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Auteur/autrice : AMCAdmin20

Île de Sado

Île de Sado _ 4.09 > 07.09.2014

J’ai quitté Tokyo pour la nature, triste et contente à la fois. J’ai pris le Shinkansen jusqu’à Niigata et de là, un bateau m’a déposée sur l’île de Sado.

vues du Shinkansen

La traversée a duré 2h30 mais à aucun moment le temps ne m’est paru long. Restée sur le ponton, j’ai contemplé les paysages divins baignés dans une lumière exceptionnelle. Des montagnes au loin sortaient directement de la mer couleur bleu-profond, l’air était doux, j’ai inspiré l’iode marin à pleins poumons et me suis laissée bercer par le bruit des vagues et le cri des mouettes…
L’intérieur du bateau est surprenant : des sales où les gens restent couchés ou assis comme sur les tatamis d’un salon, déchaussés bien sûr. Des cases sont prévues pour les bagages… ce que j’appelle l’agencement pragmatique à la japonaise.

 

J’ai acheté un bento et à l’intérieur, belle surprise, un onigiri au mentaiko (une triangle de riz fourrée aux oeufs de poisson et entouré d’une feuille d’algues nori).

Sado est la 5ème plus grande île de l’archipel (857 km2), peu peuplée, 70 000 habitants, et pendant longtemps peu visitée à cause de son histoire. C’est ici qu’on a déporté depuis le XIIIe siècle tous les hommes politiques, religieux et artistes qui se sont révoltés contre le pouvoir. Cela a contribué à l’épanouissement d’une culture aristocratique locale. Les plus réputés ont été l’empereur Juntoku (1197-1242), le moine Nichiren (1222-1282) fondateur de la secte bouddhiste du même nom, Zeami (1363-1443) acteur et dramaturge, le père du théâtre nô. J’avais vu d’ailleurs sur le bateau un Monsieur qui répétait son rôle (théâtre no) sur le ponton.

Cette île est certainement peuplée par une multitudes de yurei dont les âmes errantes des déportés morts ici…

 

Le bonze Nichiren dans la neige à Tsukahara dans l’île de Sado par Utagawa KUNIYOSHI 1835

 

Le bonze Nichiren priant par Utagawa KUNIYOSH

 

 

En 1601 fut découverte une mine d’or qui a fait la prospérité d’Edo. Fermée depuis 1989, il est possible de visiter les tunnels laissés comme vestige.

« Sado comble les amateurs de nature et de randonnée avec ses belles côtes découpées, ses deux chaînes de montagnes et sa plaine centrale. » www.tourisme-japon.fr
Mais, je rajouterais que sans voiture, on ne voit presque rien de Sado. Les bus sont rares et ils arrêtent de rouler dès que la nuit tombe, à 18h30.

Aujourd’hui, elle est très réputée aussi pour l’art des tambours (taiko). Le groupe Kodo fait sensation dans le monde entier. Rien que dans cette vidéo pêchée sur internet, vous remarquerez la beauté des paysages de Sado.

Un film « Kodo, les tambours du diable » par Don Kent a été diffusé sur Arte TV en hommage à l’école de taiko dirigée par Tamasaburo Bando, le plus célèbre acteur de kabuki de sa génération. « Elle est entièrement vouée à leur préparation physique et artistique, où la vie tient à la fois du service militaire et d’une longue retraite dans un temple. »

Arrivée dans le port de la petite ville de Ryotsu, j’ai rejoins l’hôtel TOHO situé en face du lac Kamo.
Moderne de l’extérieur, j’ai été ravie de découvrir que les chambres étaient à la japonaise. C’est pour la première fois au Japon que j’ai eu une chambre grande de 12 tatamis. Sublime, avec vue sur le lac et les montagnes.
Vue de ma fenêtre
Photo Michel Mazzoni

 

Le lac Kamo contient de l’eau de mer depuis le percement d’un canal en 1903. On y pêche des poissons et on fait l’élevage d’huîtres. Tous les jours, du haut de ma grande terrasse, j’admirais les paysages et les variations de lumière, je suivais la progression du brouillard sur les cimes et le va-et-vient des bateaux de pêches… je ne me lassais pas.

 

 

Dans le lac, se reflète majestueusement le mont Kimpoku. Aussi, le parc Shiizaki est un lieu de promenade qui offre une belle vue sur le lac. Puis, du mont Donden, on a une vue splendide sur la baie de Ryotsu, le lac Kamo et les rizières de la plaine, mais aussi, par temps clair, sur l’île principale de Honshu. Le sommet est un plateau recouvert de fleurs sauvages à la belle saison où il est possible de camper.

 

 

 

A côté de Ryotsu, il y a des complexes hôteliers pour onsen Sumiyoshi et Shiizaki. Trop touristiques, je me suis rendue à l’onsen typique du village Niiba Katagami. Après un trajet de 20 mn, je suis arrivée en pleine campagne sauvage avec quelques maisons clairsemées parmi les cultures de riz. J’ai été émerveillée par la végétation et ses teintes variées, par l’architecture ancienne des maisons et leurs jardins, par l’odeur de la nature…

 

Ne voyant pas l’onsen, j’ai demandé à une vieille paysanne qui avait une pêche extraordinaire où se trouvait-il. J’ai compris qu’il était sur la droite après le pont. Passé ce pont, toujours rien à l’horizon. J’ai continué hésitante quand tout à coup j’ai vu au loin sur le côté droit de la route un serpent qui bougeait sa queue sans avancer. Bizarre ! Je ne vous raconte pas dans quel état j’ai été : chaire de poule et prête à m’évanouir car les serpents sont ma hantise surtout le mamushi dangereuse vipère dont j’ai été prévenue. Puisque je devais avancer et qu’il n’y avait personne, je me suis rapprochée et remarquée soulagée qu’il venait de se faire écrasé par une voiture. J’ai continué ma route au milieu de la chaussée cette fois-ci et je me suis jetée sur un des rares véhicules pour m’indiquer l’onsen. Il était à quelques mètres de moi mais le mamushi m’a fait perdre tout contrôle !
Quel bonheur de me retrouver dans l’onsen (eau volcanique de 44°C) entourée de mamies de plus de 80 ans ! Elles me parlaient et me souriaient mais je ne comprenais pas tout. Sortie de l’eau avec des vertiges et mon visage écarlate une mamie a vite remarqué mon piteux état et m’a aussitôt dirigée sous un ventilateur tout en me parlant. Partout au Japon vous êtes toujours dans des bons mains, on va jusqu’à anticiper vos besoins !

 

Raplapla, j’ai bu des vitamines pour reprendre des forces dans la salle d’attente où j’ai testé un fauteuil qui masse le dos, puis une autre machine pour les pieds que je déconseille. J’ai résisté à cette tortionnaire stoïquement jusqu’au bout, juste pour me sauver la face comme tout vrai japonais qui se respecte !).

 

 

En attendant le bus de retour, j’ai contemplé un vautour qui se régalait avec le mamushi. Une voiture s’est arrêtée devant lui mais il a pris tout son temps pour emprisonner le serpent dans des griffes avant de s’envoler. Bon débarras !

Après l’onsen j’ai foncé en bus (trajet de 1h) sur la côté opposée de l’île, à l’Ouest, pour visiter la baie Senkaku-wan, semblable au fjord de Norvège, un paysage sauvage de rochers érodés par la mer. Magnifique ! J’ai voulu prendre un bateau de pêcheurs qui fait le trajet jusqu’à Tassha mais la journée de travail était fini. J’ai regretté car une fenêtre permettait de voir le parc sous-marin. Pour me consoler, je pensais que j’aurais été malade vu la mer fort agitée.

 

 

Au dessus, sur la montagne, il a une forêt vierge où trône un cèdre âgé de 1000 ans, un géant surnommé Niosugi (Dieu des cèdres) ou Daiosugi (Grand Roi Cèdre). Gare aux mamushis !

J’ai eu le bonheur de manger des calamars et le turbo façon Sado, préparés au grill. Les spécialités de l’île sont les calamars (ika), poulpes (tako), turbo (sazae), abalone (awabi), huîtres (kaki), crevette Nanban, crabes rouges (benizuwai gain). Les poissons comme : limande (yanagi garei), autre sorte de limande (funabeta), sériole (buri), saumon masu… Les riz Koshihikari et Toki to Kurasu Sato (berceau des ibis du Japon). Pour finir, okesa kaki une variété de kaki plat et typique.

 

On sèche les calamars au solei l

 

Près de l’hôtel Toho, en sortant à droite, dans le quartier des bars et restaurants, Yebisu, il y a une petit poissonnier exceptionnel et pas cher. Dans la rue principale, il y a plein d’autres artisans. Je suis rentrée dans un des magasins juste pour acheter une bouteille d’eau et je suis sortie avec des cadeaux : un paquet de calamars grillés et un autre de petites saucisses sèches. Toujours aussi généreux ces Japonais !

Insolite !

 

Départ de Sado…

Kamikochi/Matsumoto _ 7.09.2014

 

Avant d’embarquer j’ai réalisé que je suis partie avec la clé de l’hôtel. Je l’ai laissée honteusement chez le jeune contrôleur de billets qui l’a certainement rendue à ma place. Le bateau de retour sentait le neuf ! Ultra moderne avec coin de jeux pour les enfants et même pour les adultes dont un mini-casino, chambres pour les animaux, coin business, shop, bar, resto, even plaza…

 

 

Arrivée au port de Niigata j’ai pris un plat populaire au Japon le kare (curry japonais) avant de prendre le train pour Matsumoto. Cette petite ville est connue pour son château bâti en 1504 surnommé Karasu-jō (château du corbeau) à cause de sa couleur noire.

 

Matsumoto, la nuit

 

J’ai pris un hôtel près de la gare afin de me faciliter le trajet le lendemain pour Kamikochi. Le soir j’avais mangé des beignets de poulpes takoyaki puis j’ai plongé dans le sento de l’hôtel (bain japonais) avant de m’écrouler dans mon lit.

 

Petit déjeuner à l’hôtel

 

Pour me rendre à Kamikochi, j’ai pris le train jusqu’à gare de Shin-Shimashima et de là un bus pour un trajet de 1h10mn. Dommage que je ne pouvais pas m’arrêter pour prendre des photos sur le trajet. La ville repose dans une étroite vallée à 1 500 mètres d’altitude, le long de la rivière Azusa, et elle est entourée par les hauts pics de la chaîne de Hatoka, du mont Yake et de mont Kasumizawa.

Photos prises du bus

 

A mon arrivée j’ai été très déçue par le nombre de gens présents sur le site. Je ne m’y attendais pas car je me suis imaginée un parc isolé où le calme règne. Pour me remonter le moral j’ai pique-niqué après quoi j’ai commencé une randonnée de 3h … avec mes détritus dans la sac car il n’y a aucune poubelle par respect pour l’environnement.

Pour me rendre à l’étang Taisho, j’ai traversé le pont suspendu Kappa qui surplombe les eaux transparentes de la rivière Azusa. Il offre une vue splendide sur le mont Oku-Hotaka (3 190 m).

 

 


« En 1915, le mont Yake (2 455 mètres d’altitude) entra en éruption et cracha de la lave et de la boue qui vinrent bloquer le cours de la rivière Azusa, formant un grand étang. Le paysage est empreint de mystère, avec la chaîne de Hotaka et le mont Yake en fond, alors que quelques arbres noircis entourent encore l’étang. » source www.tourisme-japon.fr/

La végétation est étonnante, en partie différente des Alpes européens. On y trouve entre autres des forêts de bouleaux et de mélèzes du Japon. Une autre particularité, l’eau des rivières et des lacs est translucide.

 

Nikko _ 9.09 > 10.09.2014

Nikko wao minai uchi wa, kekko to iu na
Si tu n’as pas vu Nikko, ne parle pas de splendeurs.
Proverbe

Nikko, à deux heures de train de Tokyo, fait partie du Patrimoine Mondial de L’UNESCO depuis 1999. Elle détient des chefs-d’oeuvres architecturaux classés Trésors Nationaux ou Patrimoine culturel important et en plus, elle se situe dans une nature époustouflante de beauté.

Nikko est l’attraction de tous les Japonais et touristes étrangers. Fort heureusement, à cette saison, il y avait peu de monde. J’aurais pu y profiter mais le temps a été impitoyable. La plupart du temps, le brouillard occultait les paysages que j’ai tant rêvé de découvrir ! D’autre part, je voulais éviter au maximum le Nikko touristique connu pour ses temples et les mausolées du premier shogoun de la période Tokugawa (1600-1868), Tokugawa Ieyasu.

A peine arrivée, je me suis enfouie de la ville en bus pour rejoindre la cascade Kegon et le lac Chuzenji.

Les chutes Kegon, les plus célèbres du Japon se trouvent à 5 mn à pied de l’arrêt de bus Chuzenji Onsen. Elles figurent parmi les trois plus grandes du pays (97 m hauteur) et sont formées par le lac Chuzenji. Dans la passé, c’était l’endroit de prédilection pour les suicides d’amoureux !

 

Sur le mont Nantai, un culte bouddhiste a lieu tous les ans, début août. Des pèlerins fidèles, vêtus de blanc escaladent la montagne, vivent en ermite et prennent des bains d’eau glacée pour atteindre l’illumination.

 

Ce lac Chuzenji, se trouve à 1269 m altitude et a été formé par l’éruption volcanique du mont Nantai (superficie 11,62 km2). Sa beauté fut un choc visuel ! Les montagnes au loin baignaient dans le brouillard. Je me suis dit, ce n’est pas grave je reviendrai demain pour mieux voir. Pensez-vous, le lendemain s’était pire, mais quelle lumière ! Le lac et le ciel se confondaient. Tout à coup, à l’horizon, apparût une ligne de lumière qui séparait la surface du lac et le ciel. On aurait dit un tableau de Rothko ! Que demander de plus ? Puis, progressivement, les montagnes ont légèrement réapparus.

 

Lac Chuzenji le 2ème jour

 

J’avais prévue de me rendre à l’observatoire Akechidaira, prendre le téléphérique pour admirer le lac Chuzenji, les chutes Kegon et le mont Nantai mais impossible à cause du brouillard.

Je suis redescendu en bus dans la ville pour visiter le jardin botanique et les sites alentour. Une pluie fine a commencé à tomber mais sans me décourager j’ai traversée la rivière Daiya pour pénétrer dans une forêt dense et sombre, pleine de mystère. Je me suis laissée guidée par le petit chemin séculaire. Je suis passée devant un cimetière paisible où on sent la présence des kamis… inoffensifs. Des escaliers m’ont amené jusqu’à la tour divine Reihi-Kaku. Elle a été construite sur un rocher en 1654 par le prêtre Kokai qui allumait un feu et priait pour le paix dans le monde. L’ancien édifice a été emporté par les inondations en 1902 et remplacé en 1971.

De cet endroit on peut admirer Kanman-ga-fuchi Abyss formées par le volcan Nantai. Une pluie diluvienne m’avait empêchée de continuer ma route. Fort heureusement, j’ai pu m’abriter sous la tour. J’ai constaté que paradoxalement, le bruit assourdissant des gorges de Daiya a un effet calmant, lieu idéal pour la méditation.

 

Après un bon moment j’ai enfin pu reprendre le chemin et suis tombée sur Narabi-Jizo, des statues Jizo (divinité bouddhique protectrice des enfants décédés) alignées face à la rivière qu’elles fixent du regard depuis des siècles. A l’origine il y en avait une centaine, mais à ce jour il en reste 74. Elles guident les pas vers le temple Jiunji.

 

 

J’ai repris le bus pour descendre au pont Shinkyo. « Le Pont Sacré, entièrement laqué de vermillon, forme une arche gracieuse au dessus de la rivière Daiya. Son raffinement contraste avec la nature sauvage de la gorge. La légende rapporte que l’ermite à l’origine de Nikko a traversé la rivière porté par deux serpents, représentés aujourd’hui par le pont. A l’époque féodale, seul l’empereur avait le droit de traverser le pont. Il ouvre sur tout le site de Toshogu par un parc de 16 000 cèdres. » www.tourisme-japon.fr

 

 

Il me restait moins de 20 mn pour monter jusqu’au temple Rinnoji, fondé en 766 par l’ermite bouddhiste Shodo Shonin à l’origine du site de Nikko. J’ai monté des vieilles marches interminables pour pénétrer dans une majestueuse foret de cèdres. La nuit est tombée brutalement mais j’ai tout de même réussi à immortaliser l’atmosphère paisible et sacrée que ce lieu dégageait. Je me suis laissée envoûtée par le bruit d’une petite rivière et le crépitement de la végétation.

 

 

Autour du lac Chuzenji, il y a de nombreux restaurants, magasins de souvenirs, hôtels et auberges traditionnelles la plupart avec onsen. J’ai préféré profiter de l’onsen d’un hôtel situé au centre de Nikko. La nuit, dans mon bain extérieur entouré d’un jardin japonais, j’ai pu admirer la pleine lune (tsuki). Mémorable !

D’ailleurs, il y a un verbe en japonais tsukimi qui se traduit par regarder la lune et l’O-tsukimi, « Contemplation de la Lune » est une fête célébrant la lune, les récoltes, la fin des moissons, avec des offrandes de saison : fruits, grandes graminées susuki, boulettes de riz rondes comme la lune (dango). C’est un passe temps favoris des Japonais depuis la nuit des temps. Tsukuyomi est le dieu de la lune et son nom est une combinaison entre les mots lune (tsuki) et lecture (yomu).

Déjà quatre heures…
Je me suis levé neuf fois
Pour admirer la lune
Bashô

Somnolant sur mon nourri
Rêvasseries
La lune au loin
Fumée du thé
Bashô

Connaissez-vous la légende de la lune ?
http://www.japoninfos.com/pourquoi-y-a-t-il-un-lapin-sur-la-lune-19012014.html

Avant de me rendre sur l’île d’Oshima, j’ai voulu absolument aller au lac Mototsu d’où je pouvais admirer le mont Fuji. La météo est restée capricieuse et m’a empêché de réaliser ce dont j’ai tant rêvé, voir Fuji san. Il me restait qu’à me contenter d’admirer la reproduction de ce paysage d’exception imprimé sur le billet de 1000 yens qui manque de charme et de couleur !

Même le grand poète Bashô ne l’a pas vu lors d’un pèlerinage ! La lecture de ses deux haiku m’a consolé !

Brume et pluie.
Fuji caché. Mais maintenant je vais
Content.

Sur l’éventail
Je mets le vent venant du mont Fuji.
Voilà le souvenir d’Edo.

Connaissez-vous la légende du mont Fuji ?
C’est le lieu de résidence des dieux, en particulier de Fuji-hime, fille du dieu des montagnes. Pour les shintoïste elle est la déesse des floraisons et la protectrice du Fuji san. Des sanctuaires lui sont dédiés dont le réputé temple Sengen afin d’apaiser ce volcan qui risque de ce réveiller à tout moment. Dernière éruption date de 1707 (16 au total depuis l’année 781) mais suite au terrible séisme de mars 2011, les profondeurs du volcan auraient été abîmées.
Aux bouddhistes par contre, c’est sa forme qui rend Fuji san sacré. Elle rappelle le bouton blanc et les huit pétales de la fleur de lotus (fleur emblématique de Bouddha). Ce caractère sacré a interdit l’ascension aux femmes jusqu’en 1872.

Depuis toujours, le mont Fuji a inspiré tous les arts, et non seulement les célèbres maîtres des estampes comme Hokusai, Hiroshige et Utagawa.

Ile d’Oshima

Ile d’Oshima _ 11.09 > 14.09.2014

J’ai pris le bateau rapide de Tokyo pour l’île d’Oshima, la plus grande île de l’archipel d’Izu dans l’océan Pacifique. Son nom signifie « île du printemps éternel » en raison de la douceur de son climat.

Port de Tokyo
Ile Oshima

 

Oshima est connue pour son huile de camélia qu’on utilise comme l’huile d’olive, autant pour le corps et les cheveux que pour la cuisine. Avec 3 millions de camélias sur l’île (Camellia Japonica), cette fleur est le symbole d’Oshima. Elle a même un jardin botanique Tsubaki Camelia de 7 hectares avec 5000 camélias qui fleurissent entre janvier et mars. Je ne savais pas que l’huile de camélias que je m’étais procurée à Kyoto en 2012 venait d’Oshima. Je l’avais acheté après avoir lu que les femmes l’utilisaient pour leur cheveux depuis la période Heian, surtout les geishas et les sumo.
Le costume national est à damiers noir et blanc avec un tablier sur lequel sont brodées des fleurs de camélias.

Les autres îles de l’archipel d’Izu sont :
Toshima « Île bénéfique »
Niijima « Nouvelle île » née en août 2014 et qui continue à s’agrandir
Shikinejima 3,9 km², 99 m)
Kōzushima (神津島?, « Île du port divin »
Miyakejima (三宅島?, « Île des trois maisons »
Mikurajima (御蔵島?, « Île entrepôt »
Hachijōjima (八丈島?, « Île de huit jō »
Aogashima (青ヶ島?, « Île bleue »

En octobre 2013, un typhon a ravagé l’île causant des grands dégâts et faisant une cinquantaine de disparus.

J’ai débarqué sur l’île 1h45 plus tard dans le petit port d’Okata. Je suis rentrée à l’office de tourisme et là, stupeur, personne ne parlait anglais ! J’ai sorti la carte et j’ai montré que je souhaitais aller à l’hôtel avec onsen qui se trouve à la base du volcan Mihara.

Île d’Oshima et son volcan Mihara au centre

Entre temps, arrive un Monsieur qui me parle tout en montrant son écusson en kanji. J’avais à peu près compris que c’est lui le chauffeur qui emmène les clients à cet hôtel là. Je demande combien ça coûte une chambre. Il sort un magazine, en kanji également, et me demande si je prendrai le petit déjeuner et le dîner à l’hôtel. J’ai répondu que ça dépendait du prix. Il me dit 9 000 Y/personne. Un peu cher vu notre budget restant mais que faire lorsqu’on ne se comprend pas et qu’on est sans voiture !

Avant de rentrer dans le bus, il me prend à part et me note sur un papier 9000Y – 3000Y = 6000Y. Je lui demande c’est quoi les 3000Y ? Il me répond : enjo ! Je cherche dans mon dictionnaire japonais-anglais et là je pâlis ! La traduction disait : support, backing ! Tout à coup, me voilà choquée ! Je me demandais, suis-je bien au Japon ? Certes, Oshima c’est une île, mais ce type me demande-t-il un pourboire et en échange il baisse le prix de la chambre ? J’ai commencé à lui dire que je parlais peu japonais que je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire… tout en priant le bon Dieu que ce type ne me « roule » pas car jamais je n’aurais survécu à une déception venant d’un Japonais que je chéris justement pour leurs qualités comme le respect, l’honnêteté, la générosité, la serviabilité….

Je monte dans le bus contrariée, j’arrive à l’hôtel et je vois un employé occidental qui parlait parfaitement l’anglais et le japonais bien sûr. On commence à discuter puis il est tiré à part par ce chauffeur puis on me demande de m’assoir pour parler des prix puis je demande tout à coup fâchée : « mais qu’est-ce qu’il nous veut ce Monsieur, depuis le port il nous colle ! » Et là, il me répond, il ne veut rien, juste vous proposer le meilleur prix, c’est le patron de l’hôtel et des bateaux ! Et là, je me suis sentie traversée par tant de sentiments confus : d’abord, la honte qui a fait place au grand soulagement et à la reconnaissance.

L’hôtel Oshima Onsen est isolé à une altitude de 500 mètres et offre une vue magnifique sur le volcan Miharayama, dont il est séparé par une forêt sur un plateau légèrement en contrebas. On nous a offert une chambre japonaise spacieuse et sublime. Elle sentait bon la paille des tatamis.
L’architecture intérieure japonaise a, d’après Maurice Pinguet « une triple vertu : cordialité de l’espace, discrétion des fonctions, sincérité de la matière et de la forme.
De mon onsen extérieur j’ai pu admirer le volcan.
Volcan Mihara

 

Volcan Mihara vu de mon onsen extérieur
Onsen extérieur

 

Jardin entourant l’onsen

 

Je flottais… de bonheur !

 

Restée dans l’onsen jusqu’à la tombée de la nuit

La nourriture a été exquise ! Jamais, je n’ai mangé aussi bien au Japon à part les kaiseki à Kyoto ! Au petit déjeuner nous avons eu un buffet à volonté. Le diner, c’était de la gastronomie pure !

J’y ai savouré tant de spécialités dont :
la fondue à l’huile de camélia, brochettes de légumes frits
tsubaki : des légumes, homard et poissons présentés sur des brochettes sont trempés dans de la pâte pour tempura et cuits directement dans un mélange d’huile de camélia et d’huile végétale.
kusaya (sorte de poisson séché : poissons volants ou « aomuro » que l’on fait macérer dans la sauce « kusaya » – dont la recette est vieille de plus de cent ans – et que l’on fait ensuite sécher à l’extérieur)
des sashimi qui fondaient dans la bouche
bu et mangé de l’Ashitaba, une angélique (Angelica keiskei) qui de par ses nombreuses propriétés médicinales assure la longévité. J’en ai consommé malgré le goût de « pétrole » que je n’affectionnais point, mais puisque c’est bon pour la santé… j’ai pincé mon nez et hop tout est passé !

1er diner
2ème diner
3ème diner

 

Le mont Miharayama un autre symbole de Oshima, est l’un des volcans actifs les plus grands du monde (avec Kilauea à Hawaii et le Stromboli en Italy). Sa dernière éruption date de novembre 1986 et tous les habitants de l’île ont dû être évacués. Culminant à 764 mètres, nous avons pu arriver à son cratère en une heure de marche. Par temps clair, il est possible d’apercevoir la côte de Honshu et même le mont Fuji depuis le sommet.

Grâce à son parcours pédestre j’ai pu traverser le désert de « Ura-sabaku », vaste plateau constitué de roches volcaniques noires qui créent un paysage lunaire. Il m’a été facile de monter jusqu’au cratère mais alors pour redescendre, quelle histoire ! N’ayant pas de chaussures adéquates, je descendais à 1 km à l’heure parfois avec les fesses, tellement mes baskets glissaient ! Sans parler du soleil qui m’a brûlée pire que l’aurait fait la lave du volcan. Je n’étais pas randonneuse ni de passion ni de métier et j’en ai payé les conséquences en ignorant les dangers : chaleur, déshydratation, animaux sauvages… Nous avons mis 5h pour faire 9 km. Mais je ne regrette rien ! Le spectacle a été impressionnant : le volcan grondait de temps en temps et il expectorait des fumerolles non toxiques du moins ce qu’il était indiqué. Je me souviens d’avoir vu partout des appareils pour détecter le moindre de ses soubresauts.

Le malheureux incident du mont Ontake (3067 m) qui, après une éruption brutale le 27 septembre dernier, a tué plus de 55 randonneurs, prouve que malgré une technologie ultra perfectionnée, il est impossible de prédire, évaluer ou localiser les séismes. La nature surpasse l’homme et la science.

 

Le 2ème cratère

 

En bas, la mer bleue

 

En bas, la mer bleue

 

Mer et ciel se confondent

 

Au loin, une petite île

 

En bas, la mer

 

Sur le mont Mihara j’ai croisé quelques randonneurs dont un vieux couple qui séjournait au même hôtel que nous. La femme m’a posé plein de questions. Ah, vous êtes Française, vous voulez un bonbon français ? et là elle m’a sorti des petits anisés, prenez aussi pour votre mari. Et lorsque je lui ai répondu pourquoi j’adorais le Japon, elle s’est mise à me chanter une chanson populaire Sakura. J’ai été à la fois émue et fort embarrassée.

Et enfin, jamais je n’oublierai Takenaka san et son épouse ainsi que Shafir (mi-égyptien, mi-italien) pour leur accueil. Takenaka san nous a conduit jusqu’aux marches du bateau avec sa voiture et nous nous sommes quittés avec des larmes aux yeux lorsqu’il nous a salué de ses deux bras !

Retour vers Tokyo…


Hayama, péninsule de Miura _ 15.09 >16.09.2014

La petite ville de Hayama est connue pour sa plage et pour la villa impériale Hayama Goyotei où la famille impériale séjourne régulièrement. La plage privée de l’Empereur, dénommée Tenno Beach est entourée de rochers qui la rendent discrète.

D’ailleurs, la famille était présente et la police m’a interdit (de manière polie avec grands sourires, svp !) de prendre la moindre photo alors que mon regard a été attirée par la beauté d’un pont. J’ai été très marquée par le civisme des policiers. Postés à tous les coins de rues, tous vous saluent joyeusement et en premier dès que vous les croisez. Fantastique tout de même !

J’ai dormi au ryokan Taikaiso situé juste en face de la plage de Chojagasaki. Un petit bijou, un havre de paix.

 

Ma terrasse

 

Vue de la terrasse

 

Je savais que d’ici je pouvais apercevoir Fuji san. Je ne voulais pas quitter le Japon sans le voir. Le ciel était bleu et fort ensoleillé. J’ai regardé devant, au loin, mais rien à l’horizon !

Dans la soirée, je suis retournée me promener sur la plage et j’ai remarqué au loin des montagnes qui n’étaient pas visibles la journée. Je me suis dirigée vers un vieux pêcheur pour lui demander : dans quelle direction chercher Fuji san. Il m’a regardé avec étonnement et me l’a indiqué avec son bras. Et là, tout à coup, je l’ai vu ! Juste le haut du cône mais cela m’a suffit de me remplir de joie. Je l’ai longuement regardé et longtemps guetté lors de mes va-et-vient sur la plage avec le grand espoir qu’il va finir par se dévoiler un peu plus… Mes les nuages et le brouillard provoqué par la chaleur ne voulaient pas le « dévêtir ».

Entre les pays de Kai et de Suruga se dresse haut le sommet du Mont Fuji.
Les nuages au ciel s’attardent dans leur course.
Les oiseaux mêmes ne peuvent s’élever au-dessus.
Les feux qui brûlent, par ses neiges sont éteints et les neiges qui tombent, ses feux consument.
Je ne peux parler de lui.
Je ne peux lui donner un nom, à ce dieu mystérieux.
Extrait du Man’yōshū (recueil des dix mille feuilles), la plus ancienne (~760) anthologie de poésies japonaises

 


Dans ce ryokan le propriétaire fait de la musique, il joue de la guitare et chante dans son salon lors des moments de solitude. Il est fort sympathique et sa fille adorable. Elle parle parfaitement français. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a répondu parce qu’elle a toujours aimé Sophie Marceau ! Chacun sa raison pour apprendre une langue étrangère. Lors de mon départ elle a couru pour m’offrir un cadeau : une pochette pour mouchoirs fait de ses mains et un timbre avec Murashiki Shikibu, la première romancière universelle qui a écrit Le dit de Genji. Elle a consulté mon premier blog et appris que j’appréciais cette femme ! Son père, m’a offert un teeshirt de l’hôtel : un chat qui fait du surf sur la mer du Pacifique à Hayama Bech… lieu de prédilection des surfeurs. D’ailleurs, personne en bikini sur la plage ! Serait-il dû au risque de tsunami indiqué sur tous les poteaux éléctriques proche de la mer ? Sur chacun est indiqué la hauteur que la vague puisse atteindre. Sur un d’eux était indiqué 10m ! Sueurs froides assurées ! Difficile d’imaginer le mal alors que la mer est si belle et paisible.

Dernières photos à Hayama en attendant le bus.

Tandis que j’étais à Hayama, à Tokyo a eu lieu un grand tremblement de terre de magnitude 5,6. Cette année encore, j’ai échappé de justesse à une telle expérience.

Narita _ 16.09.2014

Dès que qu’on arrive à Narita, ville proche de l’aéroport, on sait que les vacances sont finis. J’ai quitté le Japon le 17.09 à 10h30 et comme à chaque fois, partir devient synonyme d’arrachement.

Mais, une fois arrivée chez moi, au fur et à mesure que les crises de mélancolies s’espacent, je me console en pensant à mes futures projets de voyages au Japon : Hokkaido, Kyushu et bien évidemment Tokyo !

Fêtes de Noël et Nouvel An

du 24 déc 2013 au 2 janvier 2014

Ce 3ème voyage au Japon a été exceptionnel car j’ai eu la chance de séjourner durant une semaine chez des amis. Cela m’a permis de partager pour la première fois le quotidien d’une famille japonaise. C’est chose rare au Japon et un signe important d’amitié. Ils m’ont accordé toute leur attention et laissé profiter de leur immensurable générosité. 

J’ai atterri avec une joie colossale le jour de mon anniversaire le 24 décembre 2013, à 9h45. J’allais rester chez mes amis pour la période des fêtes de Noël et de Nouvel An. Me sachant assoiffée et passionnée par leurs us et coutumes, ils me les ont fait vivre intensément autant sur le plan culinaire que religieux.

La veille, le 23 décembre, le Japon a fêté l’anniversaire de l’empereur actuel, Akihito tennô tanjôbi.

Noël n’est pas particulièrement fêté, par contre le Nouvel An est l’un des événements les plus importants de l’année. Seule période où tout le monde freine le travail pour les loisirs et qui permet à tous de se réunir en famille.
De son côté, l’Empereur salue, le jour de l’An, le ciel et la terre, les montagnes, la constellation de l’année et les quatre Dieux qui résident dans les quatre directions.

 Le 31 décembre, mes amis m’ont fat découvrir les plats préparés spécialement pour le Nouvel An, l’osechi ryôri, présentés dans des sublimes boîtes bento superposées. Chaque aliment, exprime par son nom, un souhait de bonne santé et de bonne fortune pour toute la famille. Ce qui m’a surpris, c’était la poudre d’or dont on saupoudre les aliments et qui ne serait pas nocive pour la santé ! Pour manger, on utilise des baguettes festives, les iwaibashi, dont les extrémités sont pointues. Le choix de la vaisselle porcelaine ou céramique de formes et couleurs variées, reflète la saison. Le tout forme une véritable oeuvre d’art !

Osechi ryôri
 
Après le repas, un peu avant minuit, tout le monde se rend dans les temples bouddhistes et les sanctuaires shintoïstes pour prier hatsumôde. On demande la bonne santé et la joie de vivre durant la nouvelle année. J’en ai fait l’expérience après 40 mn d’attente dans une ambiance festive. L’un après l’autre on montait dans la tour où se trouvait l’énorme cloche. Pour prier, il faut jeter une pièce dans la boîte en bois spécifique, sonner 1 fois la cloche, incliner la tête 2 fois en guise de remerciement, taper 2 fois dans le mains et incliner la tête une dernière fois. Le son de celle-ci a retenti toute la nuit. A l’entendre sans relâche, elle a fini par m’envoûter.

Du tintement de la cloche
les ondes se confondent
avec la nuit sans fin
 
Shiki

Fraîcheur de l’air…
tintement de la cloche
qui de la cloche se détache 
Buson

Le 1er janvier, jour du ganjitsu (nouvel an), on a servi au petit déjeuner une soupe spéciale nommée o zôni qui contenait des légumes, des mochis (pâte de riz) et des scampis. Mais avant cela, nous avons trinqué avec du saké (du vin de riz) à la poudre d’or et avec le o toso, un saké macéré aux clous de girofles et mandarines. Les deux se boivent que le 1er jour de l’an et ils sont censés nous protéger des maladies tout au long de l’année. 
Au matin du 1er janvier, les Japonais envoient des cartes de voeux à leurs proches, dont des collègues de travail. La particularité de ces cartes, c’est que chacune porte un numéro, valable pour une grande loterie nationale de nouvel an. Je suppose que celui qui a bu plus de saké à la poudre d’or le matin même, a plus de chance de gagner ! 
Les décorations du Nouvel An sont spécifiques et souhaitent la bienvenue aux dieux au début de l’année. Il s’agit du kadomatsu (déposé de part et d’autre de la porte d’entrée), du shimekazari (déposé aux abords de l’entrée de la maison) et du kagamimochi (placé dans l’alcôve du salon, dans la cuisine ou ailleurs). Ce dernier est retiré le 10 janvier, lors de la fête dénommée kagamibiraki, pour être partagé et mangé dans une soupe traditionnelle de haricots rouge azuki.
Kagamimochi

Une autre fête importante en janvier, a lieu le 2ème lundi, seijin no hi le jour des nouveaux adultes, célébré que par ceux qui auront 20 ans dans l’année à venir. Cette fête invite à prendre ses responsabilités en tant qu’adulte.

Miyoshi – Nagoya

Miyoshi est une petite ville située dans la préfecture d’Aichi. Elle a comme centre d’intérêt deux temples dont Miyoshi-hachimansya (shinto) vêtu de blanc, que j’ai affectionné particulièrement.

Miyoshi-hachimansya(shinto)
Miyoshi-inarikaku(shinto)

Puis, un lac et une forêt qui vante la présence de plusieurs espèces d’oiseaux.

de quel arbre en fleur
je ne sais 
quel parfum
Bashô
le rossignol
dans le bosquet de jeunes bambous
chante son vieil âge
Bashô

Les maisons sont très coquettes avec leurs jardins ou pots de fleurs et d’arbustes ! La nature est omniprésente même dans les détails les plus infimes.


A Miyoshi, on trouve par contre tout ce qu’il faut pour régaler les papilles : un Izakaya et un restaurant à Teriyaki où je peux me vanter d’avoir dîné à côté d’un chef yakuza et son chauffeur-garde de corps sans avoir des sueurs froides. (Pour cela, j’ai pensé au côté heroï-comique des yakuzas dans les films de Kitano.)

Le grand avantage de cette bourgade est de se trouver à 40 mn en bus et métro de Nagoya, qui est la quatrième ville du Japon. 

Nagoya est à la fois le royaume de l’empire Toyota, une ville administrative et un grand centre universitaire. Les rues étant comblées d’une belle jeunesse, elles dégagent une constante énergie. Son architecture contemporaine ne m’a pas laissée indifférente. En dehors des immeubles réputés, j’ai remarqué quelques merveilles : des petites maisons individuelles ultramodernes.


A voir ? A l’arrêt de métro de la gare de Nagoya, Lucent Tower et Spiral Towers. A l’arrêt de métro Sakae, l’incontournable Oasis 21. Sur son toit, il y a un plan d’eau autour duquel on peut se promener. 
Couloirs souterrains menant à Lucent Tower
Spirale tower
Oasis 21
Tour radio et TV
Puis, à l’arrêt de métro Osu Kannon, vous trouverez le temple bouddhiste du même nom appartenant à la secte Shingon. Il abrite une grande collection de livres parmi lesquels se trouve la plus ancienne copie manuscrite du célèbre Kojiki qui décrit l’ancienne histoire mythologique du Japon. Il est situé dans un quartier plein de charme. J’y ai déniché même des cafés branchés… dont la particularité est de ne pas commercialiser les boissons du pays. Bières et thés japonais introuvables ! A retenir, une brocante a lieu tous les mois. On y trouve des trésors ! J’ai eu la chance d’y faire un tour le 28 décembre et d’acheter quelques merveilleuses antiquités : poteries, éventails…
Brocante Osu Kannon

La neige a commencé à tomber, alors avec mon amie, nous nous sommes réfugiées dans un restaurant où pour nous réchauffer nous avons commandé une soupe de la région nommée Kishime

J’ai refusé de visiter le château de Nagoya, une des principales attractions touristiques, du fait qu’il a été reconstruit en béton armé en 1959. Certes, à l’identique et sur le site d’origine où le grand shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) construisit le premier au XVII ème siècle. Toute la ville, dont le château, a subi la destruction massive durant la seconde guerre mondiale.

Je me suis aventurée jusqu’au port. Je m’imaginais un port titanesque, surchargé de bateaux, bruyant, monstrueux, angoissant… A la place, j’ai trouvé un lieu paisible où même les chats du quartier viennent se prélasser au soleil. Et ils vous snobent en plus, les fripouilles  ! 

Neko, le chat rossard


Komaki – Tajimi – Magome – Tsumago – Inuyama

Après Miyoshi, j’ai été hébergée chez les parents de mon amie à Komaki, préfecture de Gifu, qui m’a permis de visiter le temple Kokeizan Eihoji à Tajimi, puis les villages Magome et Tsumago.

le jardin en hiver
la lune telle un fil 
et quelques bruissements d’insectes
Bashô
 
Vue du salon sur le jardin – maison de Komaki

 

Chambre à tatamis dans la maison de Komaki

 

L’autel des ancêtres à Komaki

La maison de Miyoshi est contemporaine tout en restant de type japonais avec ses teintes blanches et beiges, sol en bois, portes coulissantes, grande terrasse à l’étage et son petit jardin au rez-de-chaussée. Sans oublier sa salle de bain à la japonaise avec douche et grande baignoire ultra-moderne  qui chauffe automatiquement l’eau de bain à 43°C et qui s’autonnetoie une fois vidée, son lave-linge dont le temps de lavage et la quantité d’eau utilisée dépend de la quantité de vêtements introduits (étonnant, lavage possible uniquement à l’eau froide !)

Celle de Komaki par contre, garde encore plus un côté traditionnel car les sols sont couverts de tatamis, les chambres n’ont pas de meubles, uniquement de « murs-armoires » fermés par des portes coulissantes, dans le salon : un canapé et une kotatsu (table basse, équipée de chauffage électrique placé en-dessous et recouverte d’une couette pour se réchauffer les jambes). Une baignoire profonde et courte où on s’accroupit, l’eau arrivant jusqu’au cou.

Dans les deux, j’ai dormi sur des futons. La nuit on arrête de chauffer les maisons. Celles-ci étant mal isolées au Japon, le chauffage central quasi-inexistants et le chauffage électrique trop cher, la nuit le froid pénètre tout. Néanmoins, le tapis de la chambre, le futon et la couverture sont électriques et à température réglable.

 

un dîner famille à Komaki sur la kotatsu
J’ai visité beaucoup de temples lors de mes voyages au Japon mais Kokeizan Eihoji, est un de ceux qui m’ont le plus marquée. Edifié en 1313, il appartient encore à Nanzen-ji, une branche du bouddhisme zen Rinzai et il se compte ce jour parmi les Trésors Nationaux. 
En descendant la montagne à travers une forêt de bambous et autres spécimens, 

 

la bise d’hiver
se réfugie dans les bambous
et se calme
Bashô
on tombe presque à genoux devant cette merveille qui nous paraît irréelle. On rentre brutalement dans une estampe et on se laisse capturer avec le désir de ne plus devoir ressortir. Dommage que les photos n’arrivent pas reproduire les émotions ressenties dans ce paysage de rêve. Des moines vivent sur place. Comment ne pas les jalouser ?!
 
La cuisine des moines
tombe 
en reversant son eau
une fleur de camélia
Bashô
Logements des moines
 
Le père de mon amie m’avait offert un Daruma, une figurine en bois modelée d’après Bodhidharma. Cela m’a obligé de faire un voeu et peindre un oeil en noir. Une fois le voeu réalisé, on peint le deuxième oeil et on écrit dessus la façon dont le vœu a été réalisé. Une manière d’apporter une réflexion sur la façon d’accomplir ce qui est désiré ! Si le voeu ne se réalise pas, on le renvoie au temple pour le brûler avant la fin de l’année. Le rituel de destruction indique aux kami que « l’on n’a pas renoncé à son souhait mais que l’on cherchera d’autres moyens pour qu’il se réalise. » J’aurais dû le laisser au temple car « prétentieuse » j’ai fait deux voeux au lieu d’un, à moins que je puisse éventuellement lui rajouter un 3ème oeil… au milieu du front !
 
 

Tsumago et Magome, deux villages situées dans la vallée de Kiso et datant de l’époque Edo  (ancienne Tokyo), sont les plus préservés du Japon. Ils se situent sur l’ancienne route Nakasendo, composés de 69 stations qui reliait la capitale Edo à Kyoto. Le sankin-kotai, système de résidence alternative exigeait que chaque daimyo envoie sa famille en représentation et partageait son temps entre le han et sa présence à Edo six mois par an. L’énorme dépense générée par le sankin-kotai permettait au pouvoir central des nobles de renforcer les alliances et au shogun de s’assurer de la loyauté des provinces, dont chaque famille pouvait devenir un otage.

Aujourd’hui, l’activité de ses villages est restée la même : artisanat, auberges et salons de thé. Les maisons sont étroites et profondes car à l’époque Edo, les impôts sur les maisons étaient calculés sur la longueur de la façade. Les forêts de cyprès de la vallée de Kiso servaient à la construction de châteaux, temples et sanctuaires. De ce fait, il était interdit aux habitants d’abattre le moindre arbre. Celui qui ne désobéissait à cette loi, était condamné à mort !

cimes des nuages
les voiles blanches au sud
formant un cortège
Issa
alentour
dans tout ce que le regard croise
fraîcheur !
Bashô
A Tsumago, j’ai visité une auberge secondaire de cette station étape, Waki-honjin Okuya transformée en musée. Celle-ci était reliée à une auberge principale honni. Les honni accueillaient uniquement les envoyés officiels du gouvernement. La particularité de cette auberge-ci est l’honneur qu’elle a eu d’héberger à l’époque l’empereur Meiji et la la princesse Kazunomiya qui étaient de passage.

 

« … de ma chambre à l’entrée du passage couvert, je regarde le jardin, à l’heure où, dans le brouillard léger du petit matin, la rosée tarde à s’égoutter,.. » 
extrait du Journal de Murasaki-shikibu
 
Bruit des branches
qui sous la neige craquent
la nuit s’épaissit
Buson
 

La neige tombée à Tsumago et Magome car situées en altitude, elle nous a empêché d’arriver à temps à Inuyama pour visiter un des plus vieux château de Japon, classé Trésor National. Il fut bâti en 1537 par l’oncle d’Ode Nobunaga (le premier unificateur du Japon). Il trône majestueusement sur une butte d’où on peut admirer la rivière Kiso, le mont Ena et la plaine de Nobi. J’ai dû me contenter d’une photo prise de nuit sans lune, sur la route de retour à Komaki.
Château d’Inuyama
« La nuit est profonde encore, la lune disparaît dans les nuages et les ténèbres se répandent sous les arbres,… »  extrait du Journal de Murasaki-shikibu
Château d’Inuyama
les nuages de temps à autre
accordent une pause 
à ceux qui contemplent la lune
Bashô

Autres vues, avant la tombée de la nuit, sur les sentiers de la colline qui mènent au château.

Vue sur la ville Inuyama

Moments gourmands inoubliables !
Un restaurant à Magome où j’ai mangé des soba froides au sarrasins pour la 1ère fois. 
http://www.magomekan.co.jp/taste/26.html
J’y ai découvert les hana-mame, des gigantesques haricots rouges rares, au goût sucré d’azukis (voir photos sur le site : http://www.mori-farm.com/1ingen.htm)
 
Restaurant à Magome
A Komaki, j’ai goûté la spécialité de la région, hitsumabushi, de l’anguille grillée sur des braises, dans un restaurant typique japonais très chaleureux, tout en bois.
http://honmaru.tamuro-gr.com/index.php?FrontPage
Saveur exquise ! La chair tendre du poisson grillé fondait dans la bouche. Autre découverte, le poivre japonais sanshyo, goût unique… dont j’en ai un peu abusé !
Hitsumabushi
 

Osaka

du 2 au 3 janvier 2014

Après avoir quitté mes amis, je suis allée à Osaka puis à Kyoto pour la 2ème fois depuis 2012. 
Par la fenêtre du shinkansen, j’ai photographié des paysages couverts de neige. 

désolation hivernale
dans le monde d’une seule couleur
la rumeur du vent
Bashô
toi tu fais le feu
moi je vais chercher une chose sublime
une grosse boule de neige
Bashô
L’hiver est venu ; il a dénudé la montagne ; les feuilles des arbres tombent en pluie ; seul demeuré vert, le pin triste sur les cimes.

Osaka est la 3ème ville du Japon, après Tokyo et Yokohama, une ville de commerçants grâce à son immense port. Dès le 16ème siècle elle s’est imposée comme le principal centre d’échanges du Japon. D’ailleurs, à Osaka on ne se salue pas avec Konnichiwa mais Mokari makka, littéralement : faites-vous de l’argent ? 

Osaka est reconnue pour sa production de riz, ses industries électriques et automobiles. Mais aussi pour ses robots humanoïdes inventés par l’illustre professeur Hiroshi Ishiguro.

A peine arrivée, je suis montée dans la fameuse tour Umeda Sky Building construite en 1993 par l’architecte Hara Hiroshi. Il a réunis deux tours de verre à 150 m par un jardin flottant. De là, j’ai pu me rendre compte du gigantisme d’Osaka, sans oublier qu’elle comporte une ville souterraine toute aussi importante. 


Un nombre incroyable de ponts traversent la rivière Yodogawa qui forment des nombreuses îles avec ses ramifications.

Umeda Sky Building vu de ma fenêtre d’hôtel
Un parc au pied du building


Je n’osais pas imaginer Tokyo ! Je me sentais minuscule et insignifiante. Une fois redescendue sur terre, je me suis sentie oppressée par une foule dense malgré qu’elle aie été disciplinée. C’est une ville impressionnante, écrasante, épuisante et bruyante car pleine de vie. Elle aime la bonne chair et les sorties, elle ne dort jamais !

Osaka, la nuit, s’habille de lumières. Une musique vous berce avec des sons électroniques « inter-galactiques ». La nuit, l’ambiance zen règne dans ce quartier proche de la gare.

Les habitants d’Osaka ont le tempérament méditerranéen et leur dialecte osaka-ben est plein de verve. J’ai pu le constater surtout dans le quartier Dotonbori qui comporte une rivière du même nom et une grande concentration de restaurants où l’on sert ses spécialités comme crabes, poissons globes, tempura, nabe (fondu), kushi-age (brochettes grillées), robotoyaki (barbecue). Osaka serait la ville de l’innovation culinaire.
 

Dontonbori
Drôle de vélo !
Un sapin

Kyoto

du 3 au 6 janvier 2014


même à Kyoto
je me languis de Kyoyo
quand j’entends le couco
u 

Bashô


Si heureuse de quitter Osaka pour la douce Kyoto, mon havre de paix où je rêve de vivre. J’ai appris cette fois-ci qu’elle est jumelée avec Florence, une autre capitale de l’art que j’affectionne. Tandis que Florence sculpte le marbre, Kyoto « sculpte » les jardins !

Toujours aussi resplendissante avec ses montagnes boisées qui l’entourent, sa « rivière aux canards » Kamo, ses jardins secs ou végétales, ses temples, ses objets d’art omniprésents… D’ailleurs ses derniers prennent comme sujet les saisons, les oiseaux, les arbres, les feuilles, les fleurs, les sentiers dans la mousse, les vagues, la brume, … Bref, la nature dans toute sa splendeur mais rarement l’homme.

« Il y a sur notre planète certains lieux choisis par le ciel pour qu’au long des siècles y coulent les sources de la beauté, de l’art, de l’esprit. La magie et la géomancie assuraient cela, il y a très longtemps, au Japon et ailleurs. Kyoto fait partie de ces lieux. » 

extrait d’Aventure Japon de Robert Guillain

Je suis retournée à l’hôtel Palace Side situé en face du Palais Impérial. J’ai été surprise que l’on se soit rappelé de moi après 2 ans d’absence ! 
http://www.palacesidehotel.co.jp/english/fr-top-en.html

La chambre n’étant pas prête, j’ai fait des courses et j’ai pique-niqué sur un banc au soleil dans le parc
Kyoto Gyoen qui entoure le Palais Impérial. J’ai été envahie par la sérénité rien qu’à la vue de la luxuriante végétation : arbres, camélias en fleurs,… J’ai été surprise de voir si tôt fleuri un jeune et frêle cerisier. 

les voyageurs auront
encore froid au nez
boutons de cerisiers
 
Buson
quand le jardin
fut balayé de frais
tombèrent des fleurs de camélia
 

Yaha

 

au pied du pin
teinte violet pâle
des pensées en fleur
s

Shiki
collée sur un champignon
une feuille
d’on ne sait quel arbre

 Bashô
 Pour connaître le moindre recoin de ce parc de plusieurs hectares, il me faudra revenir une troisième fois. Cette année il m’a dévoilé un minuscule temple bouddhiste plein de charme au bord d’un infime étang.
étincellent
les jeunes feuilles, les feuilles vertes
dans la lumière du soleil
 
Bashô

 

Puis, un autre temple plus loin…
« Kyoto est la ville où le présent et le passé se confondent. » 
Aventure Japon par Robert Guillain 
Lors de ce 2ème séjour à Kyoto, pour seulement 3 jours, je n’ai pas enchaîné les sites à visiter. J’ai préféré flâner dans les quartiers et vivre la vie de tous les jours. Kyoto est riches en secrets impénétrables mais aussi en merveilles apparentes. L’après-midi, j’ai exploré le secteur proche carrefour rue Kawaramachi/Sanjo. Un quartier attrayant traversé par un petit canal.  J’ai continué par une balade enchanteresse au long de la rivière Kamo.

 

Un héron insouciant
Une maison de ville idéale
Le soir, je m’étais empressée de retrouver le quartier de Gion et dîner dans l’Izakaya Kisui que j’aie eu la chance de découvrir au printemps 2012 et passer 2 soirées inoubliables. Il est tenu par Setchan et Risa san, deux filles adorables et pleines d’énergie positive. J’ai été accueillie comme si je n’étais jamais partie ! Chose exceptionnelle, à peine rentrée Risa m’a appelé par mon prénom ! Quelle mémoire ! Cela m’a profondément touchée.

 

Après le dîner, j’ai fait une promenade nocturne dans quelques unes de ses ruelles, toutes éclairées aux lampions, dont Ponto-chô et la célèbre Miyagawa-chô où l’on peut admirer, entre autres et seulement de l’extérieur, les typiques salons de thé pour geishas (geikos à Kyoto). 

« …les geishas, femmes cultivées, musiciennes et danseuses, fleurissaient les soirées d’un sommet de féminité. Il fallait de nombreuses qualités pour exercer ce métier et certains dames le pratiquaient jusqu’à un âge avancé. L’art de la répartie, de la parure, la grâce du geste, l’intuition de la mélodie se moquent des rides. » extrait du livre « Kyoto, avant-goût » d’Eve Calingaert, édition Tandem.

 

Le lendemain matin, pris le bus pour le Mont Takao, impatiente de visiter le temple Kozan-ji qui a été érigé par le moine Myoe (1173-1232) dans une forêt dense de cèdres droits et majestueux. Elle abrite la plus vieille plantation du thé du Japon.

Maisons perchées sur la montagne dans des paysages mystérieux et singuliers, voici quelques « bribes » de la traversée du village jusqu’au site du temple.

L’entrée sur le site du temple Kozan-ji.

 

Dans un meuble sont exposés « les rouleaux des animaux et humains se divertissant » Choju Jim-butsu Giga attribués à l’artiste moine Toba Sôjo (1053-1140). Une oeuvre satirique classée trésor national. Ce moine est le précurseur du manga !

 

 « Sous les ronciers bas, la blette joue de la flûte, le singe danse sans grâce, le criquet bas la mesure. Le doux son du grillon qui joue du tambour et de la cymbales. » Go-Shirakawa

 

La place idéale pour méditer
Tokonoma

Dans la forêt profonde et infinie, la lumière et la végétation séculaire rendaient l’ambiance étrange. J’ai fini par croire aux kamis (esprits semi-divins présents dans toutes les formes et forces de la nature). Je sentais leur présence, comme s’ils épiaient le moindre de mes pas. Bienheureuse et.. confiante, je leur faisais du charme en gardant mon sourire aux lèvres !

Après les quelques heures de marche, retour en bus à Kyoto direction marché Nishiki, pour le plaisir des yeux et le bonheur des papilles. Lieu idéal pour découvrir la culture gastronomie de Kyoto. J’ai fait plein d’énergie !

 

Une anecdote !
Je garderai en mémoire comme incident, une vendeuse du grand magasin Daimaru qui a refusé de me vendre la dernière boîte à bijoux. Pourquoi ? Parce qu’elle avait un défaut insignifiant : un minuscule point qu’elle a tenu me montrer à la loupe ! J’ai essayé de traiter même avec la directrice de rayon, mais impossible de les convaincre de me la vendre, ni en japonais ni en anglais ni en pleurnichant ! D’après leurs règles, aucun produit « endommagé » ne doit sortir du magasin, qu’il soit soldé ou pas !
Aussi, Je n’oublierai jamais les rayons épiceries du rez-de-chaussée du magasin ! Que des exclamations : Sugoi ! Mot que les Japonais emploie pour dire que c’est magnifique.

Moments gourmands ineffaçables !
Le plus vieux salon à thé de Kyoto, Ippodo. On y trouve les meilleurs qualités de ce breuvage sacré.

Un restaurant où un ami venu de Tokyo m’a invitée : www.sakontaro.co.jp/ouka/
J’ai été charmée par ce lieu qui comporte des petites pièces privées à la japonaise, avec tatamis et table basse, pour ceux qui souhaitent avoir le calme ou l’intimité. La serveuse, en kimono, s’agenouille pour ouvrir les fusamas, portes coulissantes opaques. J’avais l’impression de me trouver dans une scène d’un film d’Ozu.

L’entrée du restaurant
Un des 7 plats

Puis, un autre restaurant kaiseki hautement gastronomiques proche de l’hôtel. EN, situé en retrait sur Karasuma oike au n° 589. Il est discret et petit (que 6 places), tenu par le grand chef Suzuki san. Tout a été d’un raffinement extrême : l’intérieur et ses meubles, la vaisselle artisanale de Kyoto… Ici,  on vous présente un plateau avec des sublimes coupelles de saké et on vous invite à choisir celle dans laquelle vous souhaitez être servi. Choix difficile à faire ! Le menu s’est composé de limaces, oeufs de poissons, diverses soupes dont la spécialité de Kyoto aux mochis, poissons, boeuf, riz,…Et comme dessert un kaki fourré aux azukis.

Le grand Chef, SUZUKI san

 

Coupelles pour saké
Quelques uns de mes 9 ou 13 plats :
Kaki fourré aux azukis

Insolite !
L’esthétique s’impose même aux plaques d’égouts ! Une plus originale que l’autre !

KANSAI

Dernière promenade nocturne à Kyoto, lundi 6 janvier.

Un soir de lune à Pontocho :
Sur les stores de bambous des fraîches
Vérandas
Les ombres accueillantes des lanternes
De papier.
extrait d’un kouta de Pontocho 
(petite chanson poétique chantée par des geishas)

 

Gare de Kyoto, train direction Kansai. Vol retour mardi 7 janvier, à midi.

Mon départ de Kyoto
Solitaire.
Cachant mes larmes,
A la fenêtre du train,
Oh, s’il vous plaît,
Qu’on m’apporte une tasse de thé.
kouta écrit par l’écrivain Izumi Kyoka

 
J’ai quitté le Japon avec le même désir d’y retourner, encore et encore, inlassablement, passionnément ! Avide de découvrir d’autres lieux et pénétrer le plus possible dans le Japon profond.

Je resterai éternellement attirée par ce peuple pour sa gaieté et son amabilité qui se traduit par gentillesse, politesse, complaisance, bienveillance, sympathie… puis, indéfiniment amoureuse de ses rivages et montagnes, de son patrimoine culinaire, de ses traditions esthétiques, spirituelles et folkloriques… en bref, de toute la culture japonaise qui atteint un esthétisme épicurien d’un extrême raffinement.

Avant le départ…

2ème voyage au Japon… du 29 avril au 12 mai 2013

En conclusion de mon blog, écrit suite à mon premier voyage au Japon en 2012, j’ai cité l’orientaliste italien Fosco Maraini :

« Le Japon a le pouvoir magique d’ensorceler pour toujours celui qui l’a aimée une fois. » 

Le deuxième voyage que j’ai effectué cette année 2013, du 29 avril au 12 mai, confirme ses paroles. Mon rêve est d’arriver à explorer tout le Japon sur une durée de 5 ans.

Ce printemps, j’ai commencé par Amanohashidate, un des trois joyaux réputés de l’archipel, qui depuis toujours a subjugué tant d’artistes.
Puis, j’ai fait le tour de la mer Intérieure de Seto, une manche d’eau coincée entre les trois grandes îles d’Honshu, de Kyushu et de Shikoku.

Hiroshige – Province de Tango – Amanohashidate
Sesshu – Vue d’Amanohashidate


Pour résumer mon circuit :
Amanohashidate – Kurashiki – Takamatsu – île de Naoshima – Kotohira – Matsuyama – Uchiko – Hiroshima – Miyajima – Onomichi/île de Mukaishima.

AMANOHASHIDATE

lundi 29 avril 2013 *** AMANOHASHIDATE

 
Amanohashidate est une petite ville tranquille de pêcheurs située sur la baie de Miyazu au Nord de la préfecture de Kyoto. Son nom signifie « passerelle céleste » ou « le pont du ciel » dû à un banc de sable qui relie les deux baies. Je tenais absolument à visiter ce lieu, considéré comme l’une des trois vues les plus fascinantes du Japon.

La dune (L  3,6 km, l 40 à 100 m) est couverte d’environ 7 000 « pins divins » qu’on peut traverser à pied.  Pour voir le « pont qui traverse le ciel », il faut monter en téléphérique sur la cime de la montagne, lui tourner le dos, se plier en avant et regarder entre les jambes. Vous aurez l’impression que le pont flotte. Pas une seule personne ne se détourne de cette coutume !


Au Japon, dans la religion shinto, la nature a une âme et les arbres sont habités par les kamis, esprits de la nature déifiés. Les Japonais respectent et craignent la nature. Ils portent entre autres un amour particulier aux arbres au point qu’avant d’en abattre, le bûcheron fait toujours une prière pour demander la permission de le faire et à la fois demander le pardon.  Pour comprendre leur intérêt et admiration pour la nature, prenons ici l’exemple du pin. Ils étudient tout ce que manifeste la simplicité et l’équilibre naturel du pin : ils admirent la manière dont une touffe d’aiguilles est fixée sur sur une branche, le rapport de cette branche aux proportions de l’arbre, la façon dont ses racines l’ancrent dans le sol… Ils portent un regard aiguisé et profond, et non pas superficiel.

Le pin vit mille an
Le petit liseron du matin une journée seulement
Mais tous deux jouent leur rôle

Poème zen anonyme

J’ai dormi dans le Ryokan Kawajiri, situé sur la baie opposée à la gare. On peut s’y rendre en bateau ou en bus. Il est mignon, bien calme et les propriétaires adorables. Par contre ici, on parle uniquement le japonais. J’ai été impatiente de retrouver le minimalisme et la douceur d’une chambre traditionnelle japonaise, ainsi que le bain japonais, ofuro. Celui-ci donnait sur un petit jardin intérieur. Une fois dans l’eau, une paix intérieure m’a subitement envahi.

L’écrivain Saul Bellow, la première fois qu’il a dormi dans un ryokan, le prestigieux Tawaraya à Kyoto, il a écrit dans le livre des hôtes : « Je trouvais ici ce que j’avais espéré du Japon : l’équilibre, la paix et l’harmonie de l’homme. »

A peine bagages déposés, je suis vite ressortie pour tout explorer. J’ai commencé par le  temple bouddhiste Chionji. 

Ma déception fut grande lorsque le temps d’arriver sur le haut de la montagne en téléphérique, le soleil a disparu. Mais ma désolation s’est vite dissipée car j’ai pu découvrir une lumière étonnante,  du jamais vu ailleurs :« laiteuse » (mi brumeuse, mi nuageuse). Effectivement, la vue sur la baie est impressionnante. 

Une fois redescendue j’ai fait des courses pour mon pique-nique en bord de mer où je suis restée jusqu’à la tombée de la nuit à contempler les paysages et les bateaux au loin. Moments de pur bonheur inoubliables.

 

La nuit, le sommeil a été léger à cause du décalage horaire (jisaboke). Vers 5h du matin, j’ai été réveillée par une tempête violente et le bruit moteur des bateaux de pêche.

Ma fenêtre avec vue sur la mer : lumière à 5h du matin
Ma fenêtre avec vue sur la mer : lumière à 8h du matin


Avant de quitter Amanohashidate, j’ai pris le ferry pour faire une ballade sur la dune. Une promenade plus qu’agréable sous les pins époustouflants de beauté. J’ai voulu tout capter avec mon appareil photo. J’ai pris beaucoup de clichés genre carte postale, tellement le paysage est parfait. Aussi, impossible d’oublier leur odeur entêtante qui me poursuit encore.

Sur la dune…