini