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Auteur/autrice : AMCAdmin20

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Lundi 2 avril 2012

Après, ma 1ère nuit complète de sommeil, je suis descendue dès 7h prendre un brunch (mets occidentaux et japonais… à volonté). Ma première journée à Kyoto a été ensoleillée et bien remplie :
 
Visite du Palais ImpĂ©rial, composĂ© de plusieurs bâtiments et jardins. Kyoto a Ă©tĂ© la capitale du Japon entre 794-1869. L’empereur y a rĂ©sidĂ© entourĂ© de sa cour, de la noblesse, des familles de samouraĂŻs, du clergĂ© et des religieux shinto et bouddhistes, d’artisans et de commerçants. 

Dans un des jardins, j’ai aperçu pour la première fois un prunier japonais. Il s’est dĂ©marquĂ© par ses grandes fleurs fuchia semblables aux rosiers sauvages.

 
 L’amour que les Japonais portent aux arbres en gĂ©nĂ©ral dont ceux Ă  fleurs ne se limite pas Ă  une simple culture, c’est un culte. Par exemple, l’impĂ©ratrice, les concubines impĂ©riales et les dames de la cour rĂ©sidaient dans la « Retraite interdite » en des appartements dĂ©signĂ©s par le nom des arbres qui les entouraient : salle du Poirier, de la Glycine, de la Prune. Puis, prenons rien que le terrain d’un jeu de balle le kemari, prisĂ© Ă  l’Ă©poque Heian et originaire de Chine. Il Ă©tait dĂ©limitĂ© par des arbres en pot : cerisier au N-E, saule pleureur au S-E, pin au N-O et Ă©rable au S-O (les joueurs Ă©lĂ©gamment habillĂ©s se passaient la balle en peau de cerf en la frappant avec le pied et en Ă©vitant le plus longtemps possible qu’elle ne touche le sol).

Concernant les jardins japonais, l’orientaliste Fosco Maraini a tout compris : « Le jardin en ExtrĂŞme-Orient est en effet une Ĺ“uvre d’art aussi belle qu’un tableau, une statue ou un poème. Nous considĂ©rons le jardin comme une simple dĂ©coration, au moyen de pièces d’eau et de fleurs, de l’habitation : villa, institut ou palais ; et la nature offensĂ©e d’ĂŞtre si peu sollicitĂ©e nous accorde peu ; le jardin sert de cadre Ă  la vie mondaine de l’homme. Sage et docile, il garnit la maison, comme la salade, le bifteck. L’artiste oriental crĂ©e le jardin en musicien comme un chant, une symphonie dont les notes sont les herbes, les pierres, les eaux, les fleurs. Il vise très haut et dans ses moments heureux il parvient très haut. »
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sanctuaire Shimogamo (UNESCO), oĂą a lieu tous les 15 mai le festival dit Aoi Matsuri, connu pour sa procession de centaines de personnes vĂŞtues de kimono des nobles de l’Ă©poque Heian. C’est mon premier sanctuaire shintoĂŻste, vite reconnaissables grâce aux torri, littĂ©ralement « lĂ  oĂą sont les oiseaux ». Ce sont des portails de couleur rouge orangĂ© Ă©rigĂ©s Ă  l’entrĂ©e pour sĂ©parer symboliquement l’enceinte sacrĂ©e du temple du monde profane. Aussi, j’ai aperçu des miko, souvent filles de prĂŞtres, qui gèrent le fonctionnement quotidien des sanctuaires shinto : boutiques de souvenirs, mariages, baptĂŞmes, etc. Elles sont toujours vĂŞtues d’un court kimono blanc et de très larges pantalons de la mĂŞme couleur Ă©clatante que les torri. Les cheveux longs sont attachĂ©s Ă  l’ancienne, en bas de la nuque puis enroulĂ©s avec des bandelettes de tissus blanc.

 

 

 

 

 

 
Jardin des Beaux-Arts de Kyoto conçu par Tadao Ando, y expose des copies de cĂ©ramique de 8 grands chefs-d’œuvre dont « Les NĂ©nuphars » de Monet, « Le Jugement dernier » de Michel-Ange, « Le dernier souper » de Leonardo Da Vinci… Un jardin de construction asymĂ©trique complexe (lignes et courbes, chutes d’eau…). 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sanctuaire Kamigamo (UNESCO) sur 664 000 m2 comprenant 34 bâtiments. Ici, j’ai eu la chance de voir un jardinier travailler son jardin zen de pierres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Temple Daitokuji, un des plus importants temples Zen du Japon, fut construit en 1319 et remplis de biens offerts par de nombreux seigneurs fĂ©odaux. Il ressemble Ă  un minuscule village oĂą l’on peut s’Ă©garer dans le labyrinthe des rues aux murs tapissĂ©es d’herbes folles, de mousse et de fleurs de champs.

 

 

Temple Kinkakuji – Pavillon d’Or (UNESCO) construit en 1397 par le shogoun Yoshimitsu Ashikaga comme villa de repos. Les jardins et les Ă©tangs sont sublimes. La maison de thĂ© Sekka-tei situĂ©e dans le jardin est connue pour son pilier de renforcement nanten et pour ses Ă©tagères Ă©chelonnĂ©es faites Ă  partir d’arbrisseaux. Le cĂ©lèbre Yukio Mishima a Ă©crit un roman « Le Pavillon d’or » inspirĂ© par le fait divers qui s’est produit juste après la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’un jeune bonze shintoĂŻste de Kyoto a incendiĂ© celui-ci par dĂ©pit. Le roman oscille entre respect de la tradition, rĂ©volte et nihilisme.

 

 

 

 

 

 

Anecdotes du jour :
Sons particuliers pour les feux piĂ©tons, semblables aux chants d’oiseaux ! 

Dans les bus, l’entrĂ©e se fait Ă  l’arrière et on règle en descendant un montant en fonction de la distance parcourue si on ne possède pas un pass. Les chauffeurs de bus sont très distinguĂ©s avec leurs gants blancs et leurs casquettes. Ils annoncent au micro l’arrĂŞt et remercie chaque personne lors du paiement  avec une grande patience.

 Pour monter dans le taxi, toujours derrière à gauche, la porte s’ouvre et se referme automatiquement. La file est en sens inverse, il faut prendre le dernier et non pas le 1er car les taxis se rangent en marche arrière.

Le Japon n’a pas Ă©tĂ© une colonie anglaise et pourtant les voitures ont le volant Ă  droite. C’est parce qu’Ă  la fin du 19ème (Meiji), les Anglais ont eu le 1er rĂ´le Ă  jouer dans la modernisation des transport.

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Dimanche 1er avril 2012

J’ai quittĂ© Koysan et le temple Ekoin remplie de regrets malgrĂ© mon impatience Ă  dĂ©couvrir Kyoto, « le cĹ“ur » de la culture japonaise. ArrivĂ©e Ă  la gare de Namba, oĂą je devais prendre le mĂ©tro pour Osaka puis le train pour Kyoto, j’ai Ă©tĂ© prise de panique ! Je me suis retrouvĂ©e dans un grandiose labyrinthe de plusieurs Ă©tages rempli d’une foule pressĂ©e. Les panneaux indicateurs Ă©tant uniquement en japonais, j’ai Ă©tĂ© contrainte de demander de l’aide et lĂ  j’ai dĂ©couvert combien les Japonais sont serviables. Une fille m’a accompagnĂ©e d’Osaka jusqu’Ă  mon hĂ´tel qui soi-disant se trouvait sur son trajet !

 La gare actuelle de Kyoto est gigantesque ! Elle a Ă©tĂ© reconstruite en 1997 par l’architecte Hiroshi Hara Ă  l’occasion du 1200e anniversaire de la notification de la ville (anciennement Heian Kyo) comme capitale du Yamato (ancien nom du Japon) par l’empereur Kammu en 794. Elle est constituĂ©e de vitres transparentes et de structures d’acier surplombant toute la surface et comprend des hĂ´tels, restaurants, cafĂ©s, théâtres, magasins, musĂ©es…

 

Malgré la foule et le trafic incessant, les Japonais sont très disciplinés (indiqué parterre la distance à respecter entre personnes). On ne se bouscule jamais, on sort et on rentre chacun à son tour !

 

Mon hĂ´tel, The Palace Side Hotel, est situĂ© juste en face du Palais ImpĂ©rial. Les employĂ©s sont la plupart des Ă©trangers (Iran, Uruguay, NĂ©pal…) qui font des Ă©tudes dans les universitĂ©s japonaises. Chambre moderne, petite mais tout confort. Salle de bain avec baignoire Ă  la japonaise, minuscule mais profonde, puis les lunettes des toilettes sont comme partout douillettes car… chauffantes ! Elles sont dotĂ©es d’autres fonctions dont certaines de otohime (princesse du son) qui masque tout bruit « incongru »… politesse oblige !

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Mardi 3 avril 2012

Dès 8h30, je pars sous la pluie vers le Temple Ryoanji, qui doit sa cĂ©lĂ©britĂ© au plus abouti jardin zen, jardin des Rochers (UNESCO) construit en 1450 par Soami. Ce jardin abstrait est « le plus singulier, le pus hardi, une Ă©tendue de sable blanc, ratissĂ© avec un soin exacte en multiples lignes parallèles, et quinze pierres de toutes les tailles. »F.M. Il change d’aspect au fur et Ă  mesure que l’on s’en approche. Il est impossible de voir ses 15 pierres Ă  la fois, quel que soit l’endroit oĂą l’on se place. Le jardin explique Ă  sa manière que l’on ne peut jamais apprĂ©hender la VĂ©ritĂ© complète. Lors de la mĂ©ditation et selon l’Ă©tat d’esprit de la personne, les rochers sur le sable blanc Ă©voquent des montagnes sortant des nuages ou des Ă®les au milieu de la mer. C’est recrĂ©er le monde par la pensĂ©e au lieu de le contempler simplement avec les yeux.

 

 

 

 

Temple Ginkakuji – Pavillon d’Argent (UNESCO). Pour se rendre au temple, on monte une route jalonnĂ©e de maisonnettes et de jardins. Construit en 1489, il a d’abord servi de villa de repos pour le shogoun Yoshimasa Ashigaka qui Ă©labora en compagnie des plus grands artistes de son temps, les idĂ©aux d’une beautĂ© rigoureuse purifiĂ©e de tout superflu. Les idĂ©es mĂ»ries Ă  cette Ă©poque ont fait sentir leur influence et ont imprĂ©gnĂ© la vie japonaise jusqu’Ă  nos jours : l’architecture, l’ameublement, le style de vie…

Le jardin a pour fond la foret verte et luxuriante du Mont du Levant. J’ai pris le petit chemin qui mène vers le haut de cette montagne, Ă  travers une vĂ©gĂ©tation luxuriante composĂ©e de fleurs et divers arbres. La vue du sommet Ă©tait sublime mĂŞme sous la pluie car une brume enveloppait les cimes lointaines.  

Les dĂ©tails du lieu : le gravier, les bois, les arbres taillĂ©s, les tâches de mousse Ă©parpillĂ©es, les plaques d’Ă©gout et les rampes en bambous, rĂ©vèlent un soin attentif et tendre mis au service d’un goĂ»t exquis, Ă©pris de perfection. Les vagues de sable blancs et les deux uniques montagnes de sable, le Kogetsudai (monticule lunaire) et le Ginshadan (mer de sable blanc), ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour reflĂ©ter la lumière de la lune et pour mettre le jardin mĂŞme en valeur lors des nuits de pleine lune. 

 

 

 

 

 

 

Sur l’Ă©tang mort
un bruit de grenouille
qui plonge

Basho

 

 

 

 

Fleur de camélia
en tombant pleura l’eau
de la corolle

Basho

 

 

Le sanctuaire ShintoĂŻste Heian Jingu Shrine a le torri le plus imposant du Japon. Il a Ă©tĂ© construit en 1895 pour marquer le 1100ème anniversaire de Kyoto qui fut capitale impĂ©riale du Japon, jusqu’Ă  ce que l’avant dernier empereur Meiji dĂ©cide son transfert Ă  Tokyo en 1868. Il est dĂ©diĂ© aux esprits du premier et du dernier empereur de Kyoto : l’Empereur Kammu et l’Empereur Komei. A l’arrière du sanctuaire il y a des jardins d’azalĂ©es et de cerisiers.

 

 

MalgrĂ© le vent et la pluie de plus en plus violents, je me suis dirigĂ©e butĂ©e vers le Château Nijo (UNESCO). ElevĂ© en 1603, il est entourĂ© de grandes douves et d’un Ă©norme rocher pour le talus. Il sert souvent de dĂ©cor dans les films, par exemple Tabou de Nagisa Oshima. 
 
Les très cĂ©lèbres portes coulissantes ont Ă©tĂ© peintes par les artistes de l’Ă©cole Kano. Cette puissante Ă©cole de peinture fut fondĂ©e au milieu du XVème siècle par Kâno Masanobu et fleurit jusqu’Ă  la fin de l’Ă©poque des Tokugawa. Elle s’est basĂ©e sur la peinture chinoise, dont celle Ă  l’encre de Chine, tout en y ajoutant des spĂ©cificitĂ©s de la peinture japonaise. Les thèmes sont divers et comportent parfois des Ă©lĂ©ments bouddhiques, mais les grandes surfaces dĂ©coratives des peintures murales dĂ©peignent principalement des pins, des tigres, des fleurs et des oiseaux et des paysages de saisons. A la diffĂ©rence de l’Ă©cole Rimpa, les techniques et les styles particuliers se transmettaient seulement de père en fils. 
 
Le corridor du bâtiment principal fut ingĂ©nieusement construit pour qu’il Ă©mette des sifflements semblables Ă  ceux d’un rossignol lorsque quelqu’un y pose le pied. A cela s’est rajoutĂ© le bruit fascinant provoquĂ© par la violence du vent ! Les photos sont interdites ! Je regrette tant ne pas avoir pu immortaliser les mises en scènes constituĂ©es avec des mannequins pour reprĂ©senter la cour (la salle du conseil, la chambre du shogoun…). 
 

 

 


Le château a dĂ» fermer Ă  cause de la tempĂŞte. TĂŞtue, j’ai continuĂ© Ă  visiter les jardins et la maison de thĂ©. J’ai Ă©tĂ© trompĂ©e jusqu’Ă  l’os et j’avais les bottes remplies d’eau, mais rien ne pouvait m’arrĂŞter ! Au moment oĂą la foudre est tombĂ©e tout proche, vaincue, j’ai aussitĂ´t pris le bus pour rentrer Ă  l’hĂ´tel, dont vidĂ©o :

 

 
J’ai allumĂ© la tĂ©lĂ© par curiositĂ© et j’ai dĂ©couvert que Kyoto a Ă©tĂ© plus ou moins Ă©pargnĂ©e grâce aux montagnes qui l’entourent alors que tout le reste du pays a gravement souffert : camions retournĂ©s par la force du vent, trafic arrĂŞtĂ©, inondations, maisons dĂ©truites et tout genre d’autres accidents dont mortels,… C’Ă©tait la plus forte tempĂŞte depuis 1959 ! J’ai filmĂ© quelques images lors du journal TV du soir, voici Kyoto :
 
Anecdotes du jour :
Dans un bus, un vieux papi a longuement fait la morale Ă  un couple d’asiatiques qui se sont assis sur les places rĂ©servĂ©es aux personnes âgĂ©es. TolĂ©rance 0 si règles enfreintes !
J’ai dĂ©couverts les sandwichs auxquels on accorde Ă©galement le soin de la prĂ©sentation : en forme de petits triangles, dans le mĂŞme paquet on y trouve 3 saveurs diffĂ©rentes (il existe mĂŞme des boĂ®tes Ă  encas adaptĂ©es).
Vu, proche de Ginkakuji, des poussepousses conduits Ă©galement par des femmes. Fortes et courageuses !
Rentrée par curiosité dans un Panchinko, le symbole le plus désolant du désarroi contemporain. Incapable de comprendre comment peut-on supporter durant des heures un bruit si assourdissant.

 

 

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Mercredi 4 avril 2012

C’Ă©tait ma dernière nuit Ă  The Palace Side Hotel. J’ai partagĂ© la table de mon petit dĂ©jeuner avec un Californien ingĂ©nieur chez HP, qui y venait tous les ans rendre visite Ă  son fils et sa fille qui ont Ă©lu domicile ici il y a 5 ans respectivement pour les Ă©tudes et le travail !
 

Des métros, les travailleurs sortent en file indienne et avancent très disciplinés deux par deux, tous à la même cadence, comme des fourmis.

TraversĂ© le Parc du Palais ImpĂ©rial, les cerisiers Ă©taient lĂ©gèrement dĂ©vastĂ©s par la tempĂŞte de la veille. Que des travailleurs Ă  vĂ©los dans tous les sens, cachĂ©s sous des parapluies (parapluie maintenu par un support car interdit de le tenir Ă  la main sous peine d’ĂŞtre verbalisĂ©, tĂ©lĂ©phoner est Ă©galement interdit).

J’ai commencĂ© par visiter le temple Toji (UNESCO) qui a Ă©tĂ© construit dans le but de prier pour la paix et la tranquillitĂ© de la capitale quand Heian-Kyo (nom originel de Kyoto) fut dĂ©placĂ©e en 794. Sa pagode de 5 Ă©tages est la plus Ă©levĂ©e du Japon (56,4 m). Le temple regorge d’objets d’arts, tous trĂ©sors nationaux. Tous les 21 du mois un grand marchĂ© aux puces y a lieu.


Temple Nishi Honganji  (UNESCO) fut transféré à sa place actuelle en 1591 par le shogoun Toyotomi Hideyochi. La chambre Shoin et la Porte Chinoise Karamon, sont toutes deux enregistrées au rang de trésor national. Il y a aussi un très célèbre jardin et le plus vieux théâtre Nô du Japon.

Lorsque j’ai visitĂ© la salle principale du temple, j’ai entendu un son de cloche envoutant : lent au dĂ©but, mais devenu de plus en plus fort et rythmĂ©. IntriguĂ©e, j’ai fini par trouver son origine : une cloche suspendue Ă  l’extĂ©rieur, frappĂ©e par un moine qui annonçait le dĂ©but de la cĂ©rĂ©monie. 
 

A côté, se trouve le temple Higashi Honganji créé et rendu indépendant du premier par le shogoun Tokugowa Ieyasu en 1602.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après un trajet de 45 mn en bus, je suis arrivĂ©e Ă  la Villa ImpĂ©riale Katsura. Pour la visiter, il faut faire une demande la veille auprès du Bureau de l’Agence de la Maison ImpĂ©riale. La construction de ce chef-d’œuvre architectural, dont son jardin connu mondialement, a commencĂ© en 1620 (pĂ©riode Edo). Sa superficie de 56 000 m2 comprend une sĂ©rie de superbes jardins ainsi qu’un nombre important de maisons de thĂ©. L’amour des japonais pour l’imprĂ©vu, l’asymĂ©trique, la nature, a toujours dominĂ© les architectes et les artistes.
 
La villa respecte les prĂ©ceptes anciens de la gĂ©omancie japonaise inspirĂ©e de feng-shui (art chinois consistant Ă  faire circuler harmonieusement l’Ă©nergie d’un lieu pour assurer santĂ© et prospĂ©ritĂ© Ă  ses habitants).
 

De plus, cette villa est un modèle esthĂ©tique de la mĂ©thode « construction par ajout » Ă  l’opposĂ© de la « mĂ©thode sur plan ». A partir d’une pièce on rajoute d’autres qu’on relie par des couloirs (partant des parties on arrive Ă  tout). La conception traditionnelle de l’espace selon la mĂ©thode par ajout, prĂ©sente deux particularitĂ©s : les petits espaces oĂą l’on se concentre sur les dĂ©tails et l’asymĂ©trie. Les cloisons de papier sont d’une parfaite gĂ©omĂ©trie et modulables Ă  l’infini. Les couleurs et les motifs sont d’une modernitĂ© inimaginable. Les motifs floraux et gĂ©omĂ©triques pourraient dater des annĂ©es 1970 !! 

Des plateformes ont Ă©tĂ© construites en prolongement de la villa pour admirer les jardins au clair de lune, une architecture qui accueille et suit la nature. Ces jardins sont encore une des preuves vivantes que les Japonais transforment mousses, cailloux, arbres, fleurs et eaux en vĂ©ritables Ĺ“uvres d’art. Elles entourent les maisons de thĂ© et sont propices Ă  la mĂ©ditation vue que la cĂ©rĂ©monie du thĂ© est rĂ©gie par quatre valeurs spirituelles : harmonie wa, le respect kei, la puretĂ© sei et la tranquillitĂ© jaku. 
 
Sen no RikyĂ» (1522-1591), le grand maĂ®tre du thĂ©, aurait sĂ©journĂ© ici. Il a construit toutes ses maisons de thĂ© dominĂ© par une recherche esthĂ©tique : petites, lĂ©gères et neutres, elles se fondent paisiblement dans l’environnement des jardins. Le bois n’est pas peint, les piliers ont encore leur Ă©corces, les murs en torchis sont laissĂ©s tels quels sans traitement de surface, la dĂ©coration d’intĂ©rieur, outre les ustensiles pour faire le thĂ©, comporte seulement une branche fleurie et un rouleau suspendu. Les maisons changent avec les saisons, elles expriment le sentiment de l’Ă©phĂ©mère. 
 
D’après le penseur KatĂ´ ShĂ»ichi, RikyĂ» a Ă©purĂ© le pavillon de thĂ© parce que pour lui la richesse des moyens et la richesse de l’expression dans l’art sont deux choses distinctes. « La diversitĂ© des couleurs ne garantit pas nĂ©cessairement la qualitĂ© de l’expression picturale.« K.S.
 
On y entre en se glissant par une porte très basse. C’est un endroit oĂą les barrières de classe sont temporairement suspendues. On laisse derrière soi le monde de tous les jours en rentrant dans un espace sacrĂ© pour y trouver la sĂ©rĂ©nitĂ©.
 
Pendant le chadĂ´, on doit admirer le bol en raku. Lorsqu’on le tourne sur la paume, le « paysage » Ă©volue. Pour KatĂ´, « le paysage » est la coloration de l’Ă©mail qui recouvre le cĂ´tĂ© extĂ©rieur du bol Ă  thĂ© et dĂ©signe les aspects complexes variant selon l’angle sous lequel nous le voyons. « Du jardin au pavillon de thĂ©, du pavillon de thĂ© au bol Ă  thĂ©, du bol Ă  thĂ© Ă  « l’Ă©volution » de son paysage, on aboutit au contraste de couleurs du vert du thĂ© entourĂ© de rouge ou de gris ou du noir du cĂ´tĂ© intĂ©rieur du bol Ă  thĂ©. »K.S. Nul part ailleurs il existe de tels exemples oĂą l’on ait poussĂ© jusqu’Ă  ce point le raffinement esthĂ©tique des dĂ©tails de l’espace.
 
Le raku fĂ»t crĂ©Ă© par ChĂ´jiro (1516-1592), le fils d’un CorĂ©en (ou d’un Chinois) naturalisĂ© Japonais, sous la direction du maĂ®tre du thĂ© Sen no RikyĂ». Raku est un nom donnĂ© postĂ©rieurement, lorsque l’idĂ©ogramme Raku (signifiant « joie ») gravĂ© sur un sceau d’or fut offert par Toyotomy Hideyoshi, qui apprĂ©ciait profondĂ©ment l’art du thĂ©. Essentiellement utilisĂ©s lors de la cĂ©rĂ©monie du thĂ©, les bols-Raku sont issus d’une cuisson rapide Ă  une relativement basse tempĂ©rature. Sa douceur et sa forme irrĂ©gulière constituent ses grandes caractĂ©ristiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après Katsura, visite du temple Sanjusangendo (littĂ©ralement 33), la plus longue structure de bois du monde (125m). Entre chaque pilier qui la compose, il y a 33 travĂ©es. Connu pour ses 1000 sculptures de Kannon (dĂ©esse de la clĂ©mence) qui reprĂ©sentent les 1001 bras du Bouddha. L’allĂ©e centrale contient 28 divinitĂ©s associĂ©es Ă  Kannon. 
 
Tous les ans Ă  mi-janvier, il y a une compĂ©tition de tir Ă  l’arc (Tohiya) oĂą les tireurs doivent atteindre une cible placĂ©e Ă  60 m distance. Tous les spĂ©cialistes du tir Ă  l’arc se rassemblent ici, qu’ils soient archers Ă©mĂ©rites ou jeunes pratiquants de 20 ans, qui est l’âge de la majoritĂ© au Japon. Cette pratique sert Ă  faire comprendre aux enfants que la vie d’adulte requière patience et contrĂ´le de soi. 
 
On raconte que les maĂ®tres en tir Ă  l’arc sont capables d’atteindre leur cible d’un bout Ă  l’autre des 120 mètres du Sanjusangendo. A l’Ă©poque d’Edo se mit en place un vĂ©ritable concours basĂ© sur le nombre de flèches ayant atteint leur cible entre 6h du matin et la mĂŞme heure le lendemain. « Le record est encore dĂ©tenu par Wasa Daihachiro qui en 1688 a mis 8132 flèches dans la cibles, ce qui reprĂ©sentait 62 % de ses tirs de la journĂ©e. » Les piliers du temple sont encore marquĂ©s des flèches de samurai ayant ratĂ© leur cible dont l’un est exposĂ© dans une vitrine. Dans une autre, on peut y admirer quelques arcs anciens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière destination de la journĂ©e, le temple Kiomizu-dera (littĂ©ralement eau limpide) classĂ© UNESCO. Le bâtiment principal dispose d’un balcon surplombant une petite falaise supportĂ©e par une structure en bois compliquĂ©e. Malheureusement, le temps que j’arrive en haut de la colline, il a fermĂ© pour prĂ©parer la grande fĂŞte des sakura aux feux d’artifices qui allait durer toute la nuit. Je regrette tant d’avoir ratĂ© une vue impressionnante de Kyoto !

 

 

 

 

 

 

 

 

Le soir, j’ai pris le taxi pour me rendre dans mon nouveau quartier oĂą j’allais dormir jusqu’Ă  la fin de mon sĂ©jour : le Gion, quartier des geisha. J’ai dormi dans un vieux ryokan, nommĂ© Sawai, tenu par un vieux couple octogĂ©naire. 

 

 

 

 

 

Pour y aller, le taxi a traversĂ© le quartier des bars et restaurants, le Pontchoko éclairĂ© par des lanternes en papier de riz. Unique moment oĂą j’ai regrettĂ© de voyager en solitaire !

 

 

 

 

 

 

 










 

 

Anecdotes du jour :

Au temple Honganji, Ă©puisĂ©e et l’esprit ailleurs, j’ai remarquĂ© des sacs en plastique pour les chaussures. J’ai commencĂ© Ă  les enfiler sur mes chaussures, Ă  la risĂ©e d’un couple de vieux qui me montrait que les chaussures on les enlève pour les mettre… dans le sac.
Avant la visite de Katsura, rentrĂ©e dans un cafĂ© du village, rempli d’hommes. Une minute de silence, Ă©tonnĂ©s certainement par l’apparition de cette gaijin (littĂ©ralement gens du dehors) et femme de surcroĂ®t. Mal Ă  l’aise, j’ai eu un moment d’hĂ©sitation partir ou rester ? Mais, les Messieurs se sont serrĂ©s et m’ont invitĂ©e Ă  prendre place. En partant, la patronne m’a couru après pour me donner ce que j’avais oubliĂ© sur la table, tenez-vous bien : un trombone !

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Jeudi 5 avril 2012

Bien dormi à Sawai dans ma nouvelle chambre traditionnelle, le futon était chauffant ! Deux seuls inconvénients dans ce ryokan : pas de bain traditionnel japonais et pas de petit déjeuner. La veille, je me suis achetée des beignets au thé vert fourrés à la pâte de haricots, un délice ! Puis des yaourts et une bouteille de thé sencha froid.
 
RĂ©veillĂ©e Ă  6h30, trop pressĂ©e de dĂ©couvrir le quartier de Gion. Il est bien prĂ©servĂ© et rĂ©putĂ© pour ses dĂ©cors raffinĂ©s, ses maisons de thĂ© oĂą travaillent des geiko (nommĂ© geisha dans le reste du pays) et des maiko (apprentie-geisha). Geisha signifie littĂ©ralement « personne qui pratique les arts ». MĂ©tier en voix d’extinction depuis 1980, il n’en reste actuellement qu’environ 200.

 

 
Gion, c’est le plus cĂ©lèbre et populaire quartier festif et nocturne de Kyoto, regorgeant de nombreux restaurants de première classe, clubs et bars. Il a aussi des grandes zones commerçantes oĂą j’ai flânĂ© et profitĂ© d’acheter quelques cadeaux souvenirs.

 

 

 

 

 

VisitĂ© le MusĂ©e de Kyoto, déçue par le peu d’Ĺ“uvres exposĂ©es. De plus, la plupart des descriptifs Ă©taient en japonais !

Il paraĂ®t qu’il est difficile de se faire une idĂ©e exacte de l’histoire de l’art japonais, parce qu’un grand nombre d’œuvres significatives appartiennent Ă  des collections privĂ©es inaccessibles.
Le soir, je me suis rĂ©galĂ©e avec une soupe ramen dans un restaurant du quartier. J’y ai rencontrĂ© un jeune Suisse qui voyageait sereinement durant 3 semaines, sans avoir organisĂ© Ă  l’avance son sĂ©jour. 
 
Anecdote du jour :
Dans mon ryokan est arrivĂ©e une magnifique danseuse HawaĂŻenne, star dans son pays, qui portait des kimonos sublimes ! Une Ă©quipe de la tĂ©lĂ©vision japonaise l’accompagnait jour et nuit.
Toutes les nuits j’entendais quelqu’un monter suivi par un son de cloche spĂ©cifique Ă  celles que les geisha mettent dans leur coiffure. Sortie excitĂ©e pour surprendre une geisha, je suis tombĂ©e nez Ă  nez avec l’octogĂ©naire propriĂ©taire ! La cloche Ă©tait attachĂ©e Ă  ses clĂ©s.

DĂ©couvert une astuce pour rentrer avec la valise pleine de cadeaux : rentrer dans un magasin et demander quelque chose qui « manque ». Pour se faire pardonner, le commerçant vous offre d’office un petit « cadeau » !
Les chiens on les promène en poussette pour ne pas salir les trottoirs.

UJI / KYOTO_6

 
RĂ©veillĂ©e Ă  8h, le dos toujours bloquĂ© depuis la tempĂŞte du 3 avril. J’avais pris froid et il m’Ă©tait devenu difficile de marcher, de m’habiller, de manger ou de prendre des photos. Lorsque j’ai demandĂ© au propriĂ©taire du ryokan s’il connaissait un masseur ou un acupuncteur il m’a invitĂ© Ă  me renseigner auprès du koban. J’ai appris plus tard que ce sont ces petits commissariats de communautĂ© qui tiennent Ă  jour les informations sur chaque foyer et chaque entreprise du quartier. Ils font mĂŞme des visites pour s’enquĂ©rir de l’Ă©ventuelle prĂ©sence de « personnes suspectes » dans le voisinage. MĂŞme les yakuza n’y Ă©chapperaient pas ! (yakuza signifie 9_8_3, une combinaison nĂ©faste dans le jargon des joueurs).
 
J’ai Ă©tĂ© dĂ©couragĂ©e car je ne voulais pas perdre du temps Ă  chercher mais aussi par le prix du massage qui serait de 200 euros car il est pratiquĂ© par des aveugles dont le mĂ©tier est protĂ©gĂ©. J’aurais pu faire du shiatsu 47 euros la demi-heure mais je savais par expĂ©rience qu’il ne m’aurait Ă©tĂ© d’aucun secours. 
 
MalgrĂ© mon piteux Ă©tat, j’ai suivi Ă  la lettre mon programme. A la gare, je suis montĂ©e dans la Kyoto Tower sise juste en face. Haute de 131 m, elle a la forme d’une Ă©norme bougie japonaise. Elle a Ă©tĂ© construite en 1964 par l’architecte Mamoru Yamada et par Ryo Tanahashi qui a conçu la structure. J’ai Ă©tĂ© touchĂ©e par la splendeur et grandeur des montagnes qui entourent Kyoto. 

Après, j’ai pris le train pour la ville de Uji Ă  20 mn au sud de Kyoto. Cette petite ville de 200 000 habitants est traversĂ©e par la rivière Ujigawa. Le plus vieux pont vermillon a assurĂ© la richesse de la ville qui relie Kyoto Ă  Nara. C’est le clan des Fujiwara qui y a Ă©lu domicile Ă  l’Ă©poque Heian. 

 
Uji m’a attirĂ©e pour diverses raisons. Premièrement, j’ai tenu Ă  aller sur les traces de la première romancière japonise Murasaki Shikibu et de son roman le Dit de Genji. Un musĂ©e leur est d’ailleurs dĂ©diĂ©s. 
 
Deuxièmement, c’est un lieu incontournable pour les amateurs de thĂ© comme moi. Le thĂ© d’Uji est le plus prestigieux dans l’univers des thĂ©s. C’est au 13ème siècle que le moine MyĂ´e du temple KĂ´zan-ji a choisi Uji pour ses sols propices Ă  la culture des thĂ©iers. On produit quasi exclusivement le gyokuro (le thĂ© des samuraĂŻ), le tencha (qui donne le matcha en poudre pour la cĂ©rĂ©monie du thĂ©) et le kyĂ´-bancha. Je me suis offerte le meilleur sencha chez un des fameux producteurs. Il y avait tant d’autres produits Ă  base de thĂ© : gâteaux, bonbons, glaces…. !!

 

les roses jaunes en fleurs
au moment où se répand le parfum
des fours Ă  thĂ© d’Uji
Basho
 
Puis, ici se trouve le temple bouddhiste Byôdô-in et son hôôdô, le hall du Phénix. Ce dernier, célèbre en raison de sa beauté et longévité (1052) ainsi que pour son importance culturelle, il a fini représenté au dos des pièces de 10 yens.

 

Des cormorans dressĂ©s, retenus par une ficelle, plongent la nuit et capturent des des petits poissons qu’un brasier a attirĂ©s Ă  la surface. Le pĂŞcheur fait remonter l’oiseau sur la barque et lui fait rendre sa proie.
Le premier poisson attrapĂ© est destinĂ© Ă  l’Empereur.
 
 
De retour Ă  Kyoto tardivement, Ă©puisĂ©e et contrariĂ©e par mon dos et ma difficultĂ© Ă  marcher, j’ai dĂ©cidĂ© de m’offrir une bière japonaise en guise de dĂ©tente. Je suis rentrĂ©e dans un bar proche de mon ryokan. Il est tenu par deux filles joyeuses et pleines d’Ă©nergie. 

 

Adresse :
 
KISUI
605-0801
KYOTO-SHI HIGASHIYAMA-KU
MIAKAWASUJI 2-CHOME 239
KOUEN-MAE BUILDING 1se Floor
 
En dĂ©but de soirĂ©e, il y avait juste un couple et un jeune garçon. J’ai demandĂ© une bière pression nama biru et je me suis retrouvĂ©e avec un demi-litre de bière ! Petit Ă  petit, mon voisin, timide et rĂ©servĂ© a commencĂ© Ă  me parler et Ă  faire des blagues au fur et Ă  mesure qu’il ingurgitait des bouteilles de bières. Il Ă©tait chercheur en mathĂ©matiques, 27 ans, très cultivĂ©. Nous avons parlĂ© de photo, architecture,… J’ai appris qu’au Japon Araki n’est pas considĂ©rĂ© comme artiste mais comme simple photographe pornographe. Au Japon, le nu aurait droit de citĂ© dans la vie mais non dans l’art. 
D’autres personnes sont arrivĂ©es, des habituĂ©s… Je me sentais si bien que j’ai commandĂ© Ă  manger et mon voisin s’est proposĂ© Ă  m’offrir un verre. Bien Ă©videmment j’ai pris un sakĂ© de Kyoto. Erreur fatale ! Je me suis retrouvĂ©e brutalement dans un Ă©tat de « bienheureuse incertitude », ça n’a pas arrangĂ© ma capacitĂ© Ă  marcher ! Dommage pour la geisha que j’ai croisĂ©e en pleine nuit en allant vers mon ryokan. Le temps que je dĂ©gaine mon appareil photo, elle a disparu avec des petits pas rapides et assurĂ©s sur ses socques.
Anecdotes du jour :
A Uji, le marchand de thé a appelé un taxi et attendu avec moi son arrivée au moins 10 mn alors que son temps était précieux vu le nombre de clients dans le magasin.
Dans le train j’ai Ă©tĂ© abordĂ©e en japonais par un couple de septuagĂ©naires. Après des minutes de conversations difficiles, et vu mon niveau en japonais, la dame m’a offert une carte postale en papier traditionnel fait main, le washi, qu’elle s’Ă©tait achetĂ©e au MusĂ©e.
Je confirme la ponctualité des trains et l’incroyable propreté des transports en commun.

KYOTO_7

Samedi 7 avril 2012

Je ne voulais pas quitter Gion sans voir le spectacle annuel donnĂ© par les Geishas. J’avais pris plein les yeux ! D’abord, les kimonos, les plus anciens et plus beaux qui existent (la pièce vaudrait entre 20 000 et 50 000 euros). Puis l’originalitĂ© des dĂ©cors et des Ă©clairages et le temps record mis pour les changer d’une pièce Ă  l’autre ! Malheureusement, il m’a Ă©tĂ© interdit d’immortaliser quoi que ce soit… Ă  part la scène avant le spectacle.

 Après, je suis allée à la fête du Parc Maruyama, situé juste derrière le sanctuaire Yasaka, qui comporte des étangs et des centaines de cerisiers le tout sur 90 000 m2. Au centre, vit depuis 300 ans un cerisier géant qui ressemble à un saule. Ses branches sont retenues par des fils et maintenues par des béquilles en bois. Les gens se bousculent pour photographier cette « star » du pays. 

 

A l’intĂ©rieur du parc il y a plusieurs magasins de thĂ©s, restaurants, cafĂ©s… Se sont rajoutĂ© ce jour-lĂ  plein de stands pour rĂ©galer les papilles : poissons grillĂ©s, beignets de poulpes, gâteaux gluants de riz,… 

J’ai Ă©tĂ© enchantĂ©e Ă  la vue des nombreux gens qui se sont retrouvĂ©s pique-niquer pour la fĂŞte des fleurs. Le sol a Ă©tĂ© couvert de bâches bleues, qui se sont remplies jusqu’au petit matin, malgrĂ© que le temps ait Ă©tĂ© très frais. Tous joyeux, on entendait crier, chanter, rire… un vacarme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Le soir je suis retournĂ©e Ă  mon cafĂ© dĂ©terminĂ©e Ă  ne pas boire un seul gramme d’alcool. J’ai fait d’autres connaissances. Un jeune chercheur en ingĂ©nierie qui angoissait de devoir quitter le Japon pour la première fois de sa vie et durant 1 an pour Londres. Je ne pense pas l’avoir encouragĂ© en lui parlant de la cuisine anglaise et de l’Ă©ternel temps pluvieux ! Un couple Ă©lĂ©gant et distinguĂ© dont la femme est restĂ©e 1 an en France pour apprendre Ă  faire le pain. MalgrĂ© tout, elle ne savait pas un mot de français, par timiditĂ© certainement.

Tout le cafĂ© s’était mobilisĂ© pour moi avec Iphone et Ibook pour trouver le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone de l’hĂ´tel oĂą je devais dormir le lendemain Ă  cĂ´tĂ© de l’aĂ©roport. Toujours aussi serviables et solidaires !

Anecdotes du jour :
Jamais je n’oublierai le beau dandy Japonais d’une cinquantaine d’annĂ©e que la police a embarquĂ© car il Ă©tait saoul en plein jour sur le trottoir. Il n’aurait pas dĂ» quitter le parc Maruyama !  Belle moustache, cheveux noirs gominĂ©s, beau costume 3 pièces Ă  rayures, cravate… Dommage que je n’ai pas eu le courage de le photographier. Il paraĂ®t qu’avec la police japonaise mieux vaut jamais discuter, juste confesser sa faute pour obtenir Ă©ventuellement un simple avertissement !
A ce propos, jamais je ne me suis sentie autant en sĂ©curitĂ© qu’au Japon. Le taux de criminalitĂ© serait très bas et ce malgrĂ© que le système de justice pĂ©nale soit rarement sĂ©vère, il s’avère très efficace !

KYOTO_8

Dimanche 8 avril 2012
Mon dernier jour Ă  Kyoto ! C’est un grand jour de fĂŞte : Hana Matsuri – la fait des Fleurs. A la fois, on commĂ©more dans tous les temples la naissance de Bouddha. 
 
Dès le rĂ©veil j’ai pris le train afin de visiter le sanctuaire principal de tous les sanctuaires Inari du Japon, au nombre de plus de 40 000, le Fushimi Inari. Le temple est plein de fidèles, surtout au nouvel an et le premier jour de chaque mois, qui viennent prier le dieu des rĂ©coltes et des affaires.
 
Sur le site, j’ai acheté un kimono (littéralement « chose que l’on porte sur soi »). J’avais appris tardivement que le côté gauche se juxtapose sur le côté droit, l’inverse se fait uniquement pour les défunts !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au retour, je me suis promenĂ©e pour la dernière fois le long de la rivière bordĂ©e par les cerisiers. Puis, dans le quartier de Pontchoko oĂą j’ai vu les plus belles maisons anciennes de Kyoto. 
Vu le nombre et la densité des cerisiers ainsi que des plantes exposées devant leurs maisons, je m’étais dit que les Japonais vivent dans un état chronique de fièvre florale. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Inutile de vous dire que j’ai quittĂ© Kyoto remplie de tristesse pour aller dormir dans un hĂ´tel Ă  Rynkiu Town proche de l’aĂ©roport de KansaĂŻ. PassĂ© une soirĂ©e sans importance. Fin du voyage !

KANSAI

Lundi 9 avril 2012

De l’avion j’ai regardĂ© les techniciens sur la piste qui se sont mis tous en rang et levĂ© leurs bras Ă  l’unisson pour nous saluer. Beau geste collectif pour nous dire « au revoir », « merci » et « revenez ».
 
J’ai eu la chance de voyager aux 4 coins du monde mais jamais je n’ai eu des regrets en quittant un pays. Pour le Japon par contre, j’ai versé quelques larmes au décollage.

A cĂ´tĂ© de moi, une Japonaise m’a regardĂ©e avec un visage impassible tout en me disant qu’il ne faut pas pleurer, je n’ai qu’Ă  revenir l’annĂ©e prochaine ! Et en effet, je compte y retourner dès 2013 pour explorer d’autres rĂ©gions.
 
Depuis ce premier voyage, de simple passionnĂ©e je suis devenue « fanatique ». Maintenant, je peux confirmer les mots de l’orientaliste italien Fosco Maraini :
« Le Japon a le pouvoir magique d’ensorceler pour toujours celui qui l’a aimĂ©e une fois. »
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