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10/2022

L’OMBRELLE KASA  I  ACCESSOIRE DU KIMONO

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© Utagawa Kunisada, Chutes de neige au crépuscule à Ueno

Étroitement liés à la vie quotidienne, tous les supports artistiques japonais impliquent un mouvement dans l’espace et un rythme dans le temps. La peinture se roule et se déroule, le paravent se déplie, le kimono n’a d’existence que porté, les laques sont toujours utilitaires. Les Japonais aiment ainsi à se définir à travers des objets idéals, des fictions codées qui transforment le réel en quelque chose de sacré, et à transformer les gestes en rituels. extrait Le corps japonais de Dominique Buisson

Pour faire écho, je rajouterais l’éventail et l’ombrelle kasa à qui je dédie ce dernier article en tant qu’accessoire du kimono.

Après une brève présentation de ses origines, j’aborde son mode de fabrication et les modèles selon leur usage, ainsi que sa place dans la croyance populaire.

ORIGINE

Les premières ombrelles rigides auraient été découvertes parmi les tributs envoyés par le roi de Kudara, une ancienne province coréenne, à l’empereur Kimma (539-571).

Avant cela, les femmes portaient des chapeaux larges et plats, en fibres végétales tressées (bambou ou cyprès).

@ BNF, L’aubergine, Harunobu Suzuki (1725-1770)

Quittons-nous –
Je porte des vêtements d’été
et kasa à la main
Bashô (1644-1694)

Ici, un aperçu en images de divers modèles de chapeaux pour femmes et hommes dont les paysans et les moines pèlerins.

 © Domaine public , Kusakabe Kimbei via Wikimedia Commons

Durant Edo (1603-1868), afin de pouvoir voyager plus aisément à pied, les artisans ont inventé divers objets pliants et légers à base de bambou et de papier : l’ombrelle et la lanterne.

©Tokyo National Museum, Suzuki Harunobu (1725-1770)

Sévère
le bruit de la grêle
sur mon kasa en cèdre !
Bashô (1644-1694)

FABRICATION

La monture des kasa est faite de bambous fendus et sur le réseau flexible des branches on tend du papier washi huilé imperméable, décoré ou pas de peinture ou logo. Les kasa pour femmes sont plus grands que ceux des hommes et comptent 40 baleines au lieu de 50.

Les kasa sont souvent représentées dans les estampes ukiyo-e  « images du monde flottant » puis dans les premiers photographies.

LES TYPES DE KASA

La forme du kasa traditionnel est immuable, par contre, il change de nom selon sa conception et son utilisation.

  • higasa ombrelle qui protège du soleil éviter que la peau ne se hâle
  • amagasa contre la pluie

Nous logeâmes dans une hutte au pied de la montagne. Il feraient une nuit noire et sans lune, et je me sentis engloutie et perdue dans l’obscurité, lorsque trois chanteuses apparurent, venant on ne sait d’où. […] Nous les déposâmes devant notre logement, à l’abri d’un grand karakasa. Mon domestique alluma un feu afin que nous puissions les voir. extrait Sarashina nikki de Sugawara no Takasue no Musume

  • bankasa comporte le kamon symbole de la « maison » ou le nom de l’établissement  (ryokan, hôtels…) tenue à la disposition des clients
  • jya no me gasa littéralement parapluie « œil de serpent » car le dessin en cercle y ressemble

Les artisans de Kyoto excellent dans la fabrication des ombrelles et ont rapidement adapté leur technique traditionnelle aux goût modernes.

Les ombrelles de type occidental sont appelés kômorigasa littéralement « parapluie en forme de chauve-souris ».

A l’ère Meiji (1852-1912), le prix des premières ombrelles occidentales était exorbitant, synonymes de luxe et de raffinement.

Elles étaient fabriquées à partir de matériaux tels que le coton et le lin, avec des pampilles en soie sur la poignée et la pointe pour souligner leur élégance. source web-japan

CROYANCE POPULAIRE

Dans le folklore, le kasa-obake littéralement « esprit-ombrelle » est un monstre yōkai de la famille tsukumogami composée d’objets du quotidien qui peuvent prendre vie après 100 ans d’existence. Il a la forme d’une ombrelle traditionnelle pourvue d’un œil, d’une langue, de deux bras et d’une seule jambe. Il n’est pas redoutable, mais tout simplement… dégoutant. Pour en savoir plus, cliquez ici