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UJI / KYOTO_6

 
Réveillée à 8h, le dos toujours bloqué depuis la tempête du 3 avril. J’avais pris froid et il m’était devenu difficile de marcher, de m’habiller, de manger ou de prendre des photos. Lorsque j’ai demandé au propriétaire du ryokan s’il connaissait un masseur ou un acupuncteur il m’a invité à me renseigner auprès du koban. J’ai appris plus tard que ce sont ces petits commissariats de communauté qui tiennent à jour les informations sur chaque foyer et chaque entreprise du quartier. Ils font même des visites pour s’enquérir de l’éventuelle présence de « personnes suspectes » dans le voisinage. Même les yakuza n’y échapperaient pas ! (yakuza signifie 9_8_3, une combinaison néfaste dans le jargon des joueurs).
 
J’ai été découragée car je ne voulais pas perdre du temps à chercher mais aussi par le prix du massage qui serait de 200 euros car il est pratiqué par des aveugles dont le métier est protégé. J’aurais pu faire du shiatsu 47 euros la demi-heure mais je savais par expérience qu’il ne m’aurait été d’aucun secours. 
 
Malgré mon piteux état, j’ai suivi à la lettre mon programme. A la gare, je suis montée dans la Kyoto Tower sise juste en face. Haute de 131 m, elle a la forme d’une énorme bougie japonaise. Elle a été construite en 1964 par l’architecte Mamoru Yamada et par Ryo Tanahashi qui a conçu la structure. J’ai été touchée par la splendeur et grandeur des montagnes qui entourent Kyoto. 

Après, j’ai pris le train pour la ville de Uji à 20 mn au sud de Kyoto. Cette petite ville de 200 000 habitants est traversée par la rivière Ujigawa. Le plus vieux pont vermillon a assuré la richesse de la ville qui relie Kyoto à Nara. C’est le clan des Fujiwara qui y a élu domicile à l’époque Heian. 

 
Uji m’a attirée pour diverses raisons. Premièrement, j’ai tenu à aller sur les traces de la première romancière japonise Murasaki Shikibu et de son roman le Dit de Genji. Un musée leur est d’ailleurs dédiés. 
 
Deuxièmement, c’est un lieu incontournable pour les amateurs de thé comme moi. Le thé d’Uji est le plus prestigieux dans l’univers des thés. C’est au 13ème siècle que le moine Myôe du temple Kôzan-ji a choisi Uji pour ses sols propices à la culture des théiers. On produit quasi exclusivement le gyokuro (le thé des samuraï), le tencha (qui donne le matcha en poudre pour la cérémonie du thé) et le kyô-bancha. Je me suis offerte le meilleur sencha chez un des fameux producteurs. Il y avait tant d’autres produits à base de thé : gâteaux, bonbons, glaces…. !!

 

les roses jaunes en fleurs
au moment où se répand le parfum
des fours à thé d’Uji
Basho
 
Puis, ici se trouve le temple bouddhiste Byôdô-in et son hôôdô, le hall du Phénix. Ce dernier, célèbre en raison de sa beauté et longévité (1052) ainsi que pour son importance culturelle, il a fini représenté au dos des pièces de 10 yens.

 

Des cormorans dressés, retenus par une ficelle, plongent la nuit et capturent des des petits poissons qu’un brasier a attirés à la surface. Le pêcheur fait remonter l’oiseau sur la barque et lui fait rendre sa proie.
Le premier poisson attrapé est destiné à l’Empereur.
 
 
De retour à Kyoto tardivement, épuisée et contrariée par mon dos et ma difficulté à marcher, j’ai décidé de m’offrir une bière japonaise en guise de détente. Je suis rentrée dans un bar proche de mon ryokan. Il est tenu par deux filles joyeuses et pleines d’énergie. 

 

Adresse :
 
KISUI
605-0801
KYOTO-SHI HIGASHIYAMA-KU
MIAKAWASUJI 2-CHOME 239
KOUEN-MAE BUILDING 1se Floor
 
En début de soirée, il y avait juste un couple et un jeune garçon. J’ai demandé une bière pression nama biru et je me suis retrouvée avec un demi-litre de bière ! Petit à petit, mon voisin, timide et réservé a commencé à me parler et à faire des blagues au fur et à mesure qu’il ingurgitait des bouteilles de bières. Il était chercheur en mathématiques, 27 ans, très cultivé. Nous avons parlé de photo, architecture,… J’ai appris qu’au Japon Araki n’est pas considéré comme artiste mais comme simple photographe pornographe. Au Japon, le nu aurait droit de cité dans la vie mais non dans l’art. 
D’autres personnes sont arrivées, des habitués… Je me sentais si bien que j’ai commandé à manger et mon voisin s’est proposé à m’offrir un verre. Bien évidemment j’ai pris un saké de Kyoto. Erreur fatale ! Je me suis retrouvée brutalement dans un état de « bienheureuse incertitude », ça n’a pas arrangé ma capacité à marcher ! Dommage pour la geisha que j’ai croisée en pleine nuit en allant vers mon ryokan. Le temps que je dégaine mon appareil photo, elle a disparu avec des petits pas rapides et assurés sur ses socques.
Anecdotes du jour :
A Uji, le marchand de thé a appelé un taxi et attendu avec moi son arrivée au moins 10 mn alors que son temps était précieux vu le nombre de clients dans le magasin.
Dans le train j’ai été abordée en japonais par un couple de septuagénaires. Après des minutes de conversations difficiles, et vu mon niveau en japonais, la dame m’a offert une carte postale en papier traditionnel fait main, le washi, qu’elle s’était achetée au Musée.
Je confirme la ponctualité des trains et l’incroyable propreté des transports en commun.

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